LES DENTS DE LA MER 3 (Joe Alves)

REALISATEUR

Joe Alves

SCENARISTES

Richard Matheson et Carl Gottlieb

DISTRIBUTION

Dennis Quaid, Bess Armstrong, Louis Gossett Jr, Simon MacCorkindale…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : Jaws 3-D
Année de production : 1983

S’il a récolté moins d’argent que le chef d’oeuvre de Steven Spielberg, Les Dents de la Mer 2 du français Jeannot Szwarc a tout de même connu un joli succès financier à l’été 1978 avec plus de 200 millions de dollars de recettes pour une mise initiale de 30 millions. Suffisant pour que les exécutifs de la Universal donnent leur feu vert pour un troisième volet…encore fallait-il trouver le bon sujet. David Brown et Richard Zanuck, les producteurs des deux premiers volets, ont envisagé de faire de la deuxième suite une parodie, avec l’aide de Matty Simmons du National Lampoon, ce qui a été refusé par le studio, provoquant leur départ de la franchise.

Le projet a alors été confié à un autre producteur qui a voulu profiter du regain de popularité de la 3D au début des années 80 (même Jason Voorhees y a eu droit). Mais l’élaboration du scénario n’a pas été une mince affaire. Le romancier et scénariste Richard Matheson (L’Homme qui rétrécit, Duel, La Quatrième Dimension…) a écrit un traitement et un premier scénario qui ont, selon ses déclarations, été massacrés par les révisions de Carl Gottlieb (déjà au scénario de Jaws I & II) et par les script-doctors successifs. Et il n’a pas non plus mâché ses mots sur l’utilisation de la 3D.

Les personnages principaux des Dents de la Mer 3 sont les deux fils du chef Brody. Le studio tenait à cette connexion avec les longs métrages précédents, ce que Matheson trouvait stupide (et il n’a pas tellement tort tant ce lien se révèle en fin de compte assez artificiel), décision également prise car Roy Scheider ne voulait pas entendre parler de ce film (il n’avait accepté le 2 que pour des raisons contractuelles). Michael est maintenant ingénieur pour un parc aquatique dans lequel travaille également sa petite amie biologiste. Il est rejoint par son frère Sean (le benjamin des Brody a accepté de venir malgré sa peur de l’eau), qui tombe rapidement sous le charme d’une des employées (la jolie Lea Thompson dans son tout premier rôle au cinéma).

L’inauguration du Seaworld va bien entendu tourner à la catastrophe quand un grand requin blanc à la recherche de son petit s’invite et sème la panique. En soi, l’idée n’était pas si mauvaise et aurait pu donner un bon petit film catastrophe. Mais c’est le traitement qui est catastrophique. Chef décorateur expérimenté (notamment sur les deux premiers Jaws), Joe Alves a été bombardé réalisateur de ce qui est resté son seul passage derrière la caméra, ce qui se comprend tant sa mise en scène est impersonnelle et dénuée de tout sens du suspense.

Les Dents de la Mer 3 fait partie de ces longs métrages en 3D qui ne fonctionnent absolument pas lors d’un visionnage sans ce gadget qui n’apporte de toute façon rien à l’histoire. La photographie est hideuse et les effets réservés à la 3D beaucoup trop appuyés (le studio aurait demandé à ce qu’il y en ait le plus possible) et visibles, ce qui réduit l’efficacité qu’auraient pu avoir ces scènes. L’interprétation n’est pas non plus mémorable…et Dennis Quaid n’a pas manqué de révéler dans des interviews ultérieures qu’il a passé tout le tournage complètement shooté à la coke (encore plus que sur certains de ses autres films des années 80 en tout cas).

Un beau ratage donc, juste assez rentable pour retenter une dernière fois l’expérience quatre ans plus tard avec un Dents de la Mer 4 encore plus mauvais (car on peut toujours faire plus mauvais, d’autres franchises l’ont suffisamment prouvé) !

Je l’ai revu ce soir (enfin, ce matin). Je crois ne pas l’avoir revu depuis son passage à la télé française, avec les lunettes qui vont bien. J’en garde un souvenir catastrophé, et ce nouveau visionnage confirme ce que je gardais en mémoire. En gros, c’est nul.
En revanche, je ne me rappelais absolument pas du casting. Et quelque part, c’est un plaisir de revoir toutes ces têtes connues, enfin qui ne l’étaient pas autant à l’époque.
Pour le reste, c’est mal écrit, on évacue des personnages en cours de route (pourquoi tant travailler sur la fratrie dans la première partie du film pour ensuite évacuer le petit frère traumatisé dès que ça chauffe ?), les surgissements des requins sont en gros nazes, le petit discours sur la vie animale est en carton, la logique des péripéties est élastique, et les attaques sont même pas éprouvantes.

De mémoire, j’avais trouvé ça nul même en portant les lunettes idoines. Maintenant qu’ils ont retravaillé le film pour le présenter sans ça, on voit encore le truc, et ça donne une allure de téléfilm pourri pour chaîne câblée qui finit de rendre l’ensemble naze.
C’est délectable parce que mauvais, en fait.

Jim

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