RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Roh, tu donnes sacrément envie, là.

c est dans la PAL numérique…

Tu peux y aller, je crois.

Jim

Je viens de me rendre compte d’une chose, concernant cette étrange opération éditoriale exercée sur New Teen Titans.

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La série de base, celle qui a été lancée en 1980, devient Tales of the Teen Titans avec son numéro 41, datée d’avril 1984. Il s’agit du dernier épisode d’une intrigue avec Brother Blood. Le mois suivant débute « The Judas Contract », considéré par bien des lecteurs comme l’une des histoires les plus importantes de la série, voire LA plus importante. Elle s’étend sur les numéros 42, 43 et 44 ainsi que sur l’Annual 3. Il se passe plein de choses, et notamment Robin met un pantalon en devenant Nightwing.

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Donc « The Judas Contract » se conclut en juillet 1984, selon l’indication en couverture (ce qui veut dire qu’il a dû paraître en avril ou mai). Toujours selon les cover dates, le premier numéro de New Teen Titans version Baxter sort en août 1984. Je ne sais pas si les indications de date de sortie sur ces produits exclusivement destinés aux librairies étaient également antidatées. Si c’est le cas, ça veut dire que la saga avec Trigon, qui raconte la corruption de Raven, paraît dans la foulée de la précédente épopée avec Deathstroke et Terra. Les lecteurs qui ont découvert les deux ont dû s’en prendre plein la vue.

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Si ce n’est pas le cas, et si la date indiquée sur la couverture du produit librairie correspond au mois effectif de sortie, alors Pérez a bénéficié d’un peu de temps pour dessiner, et les lecteurs ont profité d’un petit temps de repos entre deux sagas colossales.

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Quoi qu’il en soit, l’année 1984, pour les lecteurs américains fans des Titans, c’était quand même quelque chose. Je n’avais pas pris conscience de la proximité, dans le calendrier, de ces deux sagas mémorables. Par le truchement de l’astuce éditoriale tordue imposée par DC, la série, sous sa double forme, a redoublé d’inventivité. Et si on sent bien que Wolfman marque un peu le pas en faisant traîner certaines choses (le procès de Deathstroke) et en réglant quelques intrigues (le complot de H.I.V.E.), il déroule une succession de péripéties qui sont restées dans les mémoires. Quelle année.

Jim

Durablement associé à la Legion of Super-Heroes, le scénariste Paul Levitz a également eu une importance non négligeable dans le développement du petit microcosme s’agitant sur Earth-2, la Terre-2 de l’univers DC, dans les années 1970.

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En effet, depuis Flash #123, les lecteurs savent que des versions alternatives (et précisément : anciennes) de leurs héros favoris vivent sur un monde différent de celui qui est chroniqué dans les séries régulières. En l’occurrence, il s’agit des justiciers de l’Âge d’Or, qui ont continué leur carrière sur ce monde, et donc vieilli. Divers scénaristes (dont Len Wein) ont mis en scène les rencontres entre les héros des deux mondes dans la série Justice League of America, mais les années 1970, à la suite du frémissement d’intérêt pour les lecteurs envers ces justiciers chenus et burinés, voient la naissance de plusieurs séries consacrées à ce monde parallèle. La Justice Society revient dans les pages de All-Star Comics, et de nouveaux personnages apparaissent. C’est le cas de Huntress.

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On l’a évoqué plus haut, les héros de Terre-2 vieillissent. Donc Batman, ce Batman-là, qui a commencé sa carrière en 1939, a laissé tomber sa cape, il est devenu commissaire de Gotham, et il a épousé Selina Kyle, l’ancienne Catwoman désormais repentie. Si Levitz anime les nouvelles aventures de la Société de Justice dans All-Star Comics, Bruce Wayne n’y fait que des apparitions fugaces en civil.

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Dans DC Super Star #17, daté de décembre 1977, le scénariste, avec l’aide de Joe Staton et de Bob Layton, raconte l’apparition de la fille de ce couple. Suivant une intrigue un brin capillotractée durant laquelle Selina décide de remettre le costume de voleuse pour un dernier braquage, cédant ainsi au chantage d’un ancien associé, et où Batman renoue avec ses activités de justicier pour assister à la mort de sa bien-aimée (ce qui le brisera psychologiquement), les trois auteurs montrent comment leur héritière décide de reprendre le flambeau afin de venger sa mère tout en gardant secrètes ses activités afin que son père ne s’inquiète pas.

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Désormais présente dans l’univers de Terre-2, la jeune Helena Wayne, adoptant le nom de Huntress, fait de régulières apparitions dans All-Star Comics, devenant un pilier du groupe (et assistant notamment à la mort de son père dans une dernière mission héroïque). Parallèlement, elle fait quelques apparitions, notamment dans Batman Family #18 à 20, dans une intrigue réalisée par le même trio d’auteurs et qui mélange corruption politique et arnaque à l’incendie. Un récit dont la principale qualité est de présenter plus précisément la situation de l’héroïne, membre d’un cabinet juridique fournissant une assistance aux limites et aux contours peu définis.

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Par la suite, la série passe dans les pages de Wonder Woman #271 à 287, 289, 290, 294 et 295. Levitz et Staton restent aux commandes, alors que les encreurs varient : Steve Mitchell signe la première grosse volée d’épisodes, suivi de Bob Smith, Bruce Patterson (le mariage est ici plutôt pas mal) et Jerry Ordway, qui embellit littéralement les planches, au point d’ailleurs que le trait de Staton soit presque méconnaissable.

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Levitz ouvre le bal avec un diptyque faisant intervenir Solomon Grundy, ici en mode intelligent, obsédé par la beauté artistique. Très rapidement, le scénariste fait intervenir Power Girl, cousine du Superman de Terre-2 (et donc équivalent local de Supergirl) et reconstituant le tandem qu’il anime parfois dans les aventures de la Société de Justice. C’est l’occasion aussi de présenter le personnage de Harry Sims, procureur éprouvant une attirance bientôt réciproque à l’égard de Helena Wayne. D’abord contrôlé par le Thinker, ce dernier sera mêlé à une évasion massive de super-criminels puis victime de la toxine du Joker. Au milieu de toutes ces aventures, Levitz en profite pour raconter l’idylle naissante entre les deux personnages, avec cependant le caractère parfois décousu de ses récits, où certaine péripéties tombent dans l’intrigue comme un cheveu gras dans un potage maigre.

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Les récits sont parfois précipités, avec cette volonté, fréquente chez Levitz, d’en donner beaucoup, parfois trop. Les épisodes de huit pages l’obligent, c’est évident, à se montrer généreux afin de faire avancer le récit dans une pagination réduite. Mais il fait progresser les intrigues secondaires, y compris la vie amoureuse de Helena, par sauts de grenouille parfois acrobatiques. On remarquera également que, justement, s’il anime la série mettant en vedette une femme forte, il ne peut s’empêcher d’y glisser une histoire d’amour ainsi que des scènes récurrentes de douche : les lecteurs seront ravis de constater que la brune héroïque a une hygiène scrupuleuse, mais on peut se permettre de se demander si les visites à la salle de bain seraient aussi fréquentes si le personnage était masculin. Le bon côté des choses, c’est que cela permet d’avoir un aperçu, même rapide, de la vie privée de la justicière, là où All-Star Comics montre des membres de la Société de Justice perpétuellement engoncés dans leurs costumes de héros.

