Horreur
Long métrage américain
Réalisé par Tobe Hooper
Scénarisé par Kim Henkel, Alvin L. Fast et Mardi Rustam
Avec Neville Brand, Mel Ferrer, Marilyn Burns, William Finley, Robert Englund, Stuart Whitman…
Titre original : Eaten Alive
Année de production : 1976
En 1974, Tobe Hooper a marqué à jamais l’histoire du cinéma avec son deuxième long métrage, le tétanisant Massacre à la tronçonneuse. S’il a signé une poignée de bons films par la suite (avant que sa carrière s’effondre complètement dans les années 90/2000), le regretté réalisateur texan n’a jamais retrouvé le niveau de son chef d’oeuvre et il a souvent connu des relations conflictuelles avec ses producteurs comme l’ont démontré les deux projets qui ont suivi Massacre à la tronçonneuse.
Tobe Hooper a en effet quitté le tournage de Eaten Alive (Le Crocodile de la Mort en V.F.) quelques jours avant le clap de fin, laissant le producteur et co-scénariste Mardi Rustam superviser les dernières scènes et le montage. Pour The Dark en 1979, cela a été plus rapide car il a été renvoyé au bout de quelques jours et remplacé par John Bud Cardos (L’Horrible Invasion). Hooper a ensuite eu un peu plus les coudées franches avec le téléfilm Les Vampires de Salem, adaptation du roman de Stephen King.
Si Le Crocodile de la Mort ne représente donc pas à 100% la vision originale de Tobe Hooper, le métrage porte indéniablement sa marque. Le tueur Ed Gein a servi d’influence pour son Leatherface…le cinglé du Crocodile de la Mort est quant à lui inspiré par une autre figure monstrueuse du folklore texan, Joe Ball, ancien soldat reconverti en patron d’auberge qui aurait tué une vingtaine de femmes avant de les donner à bouffer à ses alligators. Neville Brand (Stalag 17) joue Judd, le tenancier d’un hôtel miteux situé à côté d’un marais où évolue un gigantesque crocodile.
Loin du style employé dans Massacre à la tronçonneuse, Tobe Hooper fait du décor principal du film un endroit presque surréaliste, baigné de brumes ou encore éclairé de manière outrancière en privilégiant les couleurs primaires. L’hôtel poisseux peut alors être vu comme le prolongement du mental fracturé de son propriétaire, vétéran schizophrène s’inscrivant dans la lignée de ces monstres humains de l’horreur redneck. Retiré de tout, le lieu est presque hors du temps, une sorte de pièce de théâtre où se joue le destin de personnages déboussolés, une famille au bord de la crise de nerfs, un père recherchant sa fille disparue (qui se trouve être la toute première victime du tueur)…
Le Crocodile de la Mort ne manque pas de maladresses (qui peuvent être imputées à la production troublée…ce qui est de toute façon difficile à dire vu qu’on ne connaît pas précisément tous les détails) mais Tobe Hooper a su installer dès les premières minutes une ambiance terriblement malsaine (appuyée par une bande-son qui s’apparente plus à du bruitage) virant à l’hystérie dans le dernier acte. Contrairement à Massacre à la tronçonneuse, le réalisateur ne lésine pas ici sur le gore et les scènes-chocs sont très efficaces. Pour le fameux crocodile géant, Hooper a préféré le plus souvent jouer la carte de la suggestion tant les quelques plans furtifs sur la bête construite avec les moyens (pas énormes) du bord ne sont pas des plus convaincants…
La distribution est solide. Aux côtés de Neville Brand (effrayant en bouseux dégénéré), on retrouve notamment Mel Ferrer (le vétéran hollywoodien était dans la phase bisserie de sa filmographie), Stuart Whitman en shérif, le toujours étrange William Finley (Phantom of the Paradise) en père de famille complètement cinglé, Robert « Freddy Krueger » Englund en plouc inquiétant et Marilyn Burns qui démontrait une nouvelle fois ses capacités de scream queen deux ans après l’inoubliable Massacre à la tronçonneuse.