RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

au pire?
Il me semble avoir lu du bon sur son run sur Flash dans scarce et pas du pire sur Wonder Woman… Sur Thor c est assez bon. Tout le monde oublie que Ellis fait son arc et s en va sans vraiment se dépatouiller de rien… et que c est lui qui gère jusqu a onslaught… c etait sympa (je trouve même mieux qu ellis qui ma foi introduit mais n a pas a gerer…)

j’ai du survoler la partie que je viens de relire.

Je pense.
Ça va pour cette fois, mais que je ne t’y reprenne pas.
Moi qui mets tellement d’âme à ces petites notules, tu fais pleurer mon petit cœur…

Jim

Le TPB Batman: Second Chances, sorti en 2016 (et très rapidement introuvable : sans doute a-t-il bénéficié d’un petit tirage que l’éditeur n’a pas jugé bon de prolonger, chose étonnante pour un récit du protecteur de Gotham), couvre une période intermédiaire de l’histoire du héros, que l’on pourrait légitimement qualifier de ventre mou, sans paraître trop cruel.

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En fait, cette période creuse n’est pas inintéressante en termes de récits. Mais elle témoigne d’une époque où la série (et le personnage) est en pleine recherche. Resituons le contexte. Batman est jusque-là écrit par Doug Moench, qui plonge dans les ambiances sombres influencées par le polar et le pulp. Il est en général secondé par Tom Mandrake, et le Chevalier Noir affronte des tueurs et des psychopathes. C’est plutôt sympa, pas aussi mémorable que la future prestation de Moench avec Kelley Jones, mais c’est agréable à lire. Le tout est supervisé par Len Wein, qui quitte le titre avec le numéro 400, en partie traduit chez Comics USA il y a de longues années. Wein est remplacé par Denny O’Neil, qui fait ses premiers pas d’editor avec le numéro 401, un épisode écrit par Barbara Randall et dessiné par Trevor Von Eeden, où intervient la voleuse Magpie.
Dans le numéro suivant, il donne officiellement les clés de la série au romancier Max Allan Collins (dont je conseille la série de Nolan, son Dortmunder à lui, ainsi que la série des Nathan Heller, qui se situe dans le Hollywood des années 1930). Ce dernier commence sa prestation avec un diptyque consacré à un psychopathe qui se prend pour Batman.

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Mais bien sûr, les choses ne se passent pas comme tout le monde l’espère. Rien que ce diptyque témoigne des difficultés qu’O’Neil éprouve à stabiliser une équipe créatrice. Le premier épisode est dessiné par Jim Starlin, qui n’est pas au sommet de son inspiration (ses personnages arborent une grosse tête et des yeux rapprochés), tandis que le second est illustré par Denys Cowan, qui livre des planches efficaces mais complètement inspirées du Dark Knight de Miller, au point que certaines cases, presque décalquées, rendent l’hommage un peu gênant.
Puisque l’on parle de Miller, c’est à ce moment qu’O’Neil décide de publier Year One en feuilleton, dans Batman #404 à 407. L’editor est dans une logique de redéfinition du personnage, qui correspond à la nouvelle donne de l’univers DC après Crisis, mais également à sa volonté de marquer une rupture et de moderniser le contexte, afin de remettre le personnage sur le devant de la scène. Rétrospectivement, le boulot d’O’Neil sera considérable, mais au détriment de Collins, ce que ce TPB démontre facilement.

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Donc, Collins revient au #408, avec pour mission de redéfinir le rôle et la présence de Robin auprès de Batman. L’intrigue est annoncée avec une promo un peu menteuse, présentant Robin suspendu dans le vide, au milieu d’une cible de visée de fusil. Le premier chapitre replonge dans une aventure où Batman et Robin (alors Dick Grayson) affrontent le Joker. S’ils parviennent à arrêter le Clown du Crime, Dick se prend une balle et renonce à sa carrière (momentanément, on le sait). La nouvelle se répand, et l’opinion publique, persuadé que Robin est mort, se retourne contre Batman. Même Gordon fait les gros yeux. La belle trouvaille de Collins, c’est le rôle qu’il accorde à Vicky Vale. Déjà apparue dans l’épisode dessiné par Cowan, la jolie journaliste rousse entame une croisade contre le justicier, tout en se rapprochant de Bruce Wayne. Le point de vue du philanthrope intéresse la chasseuse de scoop, d’autant qu’elle aimerait tirer profit du drame qu’il a vécu enfant, à Crime Alley. Ce faisant, Collins parvient à renouer avec la dimension sociale du personnage, qui a déjà fait les beaux jours de périodes passées (Robbins, Conway, Wein…).