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Plus problématique, Levitz construit ses premières aventures sur la révélation de l’identité secrète de Helena, dont Harry reconnaît immédiatement la voix. Si l’affaire est parfois traitée sur le ton de l’humour, tout cela finit par diminuer et ridiculiser le personnage, tout en laissant transparaître un léger sexisme : une telle gaffe n’arrive jamais à Batman, Levitz lui-même en convient dans les dialogues. Les héroïnes DC sont donc plus futiles et écervelées que leurs homologues masculins ?

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Ces premières aventures, posant les bases du personnage et publiées entre 1977 et 1982, ont été compilées dans le TPB Huntress: Darknight Daughter, sous une couverture assez amusante de Brian Bolland qui représente la jeune héroïne au moment fatidique où ses parents découvrent son secret : une scène qui n’a jamais eu lieu dans les comics et qui renvoient à un cliché de l’adolescence, dans une collision aussi symbolique qu’amusante (détournement de la couverture du DC Super Star #17, en nettement plus drôle). Le recueil, paru en 2006, contient également une préface de Paul Levitz lui-même, qui resitue le contexte éditorial dans lequel la création et le développement du personnage ont eu lieu.

Jim

De 1940 à 1951, la Justice Society of America vit de nombreuses aventures dans les pages de All-Star Comics, à l’occasion de 57 livraisons qui donnent la vedette aux héros des deux sociétés composant DC Comics, National et All-Allied. Comme beaucoup de séries de super-héros, le titre ne survit pas à l’après-guerre et les héros tombent plus ou moins dans l’oubli.

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Jusqu’aux années 1960 et aux rencontres assemblant la Société et la Ligue, dans les pages de Justice League of America, à la suite du fameux Flash #123 qui a mis en avant le concept de Terre-2. C’est sur ce monde que les vieux héros de l’Âge d’Or continuent à survivre. Dans la décennie suivante, l’engouement des lecteurs fait que ce monde parallèle est développé, notamment dans les pages de All-Star Comics, dont le 58e numéro paraît presque vingt-cinq ans après le précédent, puisqu’il est daté de janvier 1975. Supervisé en grande partie par Joe Orlando (les scénaristes assurant une part de cette responsabilité éditoriale), le titre se donne pour mission de raconter la vie des héros dans le « présent ». C’est donc des hommes mûrs que l’on voit s’agiter dans les épisodes, dont on sent l’expérience, mais c’est bien la seule différence que l’on peut voir avec, par exemple, Barry Allen ou Hal Jordan, les héros DC n’étant pas comparables aux fougueux (grands) adolescents gaffeurs de Marvel.

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La série est au départ écrite par Gerry Conway, illustrée par Ric Estrada et encrée par Wally Wood, dont la patte nappe carrément le dessin du précédent. Quand celui-ci est remplacé par Keith Giffen, on ne voit pas beaucoup la différence. On la sent quand Wood reprend le dessin entièrement, dan All-Star Comics #64, pour une confrontation avec Vandal Savage : splendide chapitre.

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Dans un premier temps, Conway tente de donner aux aventures des héros une cohérence et une direction. Il glisse des subplots d’aventure en aventure, ouvrant sur un diptyque consacré à Brainwave dans lequel il présente une nouvelle héroïne, Power Girl. S’ensuit l’apparition de Vulcan, un astronaute manipulé par des extraterrestres et tombé du côté obscur. Le scénariste sépare les troupes et annonce ses nouvelles intrigues à l’aide de séquences où il met en vedette les héros qui ne sont pas au front. La succession des combats est sans doute trop rapide, mais il parvient à instiller un sentiment de danger (notamment autour de Doctor Fate), qui disparaîtra avec l’arrivée de son successeur, Paul Levitz.

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Le groupe affronte le surpuissant Zanadu, puis est projeté dans le temps face à Vandal Savage. Levitz continue à glisser des informations annonçant les développements à venir, notamment en mettant en scène un Alan Scott au bord de la faillite et légèrement dépressif, en qui l’on peut sans doute voir une source d’inspiration pour James Robinson dans son Golden Age.

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Néanmoins, ses récits s’alignent avec rapidité mais en donnant l’impression qu’ils n’ont guère de conséquence. Dès le retour de leur voyage dans le temps, les héros sont confrontés à l’Injustice Gang qui vient d’envahir leur QG, donnant l’impression que le scénariste a sauté des épisodes. Il lance des intrigues secondaires mais se perd dans les combats principaux, notamment l’invasion d’une civilisation souterraine. De sorte que ses subplots, qui concernent en grande partie le Psycho-Pirate, tombent un peu à plat.

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Dans l’édition que j’ai, deux tomes parus en 2006 et 2007 (il existe aussi une intégrale en Showcase noir et blanc, et une intégrale en couleur, plus récente), le sommaire du premier volume s’interrompt au numéro 67 (on reprochera à la maquette de zapper les couvertures des comics, et de ne pas lister précisément les auteurs et les dates de sorties), la fin du sommaire étant consacrée à DC Super Special #29, un numéro plus épais dans lequel Paul Levitz, Joe Staton et Bob Layton (sous une couverture de Neal Adams) racontent la formation et les origines de la Société de Justice. Un texte de la rédaction (pas reproduit dans mon édition), précise qu’il s’agit de la réponse à la requête d’un lecteur qui réclamait la réédition des origines. Sauf que ces origines n’avaient jamais été racontées. Les auteurs expliquent que les héros se sont assemblés afin d’empêcher les armées du Troisième Reich d’envahir l’Angleterre et de raser Washington. Récit rétroactif, cet épisode souffre des ellipses habituelles dans le style de Levitz, qui a souvent tendance à trop en raconter pour l’espace imparti.

Jim

J’ai relu récemment Golden Age, la formidable mini-série de James Robinson et Paul Smith, qu’Urban propose en fin d’année dans sa non moins excellente collection « DC Confidential » (que j’appelle « Urban Spécial Origines », dans mon for intérieur, mais ne le répétez pas…).

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La série a déjà été évoquée dans une autre discussion, suivez les liens si vous voulez.

J’en avais gardé un excellent souvenir, mais c’est encore plus savoureux que dans mon souvenir.

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Déjà, l’aspect graphique est de premier ordre. Paul Smith est en pleine forme. Il s’encre lui-même, ce qui apporte un peu de rondeur mais aussi de sécheresse à son trait, c’est plus doux, moins lumineux qu’avec Wiacek, mais d’une élégance incroyable. Il en a profité pour convoquer l’influence d’un auteur dont il est grand admirateur, Alex Raymond. Ça se sent notamment dans la représentation d’Alan Scott, et la scène de bagarre contre Sportsmaster pourrait être tirée de Rip Kirby.

