De 1940 à 1951, la Justice Society of America vit de nombreuses aventures dans les pages de All-Star Comics, à l’occasion de 57 livraisons qui donnent la vedette aux héros des deux sociétés composant DC Comics, National et All-Allied. Comme beaucoup de séries de super-héros, le titre ne survit pas à l’après-guerre et les héros tombent plus ou moins dans l’oubli.
Jusqu’aux années 1960 et aux rencontres assemblant la Société et la Ligue, dans les pages de Justice League of America, à la suite du fameux Flash #123 qui a mis en avant le concept de Terre-2. C’est sur ce monde que les vieux héros de l’Âge d’Or continuent à survivre. Dans la décennie suivante, l’engouement des lecteurs fait que ce monde parallèle est développé, notamment dans les pages de All-Star Comics, dont le 58e numéro paraît presque vingt-cinq ans après le précédent, puisqu’il est daté de janvier 1975. Supervisé en grande partie par Joe Orlando (les scénaristes assurant une part de cette responsabilité éditoriale), le titre se donne pour mission de raconter la vie des héros dans le « présent ». C’est donc des hommes mûrs que l’on voit s’agiter dans les épisodes, dont on sent l’expérience, mais c’est bien la seule différence que l’on peut voir avec, par exemple, Barry Allen ou Hal Jordan, les héros DC n’étant pas comparables aux fougueux (grands) adolescents gaffeurs de Marvel.
La série est au départ écrite par Gerry Conway, illustrée par Ric Estrada et encrée par Wally Wood, dont la patte nappe carrément le dessin du précédent. Quand celui-ci est remplacé par Keith Giffen, on ne voit pas beaucoup la différence. On la sent quand Wood reprend le dessin entièrement, dan All-Star Comics #64, pour une confrontation avec Vandal Savage : splendide chapitre.
Dans un premier temps, Conway tente de donner aux aventures des héros une cohérence et une direction. Il glisse des subplots d’aventure en aventure, ouvrant sur un diptyque consacré à Brainwave dans lequel il présente une nouvelle héroïne, Power Girl. S’ensuit l’apparition de Vulcan, un astronaute manipulé par des extraterrestres et tombé du côté obscur. Le scénariste sépare les troupes et annonce ses nouvelles intrigues à l’aide de séquences où il met en vedette les héros qui ne sont pas au front. La succession des combats est sans doute trop rapide, mais il parvient à instiller un sentiment de danger (notamment autour de Doctor Fate), qui disparaîtra avec l’arrivée de son successeur, Paul Levitz.
Le groupe affronte le surpuissant Zanadu, puis est projeté dans le temps face à Vandal Savage. Levitz continue à glisser des informations annonçant les développements à venir, notamment en mettant en scène un Alan Scott au bord de la faillite et légèrement dépressif, en qui l’on peut sans doute voir une source d’inspiration pour James Robinson dans son Golden Age.
Néanmoins, ses récits s’alignent avec rapidité mais en donnant l’impression qu’ils n’ont guère de conséquence. Dès le retour de leur voyage dans le temps, les héros sont confrontés à l’Injustice Gang qui vient d’envahir leur QG, donnant l’impression que le scénariste a sauté des épisodes. Il lance des intrigues secondaires mais se perd dans les combats principaux, notamment l’invasion d’une civilisation souterraine. De sorte que ses subplots, qui concernent en grande partie le Psycho-Pirate, tombent un peu à plat.
Dans l’édition que j’ai, deux tomes parus en 2006 et 2007 (il existe aussi une intégrale en Showcase noir et blanc, et une intégrale en couleur, plus récente), le sommaire du premier volume s’interrompt au numéro 67 (on reprochera à la maquette de zapper les couvertures des comics, et de ne pas lister précisément les auteurs et les dates de sorties), la fin du sommaire étant consacrée à DC Super Special #29, un numéro plus épais dans lequel Paul Levitz, Joe Staton et Bob Layton (sous une couverture de Neal Adams) racontent la formation et les origines de la Société de Justice. Un texte de la rédaction (pas reproduit dans mon édition), précise qu’il s’agit de la réponse à la requête d’un lecteur qui réclamait la réédition des origines. Sauf que ces origines n’avaient jamais été racontées. Les auteurs expliquent que les héros se sont assemblés afin d’empêcher les armées du Troisième Reich d’envahir l’Angleterre et de raser Washington. Récit rétroactif, cet épisode souffre des ellipses habituelles dans le style de Levitz, qui a souvent tendance à trop en raconter pour l’espace imparti.
Jim