Horreur
Long métrage italien
Réalisé par Antonio Margheriti
Scénarisé par Antonio Margheriti et Tonino Valerii, d’après une histoire de Ernesto Gastaldi
Avec Barbara Steele, George Ardisson, Halina Zalewska, Umberto Raho…
Titre original : I lunghi capelli della morte
Année de production : 1965
Fin du XVème siècle. Une petite région d’Europe Centrale est rongée par la superstition et la peste noire. Soupçonnée d’être une sorcière, Adèle Karnstein est condamnée pour le meurtre du frère du comte Humboldt…qui a en réalité été perpétré par le neveu du mort, l’arrogant Kurt. Helen, l’une des filles d’Adèle, pénètre dans le château Humboldt pour tenter de plaider la cause de sa mère auprès du comte. Ce dernier promet de retarder l’exécution en échange des faveurs de la jeune femme…mais Kurt n’a pas l’intention d’attendre l’arrivée de son père pour allumer le bûcher…
Le montage alterné souligne encore plus la cruauté de la situation, entre l’impact visuel de la scène de la mort d’Adèle et le visage très expressif d’Hélène, campé par la troublante Barbara Steele (Le Masque du Démon), au regard hanté par l’horreur de ce qu’elle est en train de vivre. Avant d’être brûlée vive, Adèle lance une malédiction sur la famille Humboldt et les villageois. Et Helen est assassinée par le comte pour éviter qu’elle révèle ce qui s’est passé en cette terrible nuit…
Le comte décide de recueillir l’autre fille d’Adèle, la petite Elizabeth. Les années passent, un nouveau siècle approche…mais la peste est toujours là et le comte malade est persuadé de la véracité de la malédiction de la sorcière. Toujours manipulateur, Kurt, campé par George Ardisson (La Ruée des Vikings), harcèle Elizabeth, qu’il veut posséder à tout prix, et réussit à arranger un mariage forcé. Le scénario s’attarde dans un premier temps sur la figure dramatique d’Elizabeth (interprétée par Halina Zalewska, vue notamment dans Hercule, Samson et Ulysse) avant de basculer totalement dans le fantastique avec la résurrection d’Helen (l’un des plus beaux plans du film) par une nuit sombre et orageuse.
Antonio Margheriti (qui signait régulièrement ses longs métrages de son pseudo américanisé Anthony M. Dawson) avait déjà dirigé Barbara Steele l’année précédente dans le très bon Danse Macabre et il lui a offert ici un autre rôle taillé sur mesure, nouvelle exploration du thème de la dualité qui caractérise plusieurs autres protagonistes incarnées par celle qui fut, souvent contre son gré (elle n’appréciait pas tant que ça le genre et se trouvait cataloguée), l’une des grandes reines de l’horreur des années 60.
La deuxième moitié de La Sorcière Sanglante est une plongée progressive dans la folie à l’atmosphère minutieusement travaillée. La photographie en N&B est superbe, en faisant notamment ressortir les contrastes du décor, le château Humboldt pouvant se révéler aussi bien accueillant que menaçant. Et c’est surtout cette dernière impression qui ressort le plus au fur et à mesure que le piège se referme autour d’un Kurt prisonnier de sentiments contradictoires et de forces qui le dépassent.
Antonio Margheriti signait là une de ses plus belles mises en scène dans ce qui est pour moi l’une des réussites de l’horreur gothique à l’italienne. La montée en puissance est maîtrisée et mène à un final dantesque, à l’ironie particulièrement cruelle, où la barrière entre les mondes des vivants et des morts vole en éclat.