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Dans le même épisode, alors qu’il est en patrouille dans les bas-fonds, il rencontre Jason Todd. Ce dernier ayant déjà été inventé par Conway en 1983, le lecteur comprend bien qu’il s’agit d’une réécriture. Mais les choses ne sont pas claires : aucun récitatif de temps ne vient éclairer la lecture par un « quelques mois plus tôt », on est donc dans une sorte de « reboot », qui ne dit pas son nom, mais qui est symptomatique du bazar général qui a touché l’univers DC pendant les quelques mois qui ont suivi Crisis. Ce petit goût d’inachevé ne touche pas que le lecteur. Collins, dans ses commentaires et ses interviews, remarque que son humour décalé a fini par le mettre en porte-à-faux avec O’Neil. Par exemple, quand Batman rencontre Jason, ce dernier vient de délester la Batmobile de ses quatre pneus. Plutôt que d’offrir au garnement la grimace crispée qu’on est en droit d’attendre du Chevalier Noir, ce dernier explose de rire face à l’absurdité déconcertante de la situation. La tonalité décalée annonce les intentions du scénariste, mais celles-ci ne sont pas du goût du lectorat, ce qui se fera sentir sur le long terme.

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La difficulté à fixer une équipe se fait également sentir. Le #408 est dessiné par Chris Warner, dans une ambiance plutôt convaincante, mais le #409 est dessiné par Ross Andru. L’un comme l’autre font du bon boulot, mais ça fait quand même quatre équipes artistiques pour quatre épisodes de Collins. L’auteur n’est pas servi dans les meilleures conditions, et cela ne fait que mettre en évidence l’originalité du ton qu’il donne à ses récits, et donc de son rapport au public. Tendu.

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Au fil des épisodes, Collins, suivant les directives d’O’Neil, continue à mettre en scène le Dynamique Duo, et tente de rendre Jason Todd sympathique auprès d’un public qui déteste le personnage depuis sa création sous le règne de Conway, notamment en opposant le nouveau Robin à Two-Face. Fils d’un petit malfrat, l’orphelin Jason est persuadé que le super-vilain a tué son père, ce qui conduit le tandem à affronter le criminel (presque) bicéphale. Une fois de plus, la partie artistique est confiée à quelqu’un d’autre, puisque Dave Cockrum monte à bord, épaulé notamment par Don Heck (certaines planches ressemblent d’ailleurs davantage au travail du second qu’à celui du premier) ou Mike DeCarlo. À la lecture des épisodes concernant Two-Face, remplis de couleurs chatoyantes et d’objets gigantesques, on décèle une logique très dickspranguienne dans l’approche de Collins. Mais qui ne colle sans doute pas avec les ambitions éditoriales du moment.

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La prestation de Collins se conclut sur un dernier épisode (orné d’une magnifique couverture de Kevin Nowlan) dans lequel Batman affronte une nouvelle vilaine, la Mime. O’Neil rompt alors ses relations avec le scénariste, avec qui il n’aura pas su s’accorder, et après un épisode écrit par Jo Duffy et illustré par un jeune Kieron Dwyer (sous une couverture de Walt Simonson, aussi jolie que la précédente), il confie la série à Jim Starlin. Ce dernier n’en signe que le scénario, puisqu’il est associé à Jim Aparo, vétéran de l’univers gothamien. O’Neil a enfin son équipe stable. Aparo livre d’ailleurs des planches au trait souple qui évoquent un peu son travail sur Brave and the Bold : c’est aussi joli que narratif, et le dessinateur n’a pas encore installé son dessin un peu sec qui sera le sien dans les années 1990.

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En écho à la détestation du public, Starlin n’aime pas le nouveau Robin. Ses deux premiers épisodes, repris dans ce recueil, montrent Batman évoluer en solo. Le scénariste renoue avec les tueurs fous de l’époque Moench et avec l’implication sociale du héros, qui avait caractérisé la décennie précédente. C’est très bien troussé, et l’humour de la courte période Collins est évacué, le chevalier de Gotham redevenant plus noir.
Par la suite, Starlin trouvera un angle d’attaque afin de rendre Robin intéressant (en tout cas, pour lui) : il en fera un jeune justicier violent, fournissant aux lecteurs une véritable raison de le détester (car il faut bien l’avouer, Collins faisait son possible pour le rendre sympathique).

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Le recueil se conclut sur une histoire courte, illustrée par Norm Breyfogle, dans laquelle Max Allan Collins revient sur le Penguin. Ce récit est paru dans un Annual contenant également la fameuse histoire d’Alan Moore consacrée aux deuxième Clayface. Cette petite note sympathique et souriante, avec un certain humour de situation, constitue la touche finale de la prestation de Collins, et du sommaire d’un recueil consacré à une période bien méconnue de la carrière de Batman. Proposant des récits qui ne déméritent pourtant pas, ce TPB a surtout le mérite, dans une vision historique, de repositionner le héros et sa série à une époque marquante de son histoire, entre deux autre périodes plus connues.

