RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Le deuxième recueil consacré à Robin s’intitule Tragedy & Triumph et date de 1993, soit deux ans après le premier recueil et une grosse année après la deuxième mini. Il propose une couverture inédite signée Travis Charest qui officie encore dans le style sous-Jim Lee qu’il développait à ses débuts.

Sur le modèle du tome précédent, il assemble une intrigue publiée dans une autre série, en l’occurrence Detective Comics, et le contenu de la mini-série Robin: Joker’s Wild.

Deux intrigues, donc. La première est extraite de Detective Comics #618 à 621, datés de fin juillet à septembre 1990, soit juste avant Batman #455 à 457 reproduits dans Robin - A Hero Reborn. Ce deuxième recueil s’ouvre donc sur une intrigue qui se situe avant le précédent et se referme sur une mini qui se déroule après. Il demeure cependant assez logique d’associer les deux récits, en ce sens où la mini-série renvoie à la situation du père de Tim et donc jette un pont entre la première histoire et la seconde.

Le principe est simple : Tim Drake, qui a deviné l’identité secrète de Bruce Wayne, vit tranquillement dans le Manoir tandis que ses parents font le tour du monde. Au début du récit, Tim enquête sur un pirate informatique, Moneyspider, qui détourne de l’argent chez les riches occidentaux pour ensuite le redistribuer aux fermiers des pays du Tiers-Monde. De temps en temps, il prend des nouvelles de ses parents. Jusqu’à ce que ces derniers soient portés disparus dans un crash d’avion en Haiti. Très vite, il devient évident qu’ils sont détenus par des rebelles locaux, adeptes du vaudou.

Le deuxième chapitre montre en alternance l’enquête de Batman, qui se rend sur place, et les inquiétudes de Tim. Dans le troisième volet, nous suivons ce dernier qui se consacre à son enquête, afin d’oublier ses tracas. Il retrouve la trace de Moneyspider, qui s’avère en réalité Lonnie Machin, alias Anarky, un personnage apparu quelques mois plus tôt dans la même série.

L’astuce consistant à consacrer une bonne moitié de Detective Comics #620 à l’enquête de Tim, en écartant Batman, permet de faire diversion. On s’attend à une construction classique et à un retour, tôt ou tard, au justicier. La dernière page du chapitre fait donc tout son effet.

À la fin de Detective Comics #620, nous quittons un Batman blessé et affaibli, annonciateur de mauvaises nouvelles. Au début du chapitre suivant, nous retrouvons un Tim en deuil, qui a perdu sa mère et dont le père, empoisonné, est à l’hôpital, paralysé et muet. Le choc. Et si l’épisode est constitué d’un flash-back expliquant les circonstances d’un tel drame, le lecteur est avec Tim, sidéré.

L’autre force du récit, c’est d’opposer Batman à un méchant exotique et folklorique, l’Obeah Man, sorcier vaudou dont le caractère inédit renforce l’illusion faisant croire qu’il n’est pas dangereux. On pense à une aventure anecdotique et on finit en plein drame. Le récit parle aussi des rapports père-fils, puisque des personnages haïtiens figurent au centre de l’intrigue, reflet de la relation entre Bruce et Tim.

Le sommaire accueille donc, ensuite, la seconde mini-série consacrée à Robin, destinée à vérifier, à l’époque, si le succès inespéré et inattendu de la première se confirme. Les épisodes sont datés d’octobre 1991 à février 1992, autant dire qu’ils ont été mis en chantier assez vite après la publication du précédent cycle.

Cette seconde saga, sous-titrée Joker’s Wild, est également connue pour l’avalanche de couvertures spéciales qui ont été éditées à cette occasion. L’équipe commerciale, bien décidée à ne pas courir après les réimpressions comme précédemment, monte un plan ambitieux. La mini-série compte quatre numéros (un de moins que la précédente). Le premier numéro aura donc cinq couvertures, le deuxième quatre, le troisième trois et le dernier deux. En plus de ces quatorze illustrations, un gadget sera proposé : dix couvertures (réalisées par des gens aussi talentueux que Chris Sprouse, Kevin Maguire, Tom Mandrake…) arboreront des illustrations dites « holographic » au sein de l’image. Un casse-tête logistique pour l’équipe éditoriale (en particulier Kelley Puckett, assistant de Denny O’Neil) et technique pour les imprimeurs. Voici un petit aperçu (merci à @tsouin pour la photo) :

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L’intrigue, rédigée par Chuck Dixon qui se retrouve associé au jeune héros et consolide sa place au sein de l’écurie batmanienne, est assez simple : le Joker s’évade à un moment où Batman n’est pas à Gotham City. C’est donc le jeune Robin qui doit veiller au grain. Tim Drake est impressionné à l’idée d’affronter le Clown du Crime (et les conseils d’Alfred sont les bienvenus) tandis que le Joker pense que sa victime est réincarnée et s’acharne contre son juvénile adversaire.

Dans la cellule désertée par le Joker, Robin découvre des magazines d’informatique. Il ne tarde pas à comprendre que l’évadé s’intéresse à un théoricien de l’informatique. Et il a raison, car l’essayiste est rapidement enlevé. Le criminel utilise les compétences de son captif afin d’exercer un chantage sur la ville de Gotham City, dont les services publics sont paralysés. Robin tentera de gruger son adversaire en vue de le faire sortir du bois, et parviendra à l’arrêter et à le renvoyer derrière les barreaux.

Si l’intrigue est classique, surtout avec un dessin raide signé Tom Lyle, qui commence à fixer son style et, donc, ses faiblesses, ces quatre épisodes valent par la caractérisation du jeune héros, souvent en proie au doute mais bien décidé à se montrer digne de son nouveau statut. L’autre intérêt de cette mini-série est de donner de l’importance à Tim Drake sous le masque de Robin, notamment en mettant en avant d’autres lycéens de l’établissement qu’il fréquente. On sent que le scénariste et le responsable éditorial ont, cette fois, réellement envie de développer ce petit univers.

Un deuxième recueil qui permet de bien installer le personnage. O’Neil et Dixon ont réussi leur pari en imposant un troisième Robin à la fois populaire et attachant. À ce sujet, la préface d’O’Neil est intéressante, retraçant l’histoire éditoriale des trois Robin à la lumière de la réflexion agitant l’équipe à cette époque.

Jim

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