REALISATEUR
Mel Welles
SCENARISTES
Edward Di Lorenzo et Dick Randall (avec des contributions non-créditées de Aureliano Luppi, Edigio Gerso et Umberto Borsato)
DISTRIBUTION
Joseph Cotten, Rosalba Neri, Paul Muller, Mickey Hargitay, Peter Whiteman…
INFOS
Long métrage italien
Genre : horreur
Titre original : La figlia di Frankenstein
Année de production : 1971
Tout d’abord, une petite précision : contrairement à ce que son très racoleur titre français laisse sous-entendre, Lady Frankenstein ne passe pas la majorité du film à organiser des orgies dans les nombreuses pièces du château familial, ni à s’envoyer en l’air avec les serviteurs bien membrés de son cher papounet. Bon, il faut quand même reconnaître qu’elle a des inclinaisons assez perverses et qu’elle n’a pas vraiment froid aux yeux, mais vu que la demoiselle est incarnée par la ravissante Rosalba Neri, je ne suis pas du genre à faire la fine bouche…
Après des années d’échecs, le Baron Frankenstein a enfin réussi à créer la vie. Mais il est alors assassiné par sa propre création. Tania, sa fille fraîchement diplômé, et le Dr Marshall, son assistant, décident de poursuivre ses travaux. Pendant ce temps, le monstre au cerveau de tueur, défiguré par un éclair, sème les cadavres derrière lui. Pour l’arrêter et réhabiliter le nom des Frankenstein, Tania décide de tenter une nouvelle expérience : transplanter le cerveau de Marshall dans le corps musclé du serviteur simple d’esprit Stephan…
À la réalisation de Lady Frankenstein, on retrouve un nom assez connu des amateurs de vieilles bisseries, le comédien américain Mel Welles, fréquent collaborateur de Roger Corman dans les années 50/60. Après être apparu dans L’Attaque des Crabes Géants, The Undead ou encore Rock all night, Welles a interprété ce qui restera certainement son rôle le plus célèbre, le fleuriste Gravis Mushnik dans La Petite Boutique des Horreurs. Selon la petite histoire, Mel Welles aurait filé un petit coup de main à Corman en tournant quelques scènes de cette production aux délais très serrés, ce qui lui aurait donné le virus de la mise en scène. Au milieu des sixties, le bonhomme quitte donc les Etats-Unis pour l’Europe et met en boîte quelques pelloches en Italie, en Allemagne et en Espagne, souvent sous un nom d’emprunt (Ernst Von Theumer pour Le Baron Vampire, Dieter Muller pour Les Mercenaires de la Violence…).
Lady Frankenstein sera pour lui l’occasion de faire en quelque sorte à nouveau équipe avec Roger Corman, puisque la nouvelle société de production et de distribution du père Roger, New World Pictures, a aidé à boucler le budget à la dernière minute.
T’as pas une gueule de porte-bonheur !
Qui dit série B italienne, dit souvent star hollywoodienne sur le retour. Ici, c’est Joseph Cotten qui s’y colle, loin, bien loin de Citizen Kane, La Spendeur des Amberson et Le Troisième Homme. Le vénérable comédien ne se ridiculise pourtant pas comme George Sanders a pu le faire chez Jess Franco (Sumuru, la cité des hommes) et impose une présence digne et intense à son Baron Frankenstein fatigué et vieillissant.
Comme souligné plus haut, la rôle de la fille de Frankenstein (une addition rare pour l’époque, les déclinaisons/trahisons de l’oeuvre de Mary Shelley ne sont, en grande partie, pas vraiment connus pour leurs héroïnes féminines fortes) a été confié à la superbe égérie du bis rital Rosalba Neri (Les Vierges de la Pleine Lune). Le sous-titre français plein de finesse ne rend pas vraiment justice à un personnage plus profond que cette étiquette ne le laisse paraître. Bien caractérisée, Tania Frankenstein dresse un constat lucide de la place de la femme dans la société de l’époque lorsqu’elle décrit ses années d’étude. Déterminée, elle ira jusqu’au bout de ses actions quand elle reprendra les travaux de son illustre père. Libérée et impitoyable, elle n’hésite pas à faire étalage de sa sexualité dès que cela peut servir ses intérêts.
Le trio vedette est complété par Paul Muller, un autre vieux routier du cinéma d’exploitation (Les amants d’outre-tombe, Vampire Lesbos…), en assistant du baron amoureux transi de la belle.
Saluuuuut, nounou !
Après un premier acte assez classique, qui renvoie autant aux classiques de la Universal (imagerie et dialogues à l’appui…les éclairs, le « It’s Alive »…) que ceux de la Hammer (la très belle touche gothique), l’histoire prend un tour un peu plus trash avec une créature balourde au maquillage dégoulinant et une galerie de personnages visqueux qu’on croirait directement sortis d’une bande dessinée Elvifrance. Dans la grande tradition de ces pages érotico-horrifiques, on trouve une autre référence au Frankenstein de James Whale, sauf qu’au lieu d’envoyer à la baille une gamine et de la noyer par la même occasion, la créature y balance ici…une fille à poil !
Ah, ces italiens…
Et plouf !!!
Malgré un côté un très décousu certainement accentué par quelques coupes sauvages (il faut dire aussi que le scénario de Edward Di Lorenzo, qui s’illustrera ensuite sur la série Cosmos 1999 a été en grande partie remanié) et un montage un poil saccadé, cette deuxième partie est menée sur un rythme maîtrisé, avec une tension qui monte crescendo. L’interprétation est savoureuse (Rosalba Neri est fascinante, Paul Muller est convaincant en amoureux manipulé, Mickey Hargitay en fait des tonnes en flic pugnace…par contre, on a droit à l’une des pires personnifications de la créature de Frankenstein, mais je lui reconnais un aspect Z croquignolet) et les péripéties ne manquent pas jusqu’à l’iconique final qui fait à nouveau appel aux ingrédients classiques du genre…
…saupoudrés bien entendu d’une pincée de sexe.