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Aux couleurs, on retrouve Richard Ory, protégé de Chaykin, qui a bossé sur certaines séries de ce dernier, et qui donne beaucoup de matière et de grain, travaillant à la peinture. Toute proportion gardée, notamment parce qu’ils n’officient pas dans les mêmes palettes, il y a quelque chose de Lynn Varley dans son travail, parfait complément au trait de Smith.

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Le dernier artisan de cette réussite visuelle est John Costanza (le lettreur de Ronin, de Dark Knight, des Swamp Thing de Moore et de plein d’autres choses : si c’est bien, il y a cinquante pour cent de chances que ce soit lui), le lettreur, qui parvient à donner une identité visuelle à toutes les voix off qui rythment le récit, puisque Robinson donne accès aux pensées des principaux protagonistes afin d’obtenir une narration chorale du meilleur effet.

L’histoire commence à l’immédiat après-guerre. Comme beaucoup, les justiciers costumés sont démobilisés. Certains tentent de refaire leur vie dans les médias, dans l’écriture, d’autres s’adonnent à la science, certains vivent très mal soit les souvenirs de la guerre soit le retour de la paix… Et l’un d’eux se lance dans la politique. Oh, ce n’est pas le plus connu : l’Américommando, aussi connu sous le nom de Mister America, est pourtant le seul que la population apprécie encore, les autres héros étant assimilés aux années de privation et de deuil.

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Le récit suit différents destins en parallèle. En effet, l’une des belles astuces consiste à ne rassembler l’équipe que sur le tard. En attendant, sur deux épisodes et demi (ce sont des prestige format, d’une quarantaine de pages chacun), nous suivons les déboires et les souffrances de ces anciennes gloires, qui se heurtent à la solitude, à la dépression, au bloquage de l’écrivain, à la ruine financière, à la drogue… Seul Tex Thompson, l’ancien héros devenu politicien, semble maîtriser son destin. Il assemble autour de lui quelques justiciers désabusés à qui il offre une perspective d’avenir. Pour le lecteur, le projet du personnage semble louche, mais Robinson fait preuve de ruse en pointant du doigt les indices exposés puis en leur donnant une explication différente, ou en les faisant passer pour normaux. Certains personnages se méfient de Thompson, mais ils sont dans un tel état de délabrement psychologique qu’on (les autres protagonistes et les lecteurs aussi) ne leur accorde guère de crédit.

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L’un des plus esquintés est Paul Kirk, alias Manhunter, qui est revenu de la guerre avec des trous de mémoire gros comme des cratères lunaires. Il est hanté par des rêves récurrents représentant la mise à mort de l’aigle américain, mais visiblement, son cerveau est détérioré, rien de plus. Un traumatisé du conflit devenu une épave. Mais l’ancien Fatman (sidekick malheureux de Mister America) le reconnaît, et se demande pourquoi des tueurs déploieraient tant de moyens pour abattre un simple clochard.

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C’est à partir de ce moment que Robinson commence à assembler ses pièces. Il décrit un vaste complot, contre l’Amérique, contre le monde, et la vérité arrive dans le troisième épisode, dévoilée par petits bouts, chaque petit groupe de personnages levant une partie du voile (le lecteur composant l’ensemble du tableau en tournant les pages).

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Je ne vous dirais pas de quoi il retourne précisément, les anglophobes pouvant, dans quelques mois, découvrir ce monument du genre super-héros, quelque vingt-sept ans sa publication américaine. Disons simplement que si le quatrième chapitre est une vaste baston épique, c’est aussi là que les personnages se reconstruisent et que l’ampleur du complot est pleinement dévoilée. Un quatrième chapitre qui réserve son lot de surprise.

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Vous l’aurez compris, Golden Age est une métaphore : de la société américaine de l’après-guerre, hantée par ses fantômes et sa paranoïa, mais aussi de l’histoire du genre lui-même, les héros mis en scène subissant le sort (de rejet) imposé à leur contrepartie de papier dans notre univers. Robinson couvre le spectre des fantasmes et des désirs inavoués des justiciers costumés, décrivant les addictions, les doutes, l’estime de soi brisée… Il émaille son récit de portraits assez saisissants : j’ai évoqué Paul Kirk et ses amnésies, mais il faudrait citer Starman et ses tendances suicidaires, Hourman et son addiction à la pilule Miraclo… ou encore l’étourdissant portrait d’Alan Scott, qui se sent tout puissant avec sa bague de Green Lantern, mais qui n’ose plus se servir de son incommensurable pouvoir depuis qu’il s’est rendu compte qu’il n’a pas été en mesure d’empêcher l’horreur atomique qui a mis fin au conflit contre le Japon.

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Paul Smith, qui livre ici le sommet de sa carrière, laisse des images saisissantes et inoubliables. John Costanza donne une police à chaque fil de pensée, la voix de ces héros brisées trouvant une expression typographique. Il va jusqu’à conférer une astuce visuelle aux pensées de Paul Kirk qui est d’une très grande subtilité, d’autant qu’on ne le voit pas tout de suite.

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Les niveaux de lecture de Golden Age sont innombrables, les sujets qu’il aborde, les thèmes que manipule Robinson donnent de multiples facettes au récit, qui est complexe mais surtout d’une grande richesse. Jusqu’au rapport à la continuité, qui démontre que cette réécriture des personnages des années 1940 tient également compte de leur passé : loin d’une trahison, c’est quasiment un hymne à un imaginaire. À un Âge d’Or.

Jim

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Pilier de l’univers DC et référence incontournable pour les amateurs de prestations légendaires, The New Teen Titans s’impose comme un passage obligé, une lecture incontournable. Si le groupe est apparu en 1964, c’est la révision qu’en font Marv Wolfman et George Pérez en 1980 (épaulé par le responsable éditorial Len Wein) qui fera de la série l’un des grands succès de DC et l’une des rares productions de l’éditeur capables de faire un coin d’ombre au grand succès mutant de la concurrence. La série a droit depuis quelques années à une intégrale en TPB souples et à une collection Omnibus, mais avant cela, certains moments clés ont été réédités dans des recueils indépendants. Même s’ils ne sont sans doute plus disponibles, c’est l’occasion de rappeler leur existence, notamment pour les lecteurs qui apprécient les bacs de soldes.

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Terra Incognito est l’un de ces recueils. Il reprend les épisodes 28, 28 à 34 et Annual 2 de la série, et couvre une période où le groupe connaît quelques bouleversements. Le premier d’entre eux est que l’équipe va accueillir dans ses rangs une nouvelle jeune héroïne, Terra, dont les pouvoirs s’exercent sur la terre et le minéral. Perdue et manipulée, elle apparaît sous les traits d’une voleuse à demi-terroriste, jusqu’à ce que les Titans, sur l’impulsion de Changeling, décident de l’aider. Le personnage a un caractère bien trempé, elle n’a pas la langue dans sa poche, elle a mauvais caractère… Ce qui la rend assez attachante d’une certaine manière.

