REALISATEUR
Mario Bava
SCENARISTES
Guido Leoni, Mario Moroni et Carl Ross
DISTRIBUTION
Daniela Giordano, Brett Halsey, Dick Randall…
INFOS
Long métrage italien/allemand
Genre : comédie
Année de production : 1972
Quante volte…quella notte (inédit dans les salles françaises, mais le film aurait eu droit à une diffusion sur le cable sous le titre Une Nuit Mouvementée) est une entrée étonnante de la dernière partie de la filmographie de Mario Bava.
Reconnu, à juste titre, comme le Grand Maestro du suspense et de l’horreur (Le Masque du démon, 6 femmes pour l’assassin, Le Corps et le Fouet, La Baie Sanglante…), Mario Bava avait bien entendu surfé sur toutes les vagues du cinéma d’exploitation transalpin : la science-fiction (mâtinée d’horreur) avec La Planète des Vampires, le péplum avec Hercule contre les Vampires, le western avec Arizona Bill, le film de vikings avec La Ruée des Vikings et Duel au couteau…mais un sous-genre ne l’avait jamais vraiment intéressé, la « sexy comédie ».
La comédie érotique (ou sexy comédie) connut un âge d’or dès la fin des années 60 et pendant une grande partie des années 70. L’actrice franco-italienne Edwige Fenech en fut l’une des plus représentantes les plus connues avec des titres comme La Prof donne des leçons particulières, La Toubib du régiment et La Toubib aux grandes manoeuvres.
Ces films étaient tellements populaires que de nombreux cinéastes se sont vus presque obliger de réaliser au moins une sexy comédie dans leur carrière. Selon les dires de Mario Bava, si un metteur en scène ne s’essayait pas à la comédie érotique, « des rumeurs circulaient que vous pouviez être homosexuel ». Bava accepta donc de diriger Quante volte…quella notte, qui se révélera être carrément le Rashômon des sexy comédies !
C’est le week-end et le playboy Gianni (Brett Halsey, qui avait déjà tourné sous la direction de Bava dans le western comique Roy Colt et Winchester Jack) pratique son sport favori : se lever une belle pépée au volant de son substitut phallique. Il jette son dévolu sur la belle Tina, qui lui tape dans l’oeil au premier regard. Tina, au départ réticente, finit par accepter un rendez-vous. Après une soirée en boîte, Gianni raccompage Tina chez elle.
Lorsqu’elle rentre dans l’appartement qu’elle partage avec sa mère, le jour commence à poindre et la robe de Tina est déchirée. De son côté, Gianni a une marque de griffure sur le front. Qu’a t-il bien pu se passer ?
Le scénario va alors livrer 3 points de vue différents de ce qui a pu arriver lors de cette fameuse nuit (enfin plutôt quatre, mais j’y reviendrai) : celui de Tina qui raconte l’histoire à sa mère, celui de Gianni qui narre régulièrement ses exploits à ses potes de bar et celui du concierge de l’immeuble de Gianni, un grand consommateur de porno qui passe son temps à épier ses voisins.
En ce qui concerne les deux premiers témoignages, les rôles sont inversés : Tina fait passer Gianni pour un pervers diabolique qui a tenté de la violer, et Gianni fait de Tina pour une nymphomane insatiable. Quant au visqueux concierge, celui-ci raconte à son pote le livreur de lait une version née de ses fantasmes les plus moites où l’échangisme se mêle à l’homosexualité, féminine de préférence.
Un quatrième point de vue, celui d’un psychologue (ce qui explique peut-être l’étrange générique à base de tests de rorschach et de personnages animés), tend à rationnaliser les choses et à proposer un ancrage un peu plus « terre-à-terre ». Ce n’est pas le moment le plus réussi d’un film qui doit une grande partie de son charme complètement kitsch à l’exagération des situations (vu que ce sont des témoignages adaptés chacun à un public particulier), des dialogues et de l’interprétation.
Quante volte…quella notte n’est pas le genre de comédie qui fait rire aux éclats (les zygomatiques sont la plupart du temps au repos), mais les mécanismes du scénario font souvent sourire et le passage du concierge libidineux est savoureusement absurde dans son genre. Pour autant, le métrage n’est pas entièrement maîtrisé et l’exercice tourne parfois un peu en rond, avec quelques longueurs à déplorer alors que le film ne dure que 80 mn. Mais sur la forme, et pour un travail de commande), cela reste du Bava pur jus, avec une belle mise en valeur des décors, un travail sur les couleurs soigné et des angles de caméra audacieux…
Inégal mais attractif, donc…et que Daniela Giordano était jolie…