NICK FURY (Rod Hardy)

REALISATEUR

Rod Hardy

SCENARISTE

David S. Goyer

DISTRIBUTION

David Hasselhoff, Lisa Rinna, Sandra Hess, Neil Roberts, Gary Chalk…

INFOS

Téléfilm américain
Genre : action/science-fiction
Titre original : Nick Fury - Agent of S.H.I.E.L.D.
Année de production : 1996

« Humm…qu’est-ce que je peux dire ? À l’origine, j’avais écrit ça pour New World. Ca devait être un film à petit budget, une série B. Mais le projet a été abandonné, puis déterré quelques années plus tard quand la FOX l’a acheté pour en faire un téléfilm. Mon script a été réécrit (je ne sais même pas par qui) et ils l’ont tourné avec le Hoff. Je n’ai rien eu à voir avec. Est-ce que j’aurais préféré que mon nom ne soit pas dessus ? Ouaip ! C’est le problème quand on écrit pour le cinéma ou la télévision. Le résultat final ne reflète pas nécessairement ce que vous avez écrit. Parfois, de nombreux scénaristes passent sur votre scénario. Mais bon, pour être juste, j’ai également travaillé de cette manière, et sans être crédité, sur de nombreux autres films ».

C’est ainsi que David S. Goyer résume l’expérience Nick Fury : Agent of S.H.I.E.LD., un téléfilm diffusé la même année que la sortie cinéma du long métrage qui boosta véritablement sa carrière, Blade.

Les comics ont jalonné la carrière de David S. Goyer. À la fin des années 90, il a eu l’occasion d’écrire pour DC Comics en collaborant avec James Robinson sur Starman et avec Geoff Johns sur JSA. Sur le petit et le grand écran, ses contributions au genre furent nombreuses et plus ou moins inspirées (de The Crow 2 : la Cité des Anges au Man of Steel de Zack Snyder en passant par la trilogie Blade, les Batman de Christopher Nolan et la série Constantine, pour ne citer que quelques titres).

Alors qu’il était un jeune scénariste débutant, Goyer écrivit donc un scénario sur le super-espion de la Marvel, Nick Fury, pour le compte de New World Entertainment, qui était à l’époque le propriétaire du Marvel Comics Group. Fury faisait partie d’une liste de personnages candidats à une potentielle adaptation cinématographique publiée dans un article du magazine Variety consacré au 25ème anniversaire de la nouvelle ère de Marvel Comics (en 1986). De belles intentions (les autres héros mentionnés étaient, entre autres, Captain America, Daredevil, Dr. Strange, Fantastic Four, Miss Hulk, Spider-Man, Sub-Mariner, Thor et Power Man) pour une série de pétards mouillés : Howard the Duck (un naufrage pour Lucasfilm), The Punisher (sorti directement en vidéo aux U.S.A.), Captain America (idem) et le Fantastic Four produit par Roger Corman figurent régulièrement (et à juste titre) dans les listes des pires transpositions de comics à l’écran.

Et Marvel n’était pas non plus gâté à la télévision avec les 3 téléfilms de Hulk, Generation X et ce Nick Fury qui ne fit guère d’étincelles lors de sa première diffusion aux Etats-Unis (l’agent du S.H.I.E.L.D. fut battu par des rediffusions de JAG et de sitcoms !)…et c’est pourquoi l’expérience ne fut pas renouvelée même si David Hasselhoff était sur les rangs pour reprendre le bandeau et le cigare.

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Le téléfilm n’est pas une réussite, mais il utilise au moins de façon un peu plus respectueuse que ses prédécesseurs télévisuels les racines des comic-books dont il est tiré : on retrouve ainsi des éléments tels que l’Hydra, le baron Von Strucker et ses enfants, l’Héliporteur (plutôt convaincant pour un budget TV de l’époque, malgré un intérieur claustro qui évoque plus un destroyer), Arnim Zola et des agents du S.H.I.E.L.D. comme la comtesse Valentina Allegro de Fontaine, Dum Dum Dugan, Alexander Goodwin Pierce, Kate Neville, Clay Quartermain et Gabe Jones. Le scénario glisse aussi des références à la division ESP du S.H.I.E.L.D et aux Life Model Decoy. Il est donc dommage que l’ensemble ait été supervisé par des personnes qui n’y « connaissaient rien aux comics » (dixit David Goyer).

