REALISATEUR
Daniel Attias
SCENARISTE
Stephen King, d’après sa nouvelle
DISTRIBUTION
Corey Haim, Gary Busey, Megan Follows, Everett McGill, Terry O’Quinn…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : Silver Bullet
Année de production : 1985
À l’origine, le court roman L’ Année du Loup-Garou (Cycle of the Werewolf en V.O.) était pour Stephen King un projet de commande qui devait prendre la forme d’un calendrier : chaque mois devait comporter une illustration du grand Bernie Wrightson (voir image ci-dessus) et un texte d’environ 500 mots (King prenant, pour les besoins de l’histoire, des libertés avec le cycle lunaire). Mais l’écrivain s’est vite retrouvé limité par ce format et après les 6 premiers chapitres, l’histoire évolua et les chapitres s’étoffèrent. King rappela alors son éditeur pour lui annoncer que le calendrier était devenu un petit roman…une nouvelle qui fut très bien accueillie par l’intéressé qui décida de sortir le livre en édition limitée avec les peintures de Bernie Wrightson.
Dans la première moitié des années 80, le puissant producteur italien Dino De Laurentiis (La Strada, Danger : Diabolik !, Barbarella, King Kong, Conan le Barbare…) avait la quasi-exclusivité sur les droits cinématographiques des oeuvres de Stephen King, ce qui donna des résultats aussi divers que le très bon Dead Zone de David Cronenberg et le mauvais Maximum Overdrive, mis en scène par Stephen King lui-même (pour l’une des plus mauvaises expériences de sa carrière, dixit le romancier qui n’a jamais plus réalisé de long métrage depuis). Entre Dead Zone et Maximum Overdrive, Dino laisse sa femme Martha co-produire Charlie (avec Drew Barrymore et Martin Sheen) et développe deux autres longs métrages, le film à sketches Cat’s Eye (où l’on retrouve également Drew Barrymore) et Silver Bullet (Peur Bleue en V.F.), d’après L’Année du Loup-Garou (qui n’était pas encore tout à fait terminé à ce stade).
Pour la réalisation, Dino De Laurentiis choisit Don Coscarelli, le réalisateur de Phantasm et de Dar L’Invincible. Mais très vite, la production connaît plusieurs problèmes. Le producteur n’est pas du tout convaincu par le loup-garou créé par son compatriote Carlo Rambaldi (E.T.), qui est prié de revoir plusieurs fois sa copie. Don Coscarelli est alors forcé de débuter le tournage sans avoir sa créature à disposition. Mais après un temps indéterminé (les témoignages divergent sur ce point), Don Coscarelli, qui n’entretient pas non plus d’excellentes relations avec De Laurentiis, décide de claquer la porte pour travailler sur Phantasm 2 (en grand fan de Stephen King, il a toujours regretté de ne pas avoir pu mener à bien sa vision). Il est alors remplacé en toute hâte par l’assistant réalisateur Daniel Attias, pour ce qui ce sera la seule réalisation pour le grand écran avant une prolifique carrière à la télévision.
Le retard s’accumulant, le film est donc contraint d’utiliser le costume de loup-garou de Carlo Rambaldi qui se révèle vite être une déception. On est loin des illustrations de Bernie Wrightson et des superbes lycanthropes du Loup-Garou de Londres et de Hurlements. En fait, les scènes qui fonctionnent le mieux, comme les premières morts filmées de manière très efficace (selon le point de vue du monstre), sont celles où l’on distingue à peine la bête. D’autres, comme la séquence onirique et la traque dans la forêt, sont assez risibles.
Il est maintenant très difficile de savoir quelle portion des scènes tournées par Don Coscarelli a été conservée au montage final. Certains pensent que toutes les scènes sans le loup-garou portent sa marque, certains pensent que c’est beaucoup moins…
Mais malgré un monstre raté qui plombe les passages chocs lorsqu’il est entièrement dévoilé, Peur Bleue est une petite série B horrifique qui tient tout de même bien la route, grâce à son atmosphère et à des personnages attachants.
Corey Haim (Génération Perdue) campe Marty, un gamin handicapé. Il y a un très beau moment, très triste, où il regarde de façon mélancolique ses potes jouer au base-ball, quelque chose qu’il ne pourra jamais faire. Mais s’il sait qu’il ne pourra jamais marcher, il est bien décidé à combattre le monstre qui terrifie sa ville. Sa relation avec sa soeur Jane est l’un des moteurs de l’histoire et il y a une belle alchimie entre les deux jeunes comédiens.
Gary Busey (L’Arme Fatale, Predator 2…) livre une sympathique composition dans le rôle de l’oncle Red, que toute sa famille, à l’exception de Marty, prend pour un cas social irrécupérable. On retrouve également de solides seconds rôles, comme Everett McGill (Le Maître de Guerre) en pasteur hanté par un terrible secret et Terry O’Quinn (Lost) en shérif dépassé par les événements.