Jim

1 « J'aime »

Merci de cette nouvelle plongée passionnante.
Quel terrible destin que celui de Jason Todd, en fait.

J’ai « découvert » les comics Batman avec ça, dans le Strange version DC. Je ne connaissais alors que la formidable Batman TAS.
Un choc. J’ai adoré.

Je me suis aperçu hier que je n’avais pas continué à causer de Cloak & Dagger. Donc ça fait partie des choses à faire sous peu. Et puis, je vais aussi parler de Thor, un peu…
Donc rendez-vous tout bientôt dans la discussion Marvel similaire.

Oui, le personnage qui devient populaire après sa mort.

Ça explique bien des choses : tu n’es pas de ceux qui ont découvert Batman et les comics avec Fathom ou Civil War. Comme quoi, hein, le bon goût, ça tient à peu de choses !
:wink:

Jim

Allons, allons, ne me flatte pas : j’ai vraiment commencé à suivre en mensuel avec Fantastic Four Heroes Reborn numéro 5!

Oui, bon, on ne peut pas avoir que des qualités…

Jim

Avec Fathom, on est dans la même période que le Batman de Moench dans Strange.

Fathom, c’est mon arrivée chez Semic : 1999.
Le Batman de Moench, c’est un ou deux ans avant au bas mot, parce que je n’étais que lecteur à l’époque.
Mais c’est pas la période qui compte. C’est la qualité du produit !
:wink:

Jim

je me suis bien ennuyé avec ce TP
alors que la suite (Caped Crusader pour Batman et Dark Knight Detective pour DC) est bine plus interessante.
J ai trouvé Collins bien trop bavard et les intrigues manquant d envergures

par contre j attend les T3 de Caped crusader et Dark Knight detective avec impatience…

Je peux le comprendre.
Les deux séries que tu cites (je ne me suis pas encore plongé à fond dedans, vu que j’ai plein de fascicules de cette période) sont quand même très chouettes. Mais elles concernent une période où O’Neil a trouvé sa formule et installé ses équipes. On voit qu’on est passés de la « recherche » au « développement », en quelque sorte.

Jim

Forever People en recueil pour cet été (comme ça la réédition post-omnibus du 4ème Monde en tpb est complète) : https://www.amazon.com/Forever-People-Jack-Kirby/dp/1779502303/ref=sr_1_1?keywords=forever+people&qid=1582051477&s=books&sr=1-1

Je mets ton commentaire dans ce sujet également, où il a largement sa place.

Jim

Merci

Mais de rien : autant multiplier l’exposition.

Jim

Donc, dans les années 1980, la Ligue de Justice a été entièrement redéfinie, dans la foulée de Crisis et de Legends. Les scénaristes Keith Giffen et J.M. DeMatteis ont donné à la série un ton comédie qui a rencontré son public, au point de donner naissance à une deuxième série mensuelle (Justice League Europe) ainsi qu’à un trimestriel de 80 pages, Justice League Quarterly, donc le recueil Corporate Maneuvers reprend les quatre premières livraisons.

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Et là encore, c’est du grand n’importe quoi. Le premier numéro suit la création de The Conglomerate, un groupe de super-héros sponsorisé par les grandes entreprises (ce qui bien sûr attire les foudres de Luthor, et déplace la lutte sur le terrain du libéralisme). C’est dessiné par Chris Sprouse, qui se cherche encore et qui emprunte plein de tics au Mike Mignola de l’époque. Le deuxième numéro voit le retour de Mister Nebula, le « décorateur galactique » : sa réaction à la découverte de Las Vegas vaut son pesant d’or. On a droit aussi à une aventure où les héros sont réduits à la taille d’insecte. Etc etc. Le recueil se conclut sur les mésaventures du chat de Power Girl, un matou borgne et galeux qui fait tourner tout le monde en bourrique. C’est dessiné sans élan par un Marshall Rogers visiblement peu inspiré, mais ça reste très drôle.

Jim

À lire un « énième » commentaire sur les publications de la JL de cette époque je suis d’abord marqué par le"style"des couvertures (Giffen ? )identifiables entre mille en quelques dixièmes de secondes -de la JL en comedie

…alors que je n’en ai lu qu’une petite partie-les traductions kiosque par Urban- j’ai l’impression qu’il s’agit d’une « époque » particulièrement identifiable.

Surtout, la couverture « portrait de groupe », utilisée la première fois pour la relance de Justice League, est devenue une sorte de clin d’œil, ou de gag à répétition, parfaitement en écho avec la tonalité du projet. Donc à chaque fois qu’il y avait une nouvelle série (ou un événement particulier), on avait droit à une variation sur le thème.

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Jim