LES MAÎTRES DE L'HORREUR : JENIFER (Dario Argento)

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REALISATEUR

Dario Argento

SCENARISTE

Steven Weber, d’après la bande dessinée de Bruce Jones et Bernie Wrightson

DISTRIBUTION

Steven Weber, Laurie Brunetti, Carrie Anne Fleming…

INFOS

Téléfilm américain
Genre : horreur
Durée : 58 mn
Année de production : 2005

Anthologie horrifique créée par Mick Garris, scénariste, réalisateur et producteur principalement connu pour ses nombreuses collaborations avec Stephen King pour le petit et le grand écran (La Nuit Déchirée, Le Fléau, Shining, Désolation, La Maison sur le Lac…), Les Maîtres de l’Horreur a été diffusé aux Etats-Unis entre 2005 et 2007 sur la chaîne payante Showtime. La série a duré 2 saisons (une troisième était prévue, mais suite à la décision de Showtime de ne pas continuer l’aventure, Mick Garris a du la retravailler pour qu’elle soit plus conforme à une diffusion sur un network comme NBC…comprenez moins de gore et de sexe…et lui donner un nouveau titre, Fear Itself), composée de 26 épisodes.

Comme le titre de l’anthologie l’indique, ces 26 téléfilms d’environ une heure chacun ont été réalisés par les plus grand noms du genre, qui ont pu trouver là un écrin qui n’était pas limité (enfin, à quelques exceptions près) par les restrictions habituelles du petit écran : John Carpenter, Don Coscarelli, Joe Dante, John Landis, Dario Argento, Tobe Hooper, Larry Cohen, John McNaughton ou encore Takashi Miike (qui a signé le seul segment qui n’a pas été diffusé à la télé à l’époque parce qu’il a été jugé trop « dérangeant »).

Je n’ai pas vu l’intégralité de la série, juste la saison 1 et trois ou quatre épisodes de la 2. Comme toutes les anthologies, l’ensemble est inégal, mais la première année comporte tout de même son lot de réussites, comme les histoires réalisées par John Carpenter, Joe Dante et Don Coscarelli. Et l’une de mes préférées reste celle que l’on doit au Dario Argento (Suspiria, Les Frissons de l’Angoisse…). C’est même pour moi ce que le maestro italien a fait de mieux dans les années 2000 sinistrées pour le cinéma de genre italien…

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Jenifer (S1 E04) est l’adaptation d’une excellente bande dessinée de 10 pages écrite par Bruce Jones et superbement dessinée par le regretté Bernie Wrightson parue à l’origine dans la revue Creepy dans les années 70 (pour la version française, on la trouve au sommaire de l’album Eerie et Creepy présentent Bernie Wrightson paru chez Délirium). L’acteur Steven Weber (le Jack Torrance de la mini-série Shining), qui joue le rôle principal, a lui-même signé le scénario de cette version télévisuelle assez fidèle au matériel de base (certaines cases sont même reproduites à l’identique).

Le changement le plus important concerne le malheureux protagoniste, devenu flic à l’écran. L’inspecteur Frank Spivey sauve une jeune femme des griffes d’un dément armé d’un hachoir. Avant de mourir, l’homme ne prononce qu’un seul mot…« Jenifer ». Frank découvre alors que la femme est dotée d’un corps aussi attirant que son visage est monstrueux. Touché par sa détresse, Frank l’amène chez lui, ce qui créé vite des problèmes au sein de son couple. Des problèmes qui ne feront que s’accentuer lorsque Jenifer déchaînera ses instincts monstrueux…

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Jenifer est un personnage ambivalent. Elle provoque d’emblée la répulsion, mais les hommes qui croisent son regard, ceux qu’elle choisit de séduire, sont tout de suite subjugués. On peut dire qu’il y a un côté succube (ou même sirène, selon certaines interprétations) en elle, même si les succubes présentent un aspect beaucoup plus séduisant.
La nature de Jenifer n’est au final pas expliquée, ce qui renforce son mystère. Elle peut passer d’un être en apparence vulnérable à un monstre assoiffé de sang en un clin d’oeil et l’actrice Carrie Fleming transmet très bien ces particularités, l’animalité de Jenifer, son pouvoir érotique, même sous son maquillage bien gratiné grâce à son troublant langage corporel. Face à elle, le policier campé par Steven Weber s’enfonce progressivement dans le cauchemar, prisonnier d’une passion qu’il ne comprend pas et dont il est devenu dépendant…

Le métrage monte bien en puissance, ponctué de scènes-chocs perturbantes et extrêmement gores. Si certaines pointes d’humour noir sont parfois un peu forcées, Dario Argento réussit l’équilibre entre l’érotisme et l’horreur perverse, l’étrangement séduisant et le grotesque pur. Bref, un petit film d’horreur très solide, accompagné par une belle bande originale que l’on doit à Claudio Simonetti, habituel collaborateur du réalisateur de Ténèbres

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Et pour ceux qui n’ont pas cet album, vous pouvez lire cette histoire courte en intégralité (et en V.O.) ici.

J’ai revu récemment les épisodes de John Carpenter et Don Coscarelli. Celui de Big John a moins bien résisté au passage du temps et s’est avéré moins efficace que dans mon souvenir. L’atmosphère reste bien travaillée et il n’est pas étonnant qu’il ait choisi ce sujet tant il se rapproche de L’Antre de la Folie, sauf qu’ici c’est un film maudit qui rend fou ceux qui le visionnent. Mais certaines scènes font tout de même un peu cheap et la grosse erreur est d’avoir montré des images de cette Fin Absolue du Monde, tant le résultat n’est pas à la hauteur de la réputation du long métrage. Il aurait mieux valu jouer un peu plus ici sur la suggestion…
Par contre, j’aime toujours le Don Coscarelli, La Survivante. Adaptation d’une nouvelle de Joe Lansdale, le scénario joue sur une situation classique, une femme attaquée en pleine campagne par un tueur sanguinaire, en dressant en parallèle le portrait de l’héroïne qui découvre au fur et à mesure la véritable personnalité de son mari survivaliste. Les deux intrigues sont bien menées, l’ensemble est tendu et monte bien en puissance jusqu’au final. Un Masters of Horror très solide…