REALISATEUR
Joe Johnston
SCENARISTES
Danny Bilson, Paul De Meo et William Dear, d’après la bande dessinée de Dave Stevens
DISTRIBUTION
Bill Campbell, Jennifer Connelly, Alan Arkin, Timothy Dalton, Paul Sorvino,
Terry O’Quinn, Ed Lauter…INFOS
Long métrage américain
Genre : aventures
Titre original : The Rocketeer
Année de production : 1991
Créé en 1982 par le regretté Dave Stevens, le comic-book The Rocketeer est la superbe déclaration d’amour de son auteur aux années 30, au Vieil Hollywood, aux séries B et aux pin-ups. L’apparence du héros, un pilote qui découvre un prototype de fusée dorsale, vient tout droit d’un serial (ces films à épisodes projetés en avant-programme jusque dans les années 50), King of the Rocketmen. Et sa petite amie est une référence directe à la Reine des Pin-up Bettie Page, qui est ensuite devenue une amie proche de Dave Stevens.
Dave Stevens a tout de suite cru au potentiel cinématographique de sa création puisqu’il vendit les droits dès 1983, alors qu’il n’avait publié que quelques pages. Le premier projet, qui était chapeauté par Steve Miner (Vendredi 13 Chapitre II & III), s’éloignait trop du concept original et ce n’est que lorsque Dave Stevens rencontra le duo Danny Bilson et Paul De Meo, grands lecteurs de comics, que le long métrage a progressivement pris la forme qu’on lui connaît. Mais la route fut encore longue…
Au milieu des années 80, les grands studios n’étaient, à quelques rares exceptions près, plus intéressés par les adaptations de comic-books (c’était l’époque où la Warner avait refilé Superman à la Cannon, pour le médiocre résultat que l’on sait). Alors, un film de super-héros d’époque était encore plus compliqué à financer. Danny Bilson et Paul De Meo voulaient conserver la période qui était indissociable de l’identité de la bande dessinée, alors que beaucoup des financiers approchés souhaitaient transposer les aventures du Rocketeer à l’époque moderne, ce qui les aurait privées de tout ce qui fait leur charme.
Après avoir envisagé un film indépendant en noir et blanc, pour insister sur l’hommage aux serials, les scénaristes, rejoints entre temps par William Dear (Bigfoot et les Henderson), ont finalement convaincu les studios Walt Disney de produire le film…mais là encore, ils eurent du mal à imposer leur vision (Disney voulait aussi dans un premier temps moderniser le personnage). Entre 1986 et 1989, Bilson et De Meo furent écartés du développement à trois reprises, avant d’être à chaque fois rappelés pour mettre un point final au scénario (et c’est pendant cette période que le duo travailla sur les séries B de Charles Band comme Future Cop, Zone Troopers et Arena). Et ce n’est que lorsque le réalisateur Joe Johnston, grand fan de la bande dessinée qui venait de connaître un énorme succès avec sa première réalisation (Chérie, j’ai rétréci les gosses), que The Rocketeer a pu enfin recevoir le feu vert, au début de l’année 1990.
Dans son premier acte, le scénario de The Rocketeer reste fidèle aux rebondissements de la bande dessinée…et les changements apportés par la suite s’intègrent très bien à l’esprit et au cadre du récit (Hollywood, Howard Hughes, le complot nazi…). Joe Johnston a soigné sa reconstitution dans les moindres détails, en capturant de façon très crédible l’esthétique des années 30 et en y ajoutant le dynamisme et l’innocence des serials. The Rocketeer est un film d’aventures familial qui se regarde avec le sourire aux lèvres, un divertissement bondissant porté par les très belles mélodies de James Horner et emmené par une excellente distribution.
Bill Campbell, acteur alors inconnu, ressemble à s’y méprendre à son modèle papier (il fut difficile de convaincre Disney de l’engager car le studio préférait Johnny Depp). Avec le studio Disney aux commandes, la pin-up Bettie est « passée à la trappe ». La petite amie de Cliff Secord est devenue Jenny Blake, une jeune actrice campée par la plus habillée, mais tout aussi sexy Jennifer Connelly (Il était une fois en Amérique). Le fidèle Peevy, génie de la mécanique, est campé par le toujours sympathique Alan Arkin. L’ex-007 Timothy Dalton est savoureux dans le rôle de Neville Sinclair, la suave star d’Hollywood au sombre secret (et dont le modèle est Errol Flynn). Et la distribution secondaire ne manque pas de solides comédiens, comme Paul Sorvino (Les Affranchis) en gangster « 100% américain », Ed Lauter en irréductible agent du F.B.I. et Terry O’Quinn (Lost) en Howard Hughes.
Malgré des relations conflictuelles avec les exécutifs de Disney, Dave Stevens, Danny Bilson et Paul De Meo espéraient poursuivre les aventures de Rocketeer. Il y a eu des discussions sur une possible trilogie et Bill Campbell était prêt à revêtir une nouvelle fois le costume du héros…mais les résultats décevants au box-office en ont décidé autrement.