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De l’avis de Wolfman et Pérez, dès l’invention de Terra, les auteurs avaient en tête l’ensemble de son parcours. Et effectivement, ils réservent quelques surprises aux lecteurs. Cependant, ils jouent sur un ressort intéressant, à savoir qu’ils prennent le temps d’installer le personnage, de rendre leur nouvelle chipie sympathique, et quand les lecteurs ont accepté sa présence, ils démontrent qu’elle est en fait acoquinée au Terminator, le mercenaire qu’ils ont affronté au tout début de la série. Ce faisant, ils donnent aux lecteurs une information dont les héros ne disposent pas, procédé assez rusé (employé par Ann Nocenti lors de l’arrivée de Typhoid Mary dans Daredevil…) et qui nourrit une forme de suspense insidieux, puisque les fans se demandent comment les choses vont déraper.

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Le recueil Terra Incognito se conclut sur l’Annual 2, excellemment encré par Pablo Marcos, dont l’encrage plus riche se marie assez bien avec le crayonné détaillé de Pérez. C’est l’occasion de faire connaissance avec le Vigilante, un procureur qui décide de faire la justice lui-même. Il n’est pas innocent que le sommaire du recueil se conclue de cette manière : c’est une période de tournant pour la série, dont les héros goûtent aux limites de leur mission en rencontrant des personnages qui, chacun à leur manière, la pervertissent.

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Jim

L’arrivée de Tara Markov, alias Terra, dans les rangs des (Nouveaux) Jeunes Titans va conduire le groupe vers l’une de ses plus grandes sagas, qui coïncide avec l’un de ses plus grands drames, et ce qui reste encore aujourd’hui comme l’un des sommets de la série : The Judas Contract.

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Comme de juste, l’histoire a été bien souvent rééditée. Pour ma part, j’ai le recueil de 2003, qui a l’avantage de contenir deux préfaces, l’une de Wolfman et l’autre de Pérez, qui ne sont pas reprises dans l’intégrale récente (mais j’ai entendu dire qu’elles étaient contenues dans les Omnibus). Le recueil contient les numéros 39 à 44 de la série (rebaptisée Tales of the Teen Titans au #41) ainsi que l’Annual #3, conclusion de la saga. Dans cette édition, les pages d’ouverture sont ornées d’un bloc titre imitant le marbre, aussi laid qu’embarrant, dispositif fort heureusement absent de l’édition intégrale.

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L’histoire débute alors que les Titans se frottent à la secte de Brother Blood, qui tente de recruter Dick Grayson. C’est plein d’action, mais au-delà des péripéties, on sent bien, aussi, que la série mûrit, lentement mais sûrement. On aborde des thèmes plus durs (ici la religion, ou encore la sexualité dans la représentation de la relation perverse entre Terra et Deathstroke), les personnages grandissent et se blindent, et même le dessin de Pérez évolue.

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Ce dernier, d’ailleurs, explique dans sa préface que la création du personnage de Jericho, un jeune héros muet, l’oblige à travailler davantage le langage corporel, la gestuelle et les expressions faciales de ses personnages. Et c’est vrai que graphiquement, le dessinateur fait des bonds de géant, même s’il parvient à donner à l’ensemble une unité visuelle cohérente. Quelques épisodes plus tôt, il était encore sur les vieux tics qu’il avait développés chez Marvel. Et petit à petit, les personnages gagnent en crédibilité, ils ont tous une silhouette à eux, et même les décors évoluent, s’enrichissent, l’éloignement du clone de Kirby qu’il était encore il y a peu.

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Donc, Terra s’est associée à Deathstroke. Ensemble, ils planifient la chute des Titans, le second afin d’honorer le contrat que son fils avait accepté de la part de l’organisation H.I.V.E., la première… afin de se venger, parce qu’elle n’est pas bien dans sa tête. En effet, Wolfman dresse le portrait d’une adolescente qui veut absolument prouver sa valeur et chez quitte cette quête tourne à l’obsession.

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La série prend délicatement un tournant. Délicatement au début, en tout cas. Inquiet de gérer des personnages qui pourraient être sollicités par d’autres scénaristes pour des séries voisines, Wolfman se débarrasse délicatement de Wally West, alias Kid Flash, qui quitte le groupe. Et l’intrigue que les auteurs mènent va les conduire à redéfinir Dick Grayson aussi, avec le soutien de Dick Giordano, qui chapeaute l’éditorial à l’époque.

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Donc, Tara Markov espionne les Titans pour le compte de Deathstroke. Les lecteurs le savent, mais pas les héros. L’arc « The Judas Contract » débute dans Tales of the Teen Titans #42, date à laquelle les méchants passent à l’attaque. Le récit contient de nombreux moments forts, à l’exemple du premier volet, qui montre de quelle manière Tara prend des clichés de l’intimité du groupe, tout en fomentant son attaque, ou encore la longue séquence durant laquelle Dick fait le tour de ses coéquipiers et découvre de quelle manière ils ont été capturés.

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L’autre moment fort est celui de l’introduction de Jericho, le fameux personnage muet qui mobilise les efforts des deux auteurs. C’est l’occasion pour Wolfman de creuser le personnage du méchant, car en effet, Jericho est le fils de Deathstroke. Le mercenaire avait jusqu’alors été présenté sous l’apparence et la psychologie d’un simple soldat à louer aux capacités surhumaines. Le passé de leur ennemi est développé au fil de plusieurs flash-backs situés dans le numéro 44 et l’Annual, à l’occasion desquels son ancienne épouse Adeline et son compagnon d’armes devenu aide de camp Wintergreen retrace le parcours de l’ancien militaire changé en soldat de fortune. Les séquences fonctionnent d’autant mieux que la manière de raconter diffère selon le narrateur, et que la partie rapportée par Adeline permet aussi de brosser son portrait à elle, à la fois femme forte et brisée, manipulatrice et ballottée par les événements.

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Adeline ne vient pas seule, puisqu’elle est accompagnée de Jericho, capable de prendre possession du corps de ses cibles. Le jeune homme prêtera main-forte à Dick, qui renonce pour le coup à son identité de Robin pour adopter celle de Nightwing, ce qui éloigne Wolfman des séries Batman et lui garantit l’usage libre du personnage.

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La révélation de la trahison de Terra sera douloureuse pour tout le groupe, en particulier Changeling qui perdra petit à petit sa joie de vivre et entretiendra un sentiment de revanche à l’encontre de Deathstroke. C’est d’ailleurs l’objet de quelques épisodes à venir, illustrés à Rich Buckler et Ron Randall, dans lequel Garfield Logan tente de faire la peau de Slade Wilson alors en prison. La tension monte d’un cran quand les deux personnages s’affrontent dans un duel en plein désert… mais l’épisode se conclut sur une confrontation autour d’un café dans un diner local, où le jeune métamorphe et le mercenaire se contentent de parler, de discuter, de mettre les choses au point. Un épisode assez épatant, et à mon sens résolument moderne, surtout pour l’époque (1984, je crois).

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Cette conclusion n’est pas reprise dans ce recueil, mais elle est présente dans l’intégrale, bien entendu. Pour The New Teen Titans (devenue Tales of the Teen Titans…), il y a un avant et un après The Judas Contract. Les personnages ont grandi, ils ont désormais en tête un deuil qui va les hanter, et les deux auteurs sont en pleine possession de leurs moyens. Au point qu’après avoir secoué l’équipe, ils vont bientôt bouleverser l’ensemble de l’univers DC avec Crisis on Infinite Earths, mais ceci est une autre histoire.

