Horreur
Long métrage américain
Réalisé par Fraser C. Heston
Scénarisé par W.D. Richter, d’après le roman de Stephen King
Avec Ed Harris, Max Von Sydow, Bonnie Bedelia, J.T. Walsh, Amanda Plummer…
Titre original : Needful Things
Année de production : 1993
À sa sortie en 1991, le roman Bazaar de Stephen King a été présenté comme « la dernière histoire de Castle Rock », cette bourgade fictionnelle du Maine faisant partie des lieux les plus visités par les lecteurs de l’écrivain depuis Dead Zone. Mais ce n’était pas vraiment le cas car la ville a refait depuis quelques petites apparitions dans les histoires de King comme la novella Elevation et la trilogie Gwendy co-écrite avec Richard Chizmar. Castle Rock n’a toutefois plus la même importance qu’auparavant compte tenu de l’aspect destructeur des évènements de Bazaar (Needful Things en V.O.).
Ce très bon roman de presque 700 pages est basé sur un thème récurrent de l’oeuvre de Stephen King, la destruction d’une petite communauté. Il l’orchestre ici de façon insidieuse avec l’arrivée à Castle Rock de Leland Gaunt, un antiquaire qui ouvre un magasin étonnant appelé le Bazar des Rêves. Les clients y trouvent à chaque fois l’objet qu’ils désirent profondément et en guise de paiement, Leland Gaunt leur demande juste un service, un petit tour à jouer à un habitant. Des « farces » qui vont attiser les rancoeurs et faire de Castle Rock un brasier qui ne demande qu’à exploser…
Ce qui est intéressant chez Gaunt, c’est son statut d’être maléfique qui ne se salit pas les mains. Il parle avec un ton posé, il est tout à fait charmant et il observe ensuite avec un sourire carnassier le résultat de ses manipulations. Il est le grand tentateur, impeccablement interprété par un Max Von Sydow qui avait combattu un autre genre de démon dans L’Exorciste. Gaunt aura face à lui le shérif Alan Pangborn, déjà vu sous les traits de Michael Rooker dans La Part des Ténèbres et qui est ici incarné par Ed Harris. La distribution reste l’un des points forts du Bazaar de l’Epouvante puisqu’on retrouve également Bonnie Bedelia (Mme John McClane), J.T. Walsh (excellent en conseiller municipal qui pète un cable) et Amanda Plummer dans le rôle du personnage le plus tragique du récit.
Là où l’adaptation a ses limites, c’est par sa durée…2h, c’est déjà pas mal mais ce n’était pas assez pour retranscrire la montée en puissance du bouquin. Le montage cinématographique a du faire des choix en se concentrant sur un nombre réduit de protagonistes, ce qui était somme toute assez logique mais en procédant ainsi, il manque des étapes, une progression dramatique pour bien insister sur la folie qui s’empare peu à peu de la ville et le chaos final arrive alors un peu comme un cheveu sur la soupe. Il existe une version plus longue de 3 heures diffusée sur une chaîne câblée américaine mais je ne l’ai jamais vue…
Le Bazaar de l’Epouvante aurait également pu être un peu plus mordant mais la réalisation de Fraser C. Heston est trop sage. Le film a failli être réalisé par Peter Yates (Bullitt) avant que ce dernier se retire suite aux fameuses « différences créatives » (en gardant une mention au générique en tant que producteur exécutif). Le fiston de Charlton Heston l’a remplacé au pied levé pour son premier travail pour le cinéma après trois téléfilms (tous avec son illustre père), une carrière qui n’a pas dépassé les années 90 à l’exception d’un documentaire.
Mais si le livre est plus dense et plus efficace, il y a tout de même de très bons moments dans ce Bazaar de l’Epouvante (l’affrontement sanglant entre Nettie et Wilma, les voisines ennemies, est l’un des plus marquants) emmené par une belle bande d’acteurs.