« Projet passion » de Robert Eggers (The Witch, The Lighthouse…), la nouvelle version de Nosferatu prend forme avec l’annonce du casting de Bill Skarsgard (Ca) dans le rôle du vampire et de Lily-Rose Depp dans celui du personnage féminin principal. Elle remplace Anya Taylor-Joy, l’actrice fétiche du réalisateur, un temps attachée au projet mais maintenant trop occupée (elle tourne actuellement Furiosa et a un autre film en préparation).
Nosferatu est en pré-production. Pas de date de début de tournage annoncée pour le moment…
In the new reimagining, Nosferatu is a gothic tale of obsession between a haunted young woman (Depp) in 19th century Germany and the ancient Transylvanian vampire (Skarsgard) who stalks her, bringing untold horror with him.
1er Janvier ici.
J’aimais bien l’idée de pervertir la naissance de Jésus avec la présence d’un ressuscité bien plus macabre. Symphonie de l’horreur aux contre-points étranges : Hoult qui a été Renfield pour Dracula Cage devient ici une copie de Harker. Defoe qui a été Nosferatu (ou presque) ressemble à Van Helsing.
Tiens, L’ombre du Vampire avec Defoe a été produit par…Nicolas Cage.
Tout se recoupe et tout dissone.
En 1992 , Coppola transformait un roman gothique en énorme plaisir baroque , rajoutant au personnage horrifique une aura d’amant maudit tant par Dieu, le temps et les hommes. Cet ajout ne semble plus quitter le comte aux dents longues depuis.
30 ans plus tard, Eggers s’attaque donc au mythe , c’es taillé pour sa vision froide, macabre et symbolique.
Mais on sent déja que ce petit malin continue à faire fonctionner sa matière grise.
Il n’adapte pas Dracula, il adapte Nosferatu. Et là, ça donne une ouverture vers un contre-point : la couleur s’évapore. La tension romantique et érotique est ici remplacée par ce qui semble être de la perversion sexuelle (
) , les plans où Depp se cambre, semble pousser des petits cris tendancieux, etc…sont renforcés par des sous-entendus très entendus.
Les années SIDA sont devenues les années COVID : le sang n’est plus le pire vecteur , ce sont les rats qui ici font voyager la maladie ( rappelant la peste mais ça marche aussi bien qu’un pangolin et c’est plus petit, ça s’infiltre partout et on remarque son nid trop tard ).
Et tout ça, en seulement une bande-annonce.
Ça va , au pire , être stimulant à analyser visuellement. Petite larmichette personnelle : Anya Taylor-Joy n’est pas de la partie, elle qui était pourtant attachée au projet depuis le début. Cependant, le dernier rôle marquant de Depp était dans la série The idol , ce qui renforcera peut-être l’aspect dépravé que l’on projette sur une jeune femme que l’on imaginait pas forcément ainsi ( aaah, les images que l’on peut projeter sur des personnalités que l’on ne connait qu’à travers les feuilles glacées des magazines, leurs films et les écrans plats accueillant internet. Un bon réal peut jouer avec ça. ).
Peut-être la fin d’un cycle pour Eggers ? Il revient , après THE VVITCH , à une exploration plus frontale de la transgression féminine des convenances alors qu’il s’était grandement consacré à l’analyse de l’autodestruction masculine ( y compris dans le film sus-cité ) : on sait comment fini le Nosferatu, Murnau et Herzog l’ont déjà montré et est le cœur des mouvements du personnage titre , mais le pourquoi du comment le personnage féminin arrive à la fin du film peut être différente ici.
Qui dit contre-point dit musique et le film devrait avoir une partition sèche et peu amène, rude. Comme les autres films de Eggers. Si cela sied aux images, aux oreilles en revanche, je parie que l’on attendra sans doute impatiemment que la partition de Christopher Young pour le film muet sorte en physique cette année.
Et se ré-éccouter le Wojciech Kilar dans la foulée.