Dans les reponses sont plus ou moins distingués ce qui est de l ordre d une position subjective et ce qui relèverait d une reponse lorgnant du côté de l objectivité d une baisse de qualité. Nous allons voir que cela ne fonctionne pas exactement ainsi si on cherche la précision.
La rupture subjective, ses coordonnées sont facilement objectivables : le moment où le à suivre ne fonctionne plus pour soi. Il y a rupture lorsque la lecture n est plus doublée d un plaisir d avoir un élément d un tout infini et comme je l ai souligné souvent ce plaisir est aussi celui où cet élément d un tout devient lui même le tout, il brille d etre en même temps ce tout infini. En ce sens lire un episode, c est aussi lire l histoire du monde marvel dans son ensemble. .
Ici, il y a sans doute à pointer une inversion de l ordre qui est pourtant majoritaire dans les reponses, à savoir que ce serait la moindre qualité qui entrainerait la rupture. C est pourtant à l inverse que cela fonctionne, c est bien la rupture qui fait que la brillance de la lecture se ternit.
Jim parle de deglamourisation. Et ses causes reelles peuvent parfaitement echapper au lecteur.
La rupture est cette deglamourisation qui laisse l episode tenir sur ses propres qualités sans pouvoir se reposer sur une promesse infinie. La rupture correspondant alors au désintéressement concernant le monde marvel en tant que tout.
Il est à noté que revient dans beaucoup de reponses comme une anticipation de ce moment de rupture, une lassitude. Il y a dans le plaisir du à suivre un trop, l oscilation entre la brillance et la deglamorisation qui est constant. Cette oscillation qui fait la brillance est en elle même usante. C est de l ordre de l addict qui se promet qu il arretera apres un dernier verre.
Le lecteur d un à suivre vit ainsi dans l aspiration à une fin qu il n a d autre choix que de poser lui même et qu il fantasme toujours plus ou moins.
On peut ajouter que cette rupture peut donner naissance à un circuit de repetition dans une tension entre un illimité debordant ( acheter tout et encore plus) entrainant un acheter rien, rupture claire et net ou un achat limité ( fut il infini de se repeter mois apres mois). La limite peut alors prendre plusieurs forme : la qualité, suivre un auteur, periode manga, le budget, la vf et pas la vo, etc, etc. Ici, le lecteur transige avec l appel de l illimité en posant une limite quelqu elle soit.
On pourrait rentrer dans des subtilités plus precises encore dans les rapports entre illimité et infini (le à suivre transforme l illimité en infini ) mais ce n est pas nécessaire.
A noter encore que lorsque la rupture avec le à suivre s opere, un phénomène de rejet peut lui succeder. La deglamorisation conduisant à la merdification pourrait on dire. A ce moment là, les raisons qui faisaient le plaisir de lecture sont exactement les mêmes qui font alors le degout nouveau. Le trop de plaisir devient obscène et conduit au rejet de l.objet procurant le trop de plaisir initial. Mais la rupture précède ce phénomène de rejet, qui marque d ailleurs que la rupture n est pas si operante que cela, le lecteur restant attaché à l objet, le plaisir s inversant simplement en deplaisir.
En conséquence, Il n est donc pas certain du tout que la rupture subjectivité soit liée à la qualité du produit. La rupture subjective est propre aux hasards de la vie du lecteur, à sa vie intime, ou pro ou autre. Hasard donc.
Ce qui peut compliquer la question de la rupture du à suivre et embrouiller l affaire est une autre question : la production a t elle, elle même, entrainé une rupture du à suivre. Pas une rupture subjective donc mais une rupture objectivable sur le plan de logique narrative interne.
Par exemple, l arrivée de de falco au poste d editeur en chef a t elle cassé le à suivre du monde marvel. Les relaunchs ? Reboot ? Pitch ? Pas de scene post générique à endgame ? Ont ils rendu le à suivre inoperant, l ont ils compliqué ? C est là la question : le jouet est il cassé ?
C est une question qui doit donc etre traitee indépendamment de la rupture subjective même si la seconde peut avoir été le hasard entrainant la première. Mais c est une question difficilement tranchable, puisqu il existera peut etre toujours quelqu un pour qui le à suivre opére même avec un jouet dont on aurait prouvé qu il etait cassé.
Enfin, ni la rupture subjective ni la rupture « objective », celle de la narration interne ne doivent etre confondues avec un jugement portant sur la qualité des bd en elle mêmes. Un à suivre operant pouvant reposer sur une qualité éventuellement mediocre parce que la glamourisation opére ou une excellente bd pouvant fragiliser durablement le à suivre.