Horreur/comédie
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Wes Craven
Avec Brandon Adams, Everett McGill, Wendy Robie, A.J. Langer, Ving Rhames…
Titre original : The People under the stairs
Année de production : 1991
Poindexter Williams, surnommé par sa soeur « Tout-fou », est un jeune garçon d’une dizaine d’années qui vit avec sa famille dans un immeuble en ruines d’un ghetto de Los Angeles. Les propriétaires comptent bien virer les derniers résidents pour tout raser et construire de nouveaux appartements à destination de catégories sociales plus aisées. « Tout-fou » accepte alors de participer au plan d’un ami de sa soeur afin de trouver de l’argent…un cambriolage qui vise justement la maison des proprios. Mais une fois à l’intérieur de la demeure, les choses dégénèrent rapidement…
Après Shocker, Le Sous-Sol de la Peur est le deuxième long métrage réalisé par Wes Craven pour la société de production Alive Films. L’idée lui est en partie venue d’un article lu dans les journaux à la fin des années 70. Appelés pour coincer deux cambrioleurs coincés dans une maison, les policiers y avaient découvert deux enfants séquestrés par leurs parents dans des chambres aux portes verrouillées. Le papa de Freddy Krueger a élaboré son intrigue à partir de ce fait-divers, ajoutant le thème des riches qui se nourrissent…littéralement…des pauvres déjà développé dans le genre horrifique…
Vu son sujet, Le Sous-Sol de la Peur aurait pu être traité sur un ton sérieux. Mais Wes Craven a choisi d’injecter une bonne dose d’humour (noir)…ce qui fonctionne et confère à l’ensemble son rythme et son efficacité. Cela passe notamment par la caractérisation du duo de méchants campés par Everett McGill et Wendy Robie, qui formaient déjà un couple dans la série télévisée Twin Peaks de David Lynch et Mark Frost. Sous une façade snob, les Robeson cachent leur monstruosité, qui s’exprime dès que la porte de leur maison se referme. Dans leur quête de « l’enfant parfait », ceux qui se surnomment « Maman » et « Papa » (et qui sont en fait frère et soeur) kidnappent des gosses depuis des années et quand ceux-ci ne leur conviennent plus ou n’obéissent plus à leurs règles, ils les enferment à la cave, les nourrissant de chair humaine…
Au fil des minutes, Le Sous-Sol de la Peur peut se voir comme une sorte de conte de fées dégénéré. « Papa » et « Maman » représentent les figures de l’ogre (un ogre sado-maso) et de la sorcière, dont ils prennent les caractéristiques physiques dans le dernier acte (et il y a même des passages presque obligés comme la « princesse » enfermée dans sa chambre ou l’or caché). L’interprétation de Everett McGill et Wendy Robie est savoureuse, les deux acteurs n’ayant jamais peur d’en faire des caisses dans l’expression de la folie et des aspects les plus sordides de leurs personnages.
Wes Craven maîtrise bien son mélange de genres. Le Sous-Sol de la Peur est une série B très divertissante, portée par l’énergie du petit Brandon Adams alias « Tout-fou » (vu ensuite dans Le Gang des Champions et Les Petits Champions). L’action ne manque pas de punch et tire joliment parti des nombreuses possibilités qu’offrent les moindres recoins du décor de la grande maison. Et si le spectacle est fun, la comédie ne diminue pas l’impact des quelques visuels gores.
Wes Craven a peu tourné dans la première moitié des années 90. Après Le Sous-Sol de la Peur, il a attendu trois ans pour réaliser le très bon Freddy sort de la nuit. Wes Craven a ensuite enchaîné avec le peu mémorable Un Vampire à New York avec Eddie Murphy avant de connaître l’un des plus grands succès de sa carrière avec la sortie de Scream en 1996.