REALISATEUR
Steve Barron
SCENARISTES
Todd W. Langen et Bobby Herbeck, d’après le comic-book de Kevin Eastman et Peter Laird
DISTRIBUTION
Judith Hoag, Elias Koteas, Josh Pais, Brian Tochi, Leif Tilden, Michelan Sisti…
INFOS
Long métrage américain/hong-kongais
Genre : action/fantastique
Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles
Année de production : 1990
Ils sont quatre. Ils ne se nourrissent que de pizzas. Ils vivent dans les égouts de la ville de New-York. Et je ne parle pas de survivalistes en plein confinement…
Il y a trente ans sortait le premier Teenage Mutant Ninja Turtles, l’adaptation du comic-book de Kevin Eastman et Peter Laird. La bande dessinée underground et violente créée en 1984 est devenue trois ans plus tard un dessin animé à succès pour la jeunesse (quatre tortues d’enfer dans la ville, chevaliers d’écailles et de vinyle…). L’étape suivante passait par la case cinéma, mais monter le projet ne fut pas une mince affaire pour ses producteurs. L’idée fut rejetée par quasiment tous les gros studios (la FOX fut un temps attachée avant de laisser tomber) qui n’y croyaient pas du tout, ne voulant pas avoir sur les bras un potentiel Les Maîtres de L’Univers ou pire…un Howard the Duck.
On était juste avant le Batman de Tim Burton et les « comic book movies » n’avaient pas encore la cote. Les Tortues Ninja est donc devenu une production au budget modeste, environ 13 millions de dollars, une collaboration entre une société indépendante et les hong-kongais de Golden Harvest et distribuée par New Line Cinema, la maison de Freddy Krueger. Tourné en 1989 (en pleine Batmania) et sorti en 1990, Les Tortues Ninja est devenu alors le film indépendant le plus rentable avec plus de 200 millions de dollars de recettes au box-office mondial.
Je l’avoue, je ne suis pas un grand connaisseur des comics des Tortues, je n’en ai pas lu beaucoup mais après avoir lu un article sur le film il y a quelques années, j’ai été étonné de voir qu’il peut se montrer fidèle sur certains points aux premières histoires de Eastman & Laird. Les scénaristes Todd W. Langen et Bobby Herbeck ont intégré de nombreux passages à leur récit, selon la volonté du réalisateur Steve Barron (un clippeur prolifique…on lui doit notamment des vidéos pour Michael Jackson, David Bowie, Madonna, Dire Straits ou encore Supertramp…qui dirigeait là son second long métrage après Electric Dreams) qui voulait que le résultat soit une sorte d’« hybride » entre la noirceur du comics et la légèreté du dessin animé (un équilibre difficile à trouver, ce qui a valu à Barron d’être écarté d’une partie de la post-production).
Les visuels ne sont pas lumineux et la photographie n’est pas particulièrement belle, ce qui éloigne cette version ciné de l’esthétique du dessin animé. Les protagonistes évoluent dans un New-York livré à un gang asiatique qui recrute parmi la jeunesse désenchantée de la ville (et on retrouve parmi ces ados rebelles un jeune Sam Rockwell dans un de ses premiers rôles). Shredder/Fagin, même combat ? Vu la faiblesse du budget, il y a des décors qui font terriblement cheap, mais cela sert bien l’ambiance générale.
Malgré les moyens limités, la production a pu faire appel à la société de Jim Henson qui s’est occupée des costumes dans lesquels les acteurs et cascadeurs ont souffert pendant plusieurs mois pour un résultat que je trouve toujours convaincant (plus que les tortues numériques du reboot récent). Et en tant que fan absolu d’animation image par image, j’aime beaucoup le récit des origines, avec la vision aussi absurde qu’amusante du petit rat Splinter qui apprend les arts martiaux en copiant les mouvements de son maître.
Ce premier Tortues Ninja reste un sympathique divertissement. Les « chevaliers d’écailles » sont joliment caractérisés, leur relation fraternelle est bien rendue, il y a une bonne dynamique avec leurs alliés humains (Judith Hoad/April O’Neil et Elias Koteas/Casey Jones) et les combats sont bien chorégraphiés. Cowabunga !