RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

J’ai évoqué dans cette colonne la réédition des épisodes que Len Wein et Dave Gibbons consacrent à Green Lantern, période qui marque le retour de John Stewart sur le devant de la scène.

J’ai ensuite évoqué les épisodes de Steve Englehart sur la série Green Lantern, dans la foulée de Wein et Gibbons. L’auteur commence par faire le tri dans les idées de son prédécesseur, et notamment donne une explication à la présence du Predator, un personnage qui hante la série depuis quelques numéros.

En revanche, je pensais avoir évoqué la suite, le fameux troisième tome, mais je me rends compte qu’il n’en est rien (ou alors j’ai cligné de l’œil au mauvais moment).

Donc, ce troisième tome de Green Lantern: Sector 2814 compile les derniers épisodes de la période Englehart jusqu’au numéro 2000, illustrés par son compère Joe Staton. L’intrigue est liée à Crisis on Infinite Earths, et les titres sont très éclairants, puisqu’il s’agit d’un compte à rebours, chaque épisode étant intitulé « 5 », « 4 », « 3 », etc…

Englehart continue à gérer la pseudo dépression de Hal Jordan, écarté de la scène au profit de John Stewart. Au début de ce tome, il découvre que Guy Gardner est sorti de son coma (péripétie survenue dans des épisodes que je n’ai pas lus, mais le scénariste manipule bien les flash-backs et rend tout cela limpide) et cherche à s’emparer de l’anneau d’Abin Sur. En effet, Gardner est persuadé d’être un Green Lantern plus valeureux et ne veux pas louper sa chance à nouveau.

Essayant de l’en empêcher, Jordan découvre que les Gardiens de l’Univers accordent à Gardner le droit de porter un anneau, honneur qu’ils lui refusent. Le héros central est une fois de plus écarté. Cela permet au scénariste de développer sa vision des Gardiens, plus bureaucratiques que jamais, mais également manipulateurs et victimes de scissions internes, autant de choses déjà en germes dans la série depuis longtemps, mais qui constituent également des développements logiques par rapport aux informations qu’Englehart lui-même avaient apportées dans ses épisodes de Justice League of America (où il a créé les Manhunters, ces « traqueurs » que les Gardiens ont créés avant de fonder le Corps).

Remettant en selle Guy Gardner, Steve Englehart a une vision radicale du rouquin râleur : il en fait un sale con, persuadé de sa supériorité et prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut et accomplir sa mission. Y compris provoquer la mort de Jordan. Au fil des épisodes, Gardner va former un commando de super-vilains dans une mission sur la lune d’Oa, le tout dans le cadre d’une intrigue liée à Crisis. Jordan tente de l’arrêter, récupère un anneau, et finalement se rallie à sa cause, ce qui crée des tensions à la tête de l’équipe.

De son côté, Sinestro recrute Katma-Tui et John Stewart afin d’empêcher les actions de Gardner et de son équipe. Et tandis que l’univers est menacé par l’Anti-Monitor, toute cette petite bande s’étripe joyeusement, le reste du Corps intervenant in extremis. à l’issue du combat, alors que Jordan est officiellement revenu dans la troupe, le sage Tomar-Re récède (bon, c’est pas le seul, mais sa mort, alors qu’il est bien connu de la série, est destinée à constituer un cap).

Nous sommes à l’épisode 199. Le décompte s’est arrêté, la Crise est passée. Gardner s’est enfui, tentant une alliance avec Star Sapphire. Dans l’épisode 200, les deux renégats s’associent à Hector Hammond. Après leur défaite, les Gardiens apprennent aux Lantern qu’ils les abandonnent dans cet univers, partant dans un autre avec les Zamarons afin de constituer une nouvelle race d’immortels. Les Lanterns sont livrés à eux-mêmes et doivent assurer la sécurité de la galaxie (et au-delà) en s’organisant tout seul.

À la relecture de tout cela, on se rend compte à quel point la période Englehart est fondatrice. Elle synthétise de nombreux points établis (en partie grâce au travail du même scénariste sur Justice League of America) et pousse les idées plus loin. C’est ainsi qu’on a l’idée d’une planète semi-consciente, Oa, variation sur ce que Moore et Gibbons venaient de faire avec une back-up consacrée à Mogo. Mais on a aussi l’idée de secrets enfouis, au propre et au figuré, liés aux activités louches des Gardiens. De même, en donnant une explication au Predator, Englehart ouvre la voix aux Lanternes arc-en-ciel de Johns, qui s’est également appuyé sur le trio Jordan / Stewart / Gardner, qu’Englehart est le premier à mettre en scène. Etc etc.

Un « dernier Gardien », Jordan chassé du Corps et remplacé par un renégat, Sinestro se posant en héros, la bataille se déplaçant sur Oa ou sur sa périphérie immédiate, autant d’éléments dont la convergence sur quelques épisodes met en évidence, rétrospectivement, l’influence que la prestation d’Englehart aura sur les versions modernes du personnages, de Ron Marz à Geoff Johns.

La série de TPB se conclut avec ce troisième volet. La suite est à trouver dans le troisième tome de Tales of the Green Lantern Corps, puis dans le premier volume de Beware Their Power. Ce qui me fait dire qu’un petit guide de lecture, dans cette colonne, ne serait pas de trop.

Jim