LE SEIGNEUR DU TEMPS - DOCTEUR WHO : LE FILM (Geoffrey Sax)

Aventures/science-fiction
Téléfilm américain/britannique
Réalisé par Geoffrey Sax
Scénarisé par Matthew Jacobs
Avec Paul McGann, Daphne Ashbrook, Eric Roberts, Yee Jee Tso, Sylvester McCoy…
Titre original : Dr Who
Année de production : 1996

Le milieu des années 80 fut assez compliqué pour Doctor Who, pilier du petit écran britannique diffusé sur la BBC depuis 1963. Colin Baker, le sixième Docteur, n’était pas le plus populaire des acteurs ayant incarné le personnage et Michael Grade, le nouveau responsable des programmes de la chaîne, avouait bien volontiers qu’il n’aimait pas la série. La diffusion de Dr Who a connu alors son plus long hiatus (dix-huit mois) entre les saisons 22 et 23 avant de faire son retour mais au bout de cette nouvelle fournée d’épisodes, Colin Baker a été viré avant de pouvoir compléter son contrat de trois ans. Son remplaçant Sylvester McCoy a même du porter une perruque pour filmer lui-même la scène de régénération. La chute des audiences a continué (le 7ème Docteur a souffert de la concurrence du soap Coronation Street de ITV) et les remplaçants de Michael Grade ont finalement décidé d’annuler Doctor Who en 1989, terminant un cycle impressionnant de 26 ans et presque 700 épisodes (dont 97 sont considérés comme perdus).

Malgré cette décision, la BBC n’a pas abandonné le personnage pour autant. Les aventures du 7ème Docteur ont continué sur différents supports, romans, bandes dessinées et pièces radiophoniques, et l’entreprise a cherché à s’associer avec une société de production indépendante pour relancer la série en partageant les coûts. Un accord a été passé avec Philip Segal, anglais expatrié aux Etats-Unis et fan du Docteur, en vue d’une co-production avec les U.S.A. Mais le développement a pris du temps, passant de la Columbia à un bref intérêt du Amblin de Steven Spielberg et c’est finalement la branche télévision de la Universal qui a emporté le morceau, avec une diffusion sur le FOX Network.

Pendant cette période, Segal et ses équipes ont travaillé sur différents formats, saison complète ou suite de téléfilms spéciaux, mais la chaîne a préféré se concentrer sur un pilote de 90 minutes pour tester le concept auprès du public américain. La productrice exécutive voulait que Tom Baker, le 4ème Docteur, incarne le précédent Docteur car ce dernier était le plus connu en Amérique mais Philip Segal voulait que son projet soit la suite directe de la série anglaise donc Sylvester McCoy a été rappelé pour reprendre brièvement le rôle dans les premières minutes du pilote. Ce prologue explique que le Maître, vieil ennemi du Docteur, a été jugé coupable de ses nombreux crimes et exécuté par les Daleks. Sa dernière volonté était que ses cendres soient ramenées sur Gallifrey par le Docteur. Pendant le voyage dans les couloirs du temps et de l’espace, une larve visqueuse sort du coffre contenant les restes du Maître et détraque le TARDIS. L’engin atterrit le 30 décembre 1999 dans une ruelle de Chinatown et lorsqu’il en sort, le Docteur est pris au milieu d’une fusillade entre gangsters…

Une fin bien violente (mais pas graphiquement) pour le 7ème Docteur et cela ne s’arrange pas quand des chirurgiens bien intentionnés tentent de le soigner, sans savoir que son système cardio-vasculaire n’a rien d’humain. Le Docteur meurt et alors que le docteur Grace Holloway se demande ce qui a pu se passer, le Maître trouve un nouveau corps en s’emparant de celui de l’infirmier Bruce. Judicieusement, les auteurs orchestrent en parallèle la régénération du Docteur et la renaissance du Maître dans une scène montée très efficacement, avec en fond des extraits du Frankenstein de James Whale passant à la télévision.

J’aime bien le 8ème Docteur joué par Paul McGann (vu notamment dans Empire du Soleil de Spielberg et la version Disney des Trois Mousquetaires). Les conditions de sa régénération font qu’il est d’abord déphasé, incapable de se souvenir de son identité (ce qui était déjà arrivé par le passé) mais son excentricité emporte rapidement l’adhésion. Il est passionné, charmant, avec un sourire communicatif et une nature romantique qui a fait de lui le premier Docteur à avoir embrassé sa partenaire féminine. Face à lui, la chaîne voulait un acteur connu pour camper le Maître et le choix s’est porté sur Eric Roberts (Runaway Train), qui cabotine avec entrain, surtout lorsqu’il porte dans le final un costume qui aurait bien plu à l’Empereur Ming.

Si le scénario ajoute quelques détails superflus (comme faire du Docteur un demi-humain…ce qui a été corrigé dans un comic-book), ce téléfilm est un sympathique divertissement, très explicatif dans un premier temps (tout en restant assez fluide) pour présenter le personnage à un nouveau public avant d’être mené sur un rythme soutenu dans sa deuxième moitié (dû au schéma de la course contre la montre car tout doit être résolu avant le passage à l’an 2000), en incorporant des éléments et des références à la longue histoire de la série et particulièrement à l’ère Tom Baker, comme la longue écharpe, les jellybeans et l’Oeil de l’Harmonie qui joue un rôle important dans le plan du Maître. Mais si les audiences anglaises furent bonnes, ce ne fut pas le cas des résultats aux States qui ne furent pas suffisants pour la commande d’une saison complète (chez nous, il a eu droit à une première diffusion en 1997 sur la 2). Le 8ème Docteur fut donc la seule incarnation du héros à vivre plus d’aventures sur papier et en audio dramas que sur le petit écran et Paul McGann a attendu 2013 pour l’incarner à nouveau en live dans le mini-épisode The Night of the Doctor.

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Et Withnail and I aux côtés d’un Richard E. Grant lui aussi passé par Doctor (Nu)Who ensuite.

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