Jim

Troisième TPB mémorable, également sorti au milieu des années 2000 (mon édition date de 2005), The Terror of Trigon propose, sous une couverture recolorisée, de compiler les cinq premiers numéros de la série The New Teen Titans de 1984. Le recueil est accompagné d’une introduction de Marv Wolfman qui dit l’importance revêtue par Raven dans la série.

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Profitons de l’occasion pour rappeler le micmac éditorial bâti par DC à cette occasion : l’éditeur cherche à conquérir le marché naissant des librairies spécialisées (ou direct market) et lance une nouvelle version des aventures des héros. Mais plutôt que de créer une nouvelle série en remplacement de la précédente, ils conservent celle-ci, destinée aux kiosques. Si bien que, en 1984, New Teen Titans #1 débarque, tandis que la série précédente devient Tales of the Teen Titans en conservant sa vieille numérotation. Et contiendra des histoires inédites (dont le procès de Deathstroke cité plus haut) pendant un an, délai au bout duquel elle rééditera, avec une année de décalage, le contenu de la série sœur, sous de nouvelles couvertures. Tordu, hein ?

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Cette nouvelle série débute avec le retour d’un ennemi ayant présidé au lancement de ce groupe, Trigon, l’être démoniaque père de Raven, la plus mystérieuse membre de l’équipe. L’irruption du démon dans la baie de New York, autour de l’île abritant la Tour des Titans, annonce déjà les astuces visuelles que Pérez déploiera dans Crisis, à savoir un ciel à la couleur étrange et débordant de nuage. La corruption apportée par Trigon contaminera la ville et ses habitants et finira par atteindre l’âme même des Titans, que la rare Lilith a rejoints (ceci sera expliqué dans l’intérim de l’autre série).

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L’histoire est bien rythmée, avec un sentiment d’apocalypse et de fin du monde qui tourne bien, d’autant que les héros semblent complètement dépassé par la puissance qu’ils affrontent. Graphiquement, Pérez est en pleine forme, et les progrès de l’impression lui permettent quelques fantaisies : certaines séquences oniriques sont représentées sans encrage à partir du deuxième épisode, et c’est du meilleur effet.

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Autre astuce graphique au service du récit, l’évolution physique de Raven. Depuis quelque temps, celle-ci semble en proie aux doutes et à des visions inquiétantes (depuis une rencontre avec Phobia, membre de la nouvelle Brotherhood of Evil). On peut imaginer que les deux auteurs, qui aiment planifier les aventures de leurs héros (et qui officient ici en tant que responsables éditoriaux également), aient déjà organisé cette transformation, mais il est toujours intéressant de voir que l’évolution du trait du dessinateur soit intégré à la narration (un peu comme Byrne qui tire profit de l’évolution de la représentation de Ben Grimm dans Marvel Two-in-One #50, par exemple).

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À la fin de la saga qui dure cinq numéros, Trigon est chassé mais Raven est portée disparue. Un choc pour les héros et pour les lecteurs. Remarquons qu’une autre série jouit du même traitement éditorial (deux séries pour deux réseaux de points de vente), Legion of Super-Heroes, et que l’arc inaugural de la version « direct market » se conclut également par un décès. Il n’en faut pas moins pour attirer et marquer les lecteurs.

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Les lecteurs de 1984 qui suivent les aventures des Nouveaux Jeunes Titans sont gâtés, pour peu qu’ils aient accès à la fois à un kiosque et à une boutique spécialisée : coup sur coup, ils peuvent lire « The Judas Contract » et « Terror of Trigon ». Rétrospectivement, on pourra peut-être reprocher à cette nouvelle mouture de revenir sur les anciennes gloires de la précédente : en effet, Wolfman, aidé par Pérez puis José Luis Garcia-Lopez et Eduardo Barreto, revient sur différentes intrigues déjà évoquées. Après Trigon, c’est la mythologie qu’ils abordent (avec Lilith, éclairant les troubles de la jeune fille récemment ramenée dans l’équipe) ou la Citadelle et Tamaran. Ce reproche consisterait peut-être à ne voir dans cette nouvelle série qu’un coup éditorial destiné à flatter le lectorat et à capitaliser sur des valeurs sûres. Deux points semblent cependant invalider cette approche : d’une part, le fait que l’éditeur décide de faire deux séries semble impliquer qu’il croit les deux marchés imperméables l’un à l’autre, ce qui démonte l’argument de la valeur sûre. D’autre part, à bien lire la série (dans l’ordre logique voulu par les auteurs : en gros, dans Tales of the Teen Titans), la fluidité des événements place cette saga dans la droite lignée de ce qui a été fait précédemment, en suite directe, en développement logique.

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Graphiquement, Pérez assure comme un beau diable. Il convoque des images fortes, à l’exemple de ces tortillons de roches sur lesquelles s’accrochent les âmes des victimes de Trigon. Autre belle astuce visuelle, les héros sont confrontés à leur part négative manifestant leur corruption, et celle-ci est représentée en trames, sans couleur, silhouette grise au milieu de la planche. L’ensemble est fort et bien rythmé, avec une caractérisation efficace, même si les dialogues appuient sans doute un peu trop les effets. Un sacré morceau, qui propulse la série encore un peu plus haut dans les lectures recommandées de l’époque, et qui subit avec aisance l’épreuve des ans.

Jim

L’explication de Perez :

Well, a reader wrote in and asked if they were now deliberately making Raven look more demonic. That was not the case, but when Perez and Wolfman saw the letter, it made them think, « Hey, yeah, let’s do that! » Perez explained it to Andy Mangels in Comics Interview #50, « When we received a letter from someone saying “Hey, you know, I’ve noticed that the face has been changing, you’re making her look almost demonic, was that deliberate?” It wasn’t, then, but it became that way from that point on! (Laughter.) That’s when we decided to use that scene inside TITANS #1, based on that one letter. It started as something I was doing because I was adapting my style. Then I suddenly decided to use a story element. The face was changed, but it wasn’t because George Perez style was changing, it was because it was a deliberate change. So it was an accidental deliberate change. »

Ah c’est cool d’avoir confirmation de ça.
Quand j’ai lu l’histoire en VF il y a plus de trente ans, j’ai pensé qu’effectivement, les auteurs s’étaient aperçus de quelque chose et en avaient tiré profit. Plus récemment, en lisant des témoignages, je me suis rendu compte que Wolfman et Pérez travaillaient vraiment en amont et prévoyaient plein de choses (et le fait qu’ils aient officié comme editors du titre plaidait pour une préparation minutieuse). Donc j’avais le doute.
Merci d’avoir trouvé ça !

Jim

Le quatrième recueil sorti dans les années 2000 et concernant la série New Teen Titans est intitulé « Who is Donna Troy? » (contrairement aux trois précédents, il concerne une période de la série qui n’a pas eu droit à une version française). Enfin, la phrase ci-dessus est un peu mensongère (au même titre que la couverture du TPB) dans le sens où la série, une nouvelle fois, a changé de titre, devenant The New Titans, les héros abandonnant à cette occasion leur statut d’adolescents. On verra que la nature de l’intrigue donne également une autre signification à ce changement d’appellation.