La distribution cumule les erreurs de casting et les décisions foireuses : la comtesse est une échappée de Melrose Place (Lisa Rinna) aux lèvres boudeuses; sans son chapeau et sa moustache, Dum Dum Dugan n’est plus qu’un bureaucrate bedonnant; le britannique Alexander Goodwin Pierce est le bouffon de l’équipe (mais il n’a rien de drôle); Gabe Jones se retrouve scientifique en chef du S.H.I.E.L.D. (en lieu et place de Sidney « Gaffer » Levine dans les comics); Clay Quartermain vocifère toutes ses répliques avant de passer rapidement l’arme à gauche (LET US ROCK AND LET US ROLL !) et les jumeaux Strucker sont péniblement joués par des blondinets insupportables aux accents exécrables. Et leur paternel, le Baron Von Strucker, ressemble plus à un vieux bibliothécaire à la peau parcheminée qu’à sa version papier.

En fait, seul David Hasselhoff (pourtant pas vraiment un très grand acteur, loin s’en faut) s’en sort avec les honneurs. Le Hoff a le physique requis (même si pour moi, Kurt Russell était le Nick Fury idéal…pour James Cameron, c’était Charlton Heston), il se réserve les meilleures répliques (Well, I’m not surprised, Pincer. Guys like you tend to cling to the bowl no matter how many times you flush) et j’aime bien son attitude bourrue teintée d’ironie.

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Réduit à une simple histoire de chantage au virus mortel, le scénario n’a rien de palpitant et enfile les clichés comme des perles. Platement réalisé par Rod Hardy, un vétéran du petit écran U.S., Nick Fury n’est pas aussi raté que le Generation X diffusé sur la même chaîne deux ans plus tôt mais le résultat final reste assez décevant.
L’année 1998 marqua donc (avec Nick Fury) la fin de la période des adaptations live low-cost des comics Marvel et le début de la nouvelle ère, inaugurée par le premier volet des exploits de Blade, le chasseur de vampires, avant X-Men de Bryan Singer en 2000 et Spider-Man de Sam Raimi en 2002.

Et comme disent les américains, the rest is history

1 « J'aime »

Je l’aime bien, ce téléfilm.
Y a plein de choses ratés, notamment les méchants, ce qui est très dommage pour un genre comme le super-héros (les jumeaux Fenris / Strucker sont traités par-dessus la jambe), mais dans l’ensemble, pour un téléfilm, c’est pas honteux.
Et puis, j’aime bien Lisa Rinna : c’est pas non plus une très grande actrice, mais elle est très jolie et photogénique.
Avec le Doctor Strange de 1978, c’est les deux productions télé que je sors du bourbier composé par les autres tentatives.

Jim

je l’aime bien, moi, ce Nick Fury. Surtout la première moitié, en fait (le climax et la méchante sont über-nazes au lieu d’être über-nazis) qui exploite bien le passé du personnage, et qui évoque un peu ce qu’en fera peu après Garth Ennis dans sa première mini Fury Max.

Et en effet, Hasselhoff s’en tire pas mal, bien mieux que ce qu’on aurait pu craindre.

du coup, je le possède en DVD (payé à vil prix chez un marchand de journaux il y a des lustres)

Oui, je suis bien d’accord pour le Hoff. Mais les méchants sont vraiment trop pourris (et leur plan aussi, ce qui fait que la deuxième moitié du métrage n’a aucune intensité), et ça ne m’amuse que lorsque le spectacle proposé atteint des sommets de comique involontaire…ce qui n’est pas le cas ici (ce ne sont même pas des bons méchants de nanar).
Pour moi, ils vont de pair avec le Crane Rouge italien du Captain America de 1990.

Je crois qu’on est tous d’accord, les jumeaux sont nuls.

Un truc qui est marrant, c’est que la version de Zola, vieux débris aux cheveux filasses, me fait penser à Von Blitzschlag, le savant fou de la série The Initiative. Enfin, c’est plutôt le second qui me fait penser au premier, mais bon…

Je me demande si Slott avait cette version en tête quand il a créé son savant, qui d’ailleurs a été inventé afin de remplacer Zola, qui était le premier personnage envisagé par le scénariste.

Jim

Hé, mais c’est plutôt bien vu. J’avoue ne pas y avoir pensé (ma dernière lecture de ces épisodes de Slott remonte à quelques années), mais c’est vrai que ces personnages partagent quelques caractéristiques…

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Je suis également l’heureux propriétaire du DVD de ce film, qui contient de nombreux clins d’oeil très respectueux du matériel d’origine. The Hoff en fait quand même un peu trop à mon goût, mais bien moins que les bureaucrates du S.H.I.E.L.D. qui veulent lui mettre des bâtons dans les roues. :laughing:
J’aurais été curieux de voir ce qu’ils auraient pu faire après, et vers où ils seraient allés…

L’acteur principale était excellent.

On May 26, 1998, ‘Nick Fury: Agent of S.H.I.E.L.D.’ aired on Fox