Thriller/horreur
Long métrage italien/espagnol
Réalisé par Mario Bava
Scénarisé par Mario Bava et Santiago Moncada
Avec Stephen Forsyth, Laura Betti, Dagmar Lassander, Femi Benussi…
Titre original : Il rosso segno della follia
Année de production : 1970
Les premières minutes de Une Hache pour la Lune de Miel ne laissent planer aucune ambigüité sur l’identité du tueur. Le meurtre d’une jeune mariée et de son époux dans un train pourrait rattacher le film au giallo, avec certaines caractéristiques comme les plans sur les mains, l’habit sombre, le point de vue subjectif…mais s’en éloigne avec la révélation du visage de l’assassin (l’inexpressif canadien Stephen Forsyth, à la courte carrière européenne…seulement dix longs métrages dans la deuxième moitié des sixties avant qu’il laisse tomber le métier pour devenir musicien)…
Le bellâtre John Harrington, héritier d’une maison de couture, le dit lui-même en voix-off : il a 30 ans et il est complètement fou. Emprisonné dans un mariage sans amour, il est hanté par des visions, des sons qu’il a du mal à identifier et il a développé un fétichisme malsain pour les femmes sur le point de se marier, qu’il tue à coups de hachoir avant de se débarrasser des corps, soit en les enterrant histoire de fertiliser ses plantes, soit en les brûlant dans son incinérateur…
Je trouve que le premier acte est un brin laborieux, dans la présentation des personnages, le développement des relations qui n’échappent pas à certains clichés et les maladresses d’une enquête pas très convaincante. Bava étant Bava, tout n’est pas à jeter, le symbolisme du mannequin par exemple. Si les effets de miroirs et autres visions distordues deviennent un peu trop répétitifs, il y a aussi des enchaînements intéressants qui appuient sur la nature profonde du tueur, cette part d’enfant qui ne l’a jamais quitté et qui est à l’origine de sa psychose. La présence des deux John, souvent au sein d’un même plan, donne à ces instants une atmosphère troublante et prépare à la mise en scène de l’habituel trauma initial…
Dans sa deuxième moitié, Une Hache pour la Lune de Miel bascule dans le surnaturel et c’est quelque chose qui n’était pas prévu dans les premières versions du scénario. Ce changement est du à l’arrivée sur le projet de Laura Betti, actrice jusque là habituée aux rôles plus dramatiques (elle était dans La Dolce Vita de Fellini, dans Oedipe Roi et le Théorème de Pier Paolo Pasolini) qui voulait à tout prix tourner avec Bava (il la dirigera aussi dans La Baie Sanglante). Le maestro a donc réécrit le script de Santiago Mondaca pour étoffer le personnage de la femme de John Harrington, ce qui n’a pas été sans quelques tensions avec Dagmar Lassander (Helen Wood) qui a vu son temps d’écran réduit…
Après une scène-choc qui doit beaucoup à Psychose (avec une belle démonstration des cadrages méticuleux de Bava), la situation avec Mildred Harrington brouille encore plus la frontière entre réalité et fantasme, en questionnant ce qui se passe sur l’écran non sans un certain humour (noir). Mario Bava en profite pour s’autociter assez savoureusement, par le biais de thèmes déjà présents dans des oeuvres précédentes et surtout par l’utilisation d’images tirées des Trois Visages de la Peur intégrées dans la narration.
Mario Bava devait régulièrement composer avec des budgets réduits et lorsque l’argent vint à manquer, il a du interrompre le tournage d’Une Hache pour la Lune de Miel. Le temps que son producteur espagnol réunisse les fonds pour le terminer quelques mois plus tard, Bava a accepté et bouclé un film de commande, la sexy comédie Quante volte…quella notte.