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Rappelons pour la forme que la deuxième série The New Teen Titans avait été lancée en 1984 afin de conquérir le marché des librairies spécialisées, tandis que la première série avait été rebaptisée Tales of the Teen Titans (sans « new ») afin d’atteindre les lecteurs de kiosques. Celle-ci s’était éteinte au bout de quelque temps, ne laissant que la version de 1984, qui approche, au moment des faits, de son numéro 50. Rappelons également qu’il s’agit du second numéro 50 de l’histoire de « la » série, puisque Tales of the Teen Titans #50 avait abrité le mariage de Donna Troy et Terry Long. Ces petits rappels permettent de situer le parcours éditorial du titre, mais également d’établir un pont entre les événements éditoriaux, tous deux focalisés autour de Donna, et tous deux dessinés par George Pérez. En effet, le co-créateur de la série revient illustrer un chapitre important du groupe, après avoir illustré Crisis on Infinite Earths et avoir contribué à remettre Wonder Woman en selle. Après vingt-quatre épisodes en compagnie de l’Amazone, il revient faire la lumière sur la version adolescente de celle-ci, Wonder Girl.

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Là encore, cette précision est importante. En effet, Crisis on Infinite Earths est passée par là, apportant une solution radicale à un « problème » inquiétant lecteurs, auteurs et responsables éditoriaux (à savoir : la continuité) mais également son lot de problèmes. Et l’un d’eux concerne Donna Troy. En effet, il est admis depuis les années 1960 (et il me semble que Wolfman, alors en début de carrière, a contribué à établir ces détails) que la jeune femme a été recueillie dans un orphelinat en flammes puis élevée sur l’île des Amazones. Cependant, après Crisis, les lecteurs savent que Wonder Woman vient d’arriver dans « le Monde des Hommes », tandis que le passé héroïque de Donna est conservé, y compris son passage à l’orphelinat et ses premières aventures parmi les Titans. Donc, elle ne peut pas avoir été recueillie et formée par Diana. Il faut donc résoudre la contradiction. Comme souvent dans les comic books, l’affaire ne se limite pas à trois bulles explicatives mais mobilise une véritable saga d’ampleur cosmique, en cinq épisodes, un format que semble affectionner Wolfman puisqu’il l’avait déjà employé pour « The Terror of Trigon ».

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La série change de titre, donc. Jusque-là, elle était illustrée par Eduardo Barreto, souvent encré par Romeo Tanghal (le résultat est très chouette mais on pourra regretter que le dessinateur n’ait pas assuré l’encrage, tant le résultat est en général d’une qualité supérieure). Je n’ai pas tout lu de cette période. Je ne sais donc pas comment Raven est revenue (dans une tenue blanche marquant sa résurrection, à la Gandalf, quoi) ni comment l’irritant Danny Chase a intégré l’équipe. Qu’importe, la relance du titre rend l’ensemble très accessible. Pour The New Titans #50, Pérez revient au dessin, sous une couverture peinte qu’il réalise en hommage au tout premier épisode de la série. Celle de The New Titans #54 est également un hommage, et il me semble que les autres aussi, même si ma connaissance de la série et ma mémoire ne me permettent pas de m’en assurer sans vérification (et aujourd’hui, c’est dimanche, donc j’ai la flemme !). Le premier chapitre de la saga est encré par Pérez, Bob McLeod et Romeo Tanghal. Les planches de McLeod sortent du lot, tant ce dernier confère aux crayonnés de Pérez des ombres et des modelés sans perdre en précision. Je n’ai jamais été un inconditionnel de McLeod, mais parfois certaines associations sont miraculeuses, et sa prestation ici en fait partie. Ses drapés évoquent un peu le travail de Tom Palmer, la rondeur de certains cernés celui de Joe Rubinstein, bref, je suis conquis. Et c’est dans les cases où il rajoute des ombres et travaille les éclairages que le résultat est le plus réussi. Tanghal encrera le dernier chapitre, avec son professionnalisme habituel, mais la richesse des matières sous le pinceau de McLeod disparaît.

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Donc, Wolfman et Pérez doivent expliquer comment, malgré le ravalement subi par l’univers DC, Donna peut avoir vécu… ce qu’elle a vécu. Ils ne perdent pas de temps : dès le premier chapitre, la Tour des Titans est attaquée par des extraterrestres voyageant par l’entremise d’une boule métallique de petite taille (l’épisode suivant sera l’occasion d’une référence à Doctor Who). Après une baston brève mais dynamique, les jeunes héros se retrouvent face à une vieille femme, qui affirme à Donna que tous ses souvenirs sont des mensonges (le tout à grands renforts de pleine page où Pérez s’ingénie à bien montrer l’illusion). Épuisée et vieillissant à vue d’œil, elle avoue être Phoebe, déesse de la Lune.

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Le deuxième chapitre est l’occasion d’un vaste flash-back dans lequel la vieille femme en toge lève le voile : les Titans de la mythologie, que nos héros ont déjà croisés à plusieurs reprises, sont partis dans l’espace afin de s’installer en tant que dieux d’un nouveau système. Mais les choses ont mal tourné, des demi-dieux sont apparus, tout est parti en vrille et, privés de fidèles et d’un monde sur lequel régner, les Titans se mirent à dépérir. Dans un dernier geste, l’une d’elles a éparpillé son énergie sur différentes planètes, afin de semer des « graines » (le terme « seeds » est utilisé dans le récit) dans le but de fabriquer une nouvelle génération d’être quasi-divins, de « nouveaux Titans » (d’où la polysémie de ce nouveau changement de titre), en recueillant des orphelins sur différents mondes, en les élevant parmi eux afin de leur conférer de grands pouvoirs, puis en les laissant guider leur peuple afin de pérenniser l’héritage mythologique. Donna Troy fait partie de ces enfants élus.

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Le flash-back explique également que l’une des « seeds » en question, baptisée Sparta (les orphelins portent tous des noms de cités antiques), a décidé d’user de ses capacités afin de protéger son peuple puis de régner sur lui (à la Sinestro). Et sa folie la conduit à abattre les autres « graines » afin de récupérer son pouvoir et de devenir plus forte (à la Highlander). Désireuse de recouvrer ses pleins souvenirs et comprenant que sa vie n’est qu’un mensonge (schéma classique), Donna décide d’aller voir sur place, épaulée par ses équipiers.

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Les trois derniers épisodes de la saga propulsent l’équipe dans l’espace. Le moins que l’on puisse dire est que ça tabasse. Alliances, trahison, règlements de compte, retrouvailles, l’ensemble bouge beaucoup. Les héros en prennent plein les gencives, notamment Cyborg, proprement démembré en place publique (là non plus, je n’ai pas lu la suite, mais j’ai bien l’impression que Wolfman va se servir du « reformatage » et de la « reconstruction » du personnage par la suite).

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L’une des forces du récit est de montrer la solidarité du groupe, qui sait désormais travailler ensemble (les Titans ont appris à tirer parti des pouvoirs de Jericho tout en protégeant ce dernier). L’autre point fort se trouve dans le retour, quand cette mission fait peser ses conséquences sur l’équipe, en termes de fatigue et de traumatisme. Et puisque l’on parle de conséquences, il faut souligner que le dernier chapitre se conclut sur l’apparition de Troia, nouvelle identité de Donna.

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Les origines de la jeune héroïne seront revisitées par la suite, notamment par Jay Faerber, là encore afin de mieux coller à la continuité. Mais pour l’heure, cette version tiendra quelque temps. Le TPB rassemble cette saga, précédée de l’épisode « Who is Wonder Girl? », issu de The New Teen Titans et dans lequel Dick Grayson tente d’éclairer le passé de son ami, et du mariage de Donna et Terry. Elle est également suivie d’un court épisode illustré par Phil Jimenez et situé après la « mort » de Donna. Le sommaire donc un peu disparate rend l’approche du personnage peut-être confuse, malgré la présence d’un petit encadrement éditorial destiné à l’éclairer. En plus de ce sommaire désordonné, le choix de l’équipe éditorial a été de supprimer les planches liées à des événements extérieurs, à l’exemple du cross-over Invasion ou de la mort de Jason Todd : les cinq épisodes de « Who is Donna Troy? » et son épilogue dans le numéro 55 sont présentés à la file, d’un bloc. Cela ne nuit guère à la lecture mais on sent, à des détails de ce genre, que les préoccupations éditoriales ont bien évolué en quinze ans, dans la constitution d’un TPB.

Jim

Ce qui, quand on regarde les choses avec un peu de recul, est tout de même une des couillonnades éditoriales les plus spectaculaires de Crisis. Je ne parle même pas de Hawkman, il compte pour du beurre. Mais Wonder Woman est censée être un des piliers de l’univers DC. Il n’y a donc eu personne, à un moment, pour taper sur la table et dire « Non, George, ton origine revampée de Wonder Woman, tu vas la caser quelques années auparavant, comme tes petits camarades Byrne et Miller ».

J’imagine qu’il y a des raisons de calendrier à cela (du genre panique générale au moment de la sortie de Legends), mais franchement, ça fait pas sérieux. Et quelques années plus tard, on a droit à ça, la nouvelle « première rencontre » officielle des deux Wonder Persons :

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(Notons la présence à l’image de Tortue Géniale, qui n’a rien à foutre là)

Sacrés journalistes, c’était donc de leur faute. Tiens, le saviez-vous : dans l’univers DC post-Crisis, Marilyn est apparue après Madonna, qui elle-même s’appelait Madonna Monroe, et les journalistes l’ont surnommée Marilyn Monroe comme ça, sans raison. Tout est décidément plus simple.

Le premier tome consacré à All-Star Comics (version années 1970), s’est arrêté au numéro 67. Le tome suivant (je rappelle qu’il existe une intégrale noir & blanc en Showcase et une intégrale en couleurs, plus récente) reprend dès le numéro suivant, complétant la série sous une couverture de Brian Bolland.

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La série bénéficie du dessin de Joe Staton, énergique mais inégal. On sent qu’il aime ses personnages et qu’il s’investit, mais il y a toujours une case bancale ou un visage raté. En revanche, chose étonnante, les couvertures sont signées par un tandem assez incertain, Al Milgrom encré par Jack Abel. Le premier n’est pas un grand dessinateur et le second est un encreur assez sec et minimaliste dont le trait affaiblit bien souvent les crayonnés qu’il complète. Et pourtant, les couvertures sont très agréables à regarder. D’autant plus que le sommaire de ce recueil en tient compte, là où le tome précédent les avait passées sous silence.

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L’intrigue reprend alors que le comportement de certains personnages, notamment Alan Scott, est trouble. On apprend que le Psycho-Pirate n’est pas pour rien dans les derniers événements. Bruce Wayne, qui est devenu commissaire à Gotham, prend de l’importance dans l’intrigue.

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Parallèlement, le scénariste, Paul Levitz, lance quelques subplots, tournant autour de la lointaine Égypte et impliquant Hawkman et Doctor Fate. Quelque chose se prépare. Pendant ce temps, l’équipe évolue, accueillant The Huntress, nouvelle justicière qui avouera son identité (c’est la fille de Bruce Wayne) à Wildcat.

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Quelques idées intéressantes apparaissent : par exemple, le Star Spangled Kid, qui vient de réapparaître dans ce monde, découvre que la société a continué à tourner, et que sa fortune familiale est passée entre différentes mains, au point de servir des causes contestables. La confrontation avec la Strike Force est assez intéressante à ce niveau.

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La série s’interrompt avec le numéro 74, qui permet à Levitz de mener à bien l’intrigue qu’il avait fait apparaître par petites touches en subplots. En gros, le Master Summoner qui avait contacté Hawkman et Doctor Fate s’avère un manipulateur qui veut mettre fin à la création. Ses motivations ne sont pas très claires, et le suspense que Levitz était parvenu à constituer était plus passionnant que l’épisode en lui-même, dont la seule belle astuce consiste en une réunion durant laquelle Fate affirme à ses alliés que la meilleure manière de vaincre l’entité… est de ne rien faire. Comme souvent chez Levitz, la conclusion manque d’allant, tout est réglé un peu rapidement. Et le titre s’arrêtant, il n’a même pas l’occasion de consacrer un autre épisode à la situation après la crise.

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Les héros de l’Âge d’Or n’ont donc plus de foyer et émigrent dans les pages d’Adventure Comics #461 à 466, ce qui permet à Levitz de boucler ses intrigues en cours, un peu à marche forcée. Désormais, ils doivent partager la couverture de cette anthologie avec les autres vedettes du sommaire. Un sommaire constitué par Levitz lui-même (précédemment, le titre était supervisé par Joe Orlando), et dont la deuxième de couverture nous montre la première version de l’illustration, ce qui permet de comprendre que la Société de Justice a remplacé Deadman dans l’image, ce dernier étant relégué en bas de la composition.

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Levitz continue ses intrigues et choisit de taper fort dès le début en chroniquant l’existence d’un homme disposant d’un pouvoir sensationnel et demandant à parler au commissaire Wayne. On imagine que ces épisodes étaient prévus au départ pour All-Star Comics, ce qui laisserait entendre que le scénariste ne prend pas le temps de laisser ses personnages souffler. C’est un peu un défaut de la série, qui laisse l’impression que les aventures n’ont guère de conséquence. Les choses vont changer justement avec cette intrigue qui va mener à l’explosion du nouveau personnage, qui entraîne Bruce Wayne dans la mort.

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Étonnamment, il ne préserve pas la surprise, puisque l’événement se trouve en couverture et en première page de l’épisode, qui ouvre le sommaire. On peut sans doute y voir la volonté de marquer le coup et d’attirer le public. La mort de Batman et l’enterrement qui s’ensuit donne lieu à un échange très intéressant entre Helena Wayne et Dick Grayson, la première refusant que le second reprenne le rôle. Chose rare dans la série, un peu d’émotion passe entre les personnages.

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L’épisode suivant se penche sur une question restant en suspens après le drame qui vient d’arriver : d’où vient le pouvoir dont disposait l’assaillant ? Dans un chapitre très agréablement encré par Dave Hunt, les héros se frottent à un pouvoir mystique et font corps : l’équipe fonctionne très bien, les ajouts récents, notamment féminins, étant parfaitement intégrés.

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Le dernier épisode de ce passage dans Adventure Comics, et qui referme le sommaire du recueil, est composé par un grand flash-back. Huntress raconte à Power Girl pourquoi les héros ont cessé leurs activités au début des années cinquante. En fait, après avoir déjoué un plan d’espions d’une autre nation, ils ont été convoqués devant une commission sénatoriale, qui refuse de croire qu’un autre pays pourrait disposer d’une technologie susceptible d’envoyer une station orbitale dans l’espace. Les politiciens demandent aux héros de dévoiler leurs identités, mais ceux-ci refusent et quittent l’assemblée, renonçant du même coup à leurs activités de justicier.

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Très bien servi par un Staton qui s’encre lui-même (il y a encore des dessins bancals, mais ses choix d’encre donne de la vie à ses cases), Levitz pose là un jalon de l’univers DC et de sa continuité. L’épisode sera repris notamment par Roy Thomas et conservé dans les timelines à venir, et sera également une source d’inspiration pour la série Golden Age de James Robinson et Paul Smith.

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Les aventures de la Société de Justice prennent fin dans les années 1970. Mais les bases seront posées pour d’autres déclinaisons (notamment la série de Thomas et Ordway), et surtout, Levitz, s’il n’aura pas réussi à rendre palpitantes les aventures, aura imposé des personnages (notamment Huntress) et une continuité qui servira de tremplins à nombre de ses collègues.

Jim

J’aime beaucoup cette Huntress, classe et gothique.

C’est un récit Terre-2, Jim?

Oui oui, je l’avais précisé dans les commentaires du premier tome, en août, j’ai oublié de le rappeler ici : mais ouais, les deux tomes de Justice Society ainsi que le tome de Huntress se déroulent sur Terre-2, avant la Crisis de Wolfman et Pérez en 1985.

Jim

Ah mais c’est pour ça aussi…

…qu’elle est sur Terre-1

Je viens de me replonger dans le TPB Return of Barry Allen. Ce fameux récit, qui à mon sens constitue l’un des grands moments du Bolide Écarlate, toutes identités confondues, est également à mes yeux le véritable signal de départ pour la première prestation de Mark Waid sur le titre.

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Le scénariste est arrivé sur la série à l’instigation de son ami, le responsable éditorial Brian Augustyn, et a déjà livré quelques histoires marquantes, parmi lesquelles « Born to Run », une relecture des origines, ou encore « Gorilla Warfare », un cross-over avec la série Green Lantern. Mais dans l’ensemble, si le scénariste ne démérite pas, il se contente d’installer durablement un Wally West auquel Mike Baron a conféré un tempérament original et que William Messner-Loeb a amené à s’amender et à accepter son rôle d’héritier de Barry Allen.

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Nous sommes en 1993 et, effectivement, le spectre de Barry hante encore Wally. Cela fait partie de la définition du personnage. C’est aussi pour cela que Waid prend le temps de le faire interagir avec d’autres héros, et notamment Jay Garrick, le Flash de l’Âge d’Or, dans le cadre de la fameuse logique générationnelle propre à l’univers DC. Le scénariste et le responsable éditorial, bien conscients qu’une frange du lectorat garde à l’idée un éventuel retour du mentor disparu dans Crisis on Infinite Earths, décident de frapper un grand coup et d’annoncer la nouvelle tant attendue. Sauf qu’ils ont une idée en tête…

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Tout commence à la fin de Flash #73, un « épisode de Noël » à l’issue duquel, sur le pas de la porte, surgit Barry Allen, que tout le monde croyait mort. L’équipe s’amuse de la surprise, puisque, en sur-titre de cet épisode, ils ont bien indiqué « Guest-starring: the original Scarlet Speedster! » Comme on y voit Garrick, les acheteurs ont fait le lien avec lui, et se sont retrouvés saisis par la révélation de dernière page.

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Dès l’épisode suivant, Waid n’hésite pas à passer en revue diverses conséquences de ce retour : Wally se retrouve face à ce mentor dont le souvenir l’a hanté et ne sait pas comment réagir ; Barry ne sait pas que Pied Piper est réformé et s’en prend à son ancien ennemi ; Hal Jordan passe prendre des nouvelles… L’épisode s’appelle « Trust », et met donc l’accent sur la confiance et la foi… et bien entendu leur antonyme, la méfiance.

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Parallèlement, un groupuscule sur-équipé, The Combine, attaque les villes jumelles de Central City et Keystone City, occupant les héros. Et pendant que Wally fait équipe avec Barry, c’est par le biais de Jay Garrick que l’attention des lecteurs est attirée sur différents indices, sur les doutes que l’on pourrait entretenir à l’égard d’un Barry qui semble décalé, pas à sa place. On le serait à moins, mais tout de même.

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Le récit de Waid est aussi l’occasion de l’arrivée d’un personnage qui aura une importance considérable dans ses épisodes suivants, mais aussi dans l’univers de Flash : Max Mercury, le sage zen de la vitesse. Travailler sur l’héritage amène le scénariste à développer les pistes pour la suite, à étendre le mythe.

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Je crois que je ne dévoilerais aucun mystère en disant qu’en fait, en lieu et place de Barry Allen, c’est à Zoom, le Reverse-Flash, amnésique, que les héros et les lecteurs font face. Le doute s’est insinué dans l’esprit de Wally qui ne reconnaît pas son mentor, qui s’étonne de certains de ses propos, et qui attendra de trouver une preuve dans un exemplaire d’un livre écrit par Iris West dans le futur pour comprendre qu’effectivement, ce n’est pas Barry qui est revenu.

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Face à l’un des pires ennemis de son mentor, Wally s’accomplit parfaitement. Ce récit, qui à l’origine était notamment destiné à jouer sur les attentes des fans les plus accros, est aussi l’occasion de propulser l’héritier au rang de héros de plein droit. Il est désormais entouré d’un escadron de Bolides qui le soutiennent, et il a fait ses preuves face à un adversaire redoutable.

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C’est Greg Larocque, encré par Roy Richardson, qui illustre cette saga. Son style est un peu raide, ses personnages un peu lourds, mais il ne lésine pas sur les grandes cases, les mâchoires crispées et les effets de vitesse. Symboliquement, le dernier épisode de la saga, publié dans l’épisode 79, est aussi le dernier que Larocque réalise. Le mois suivant, il cède la place à Mike Wieringo, qui apporte un style plus rond, plus cartoony, et ouvre la voix à une envolée graphique confirmée avec les épisodes de Carlos Pacheco puis d’Oscar Jimenez. C’est la véritable envolée de la série, qui connaîtra dès lors des moments passionnants et une profonde exploration du mythe. Mais selon moi, « Return of Barry Allen » est le véritable coup de sifflet annonçant cette grande période.

Jim