Oui, pas faux.
En soi, j’aime bien, mais j’y étais plus sensible hors Superman, à l’époque. Aujourd’hui, j’aurais tendance à m’en foutre un peu (d’autant que, bon, ça y est, tout ça est réintégré, la cousine, le berger allemand blanc qui vole, etc…).
Chose intéressant, Casey, à l’occasion des épisodes compilés en France dans les deux tomes de Superfiction (que je conseille gravement), continue un peu son exploration du surhomme, alternant les choses colossales et les détails infimes, vers la fin de cette période.
Oui, je crois que ce qui me gênait, c’était l’exécution. L’énorme promo qui vantait les idées renversantes, et le fait que les dialogues ne mentionnaient jamais la redite. Il n’y avait pas de répliques genre « des lois comme ça, on en a déjà fait pour les mutants, et maintenant on généralise à tout le monde », ou « vous avez déjà tenté de m’exiler mais ça n’a pas marché ». Il y avait la volonté éditoriale de masquer la répétition, et je trouvais ça un brin malhonnête.
Mais là encore, sans doute qu’à l’époque, je croyais encore à tout ça. Aujourd’hui, je sais que les choses se répètent, qu’il y aura toujours quelqu’un pour faire, défaire ou refaire les choses. Pour corriger ce qui foire ou pour casser ce qui marche.
Alors ça, personnellement, j’aime bien. Pour la bonne raison que, souvent, je m’intéresse à une série (mettons : Immortal Hulk par Ewing) et que je suis ravi de pouvoir la suivre sans me fader tout le reste. D’une certaine manière, et même si j’étais trop jeune pour l’avoir connu en direct, je suis nostalgique du Marvel de Roy Thomas où les séries évoluaient peu ou prou chacune dans son coin. Les petites séries permettaient à des gens comme Starlin ou McGregor de s’imposer, tout en offrant de chouettes récits encore bien lisibles aujourd’hui, et les grosses séries géraient les concepts et proposaient des pistes nouvelles. Mais on pouvait lire, mettons, Captain Marvel ou Fantastic Four sans lire le reste, et on n’était pas perdu. J’aime bien.
Oui, somme toute, c’est un peu ça, même si je n’accorde pas au « à suivre » l’importance que tu lui confères. Mais voilà, quelque part entre Heroes Reborn et la collection Marvel Knights, certaines habitudes éditoriales ont été transformées. Et notamment les renumérotations artificielles. Qui sont accompagnées de variations de tonalité éditoriale, tout ça. Le concept du héros est plus important maintenant que sa série et sa continuité.
Plus que le « à suivre », c’est à la continuité que je suis attaché, c’est là que je trouve une bonne partie de mon plaisir de lecteur. Quand on la nie en confiant Captain America à Liefeld, par exemple, je blêmis. Quand on la ravale à l’exemple du nioufiftitou, je grince des dents. Et je reprends des couleurs quand des scénaristes et des editors s’amusent à la reconstruire. Ce qui conduit à un constat finalement assez tragique : quand j’en suis à dresser l’oreille et à éprouver de l’intérêt parce Jurgens et Tomasi fusionnent les deux versions de Superman ou que Williamson ravive les concepts de Mark Waid, c’est bien le signe que le mainstream DC a bien peu à m’offrir.
Comme Hulk entre les périodes Pak et Ewing (Aaron/Waid/Duggan/Pak). Et ça l’air de recommencer avec Cates (j’ai cru comprendre que son pitch date d’avant Immortal Hulk, ceci explique cela).
Comme dirait Vuillemin (je crois) : « Je savais même pas qu’il était né ».
Je me suis souvent demandé s’il était possible d’avoir encore aujourd’hui des Mike Carlin ou des Denny O’Neil (ou des Julius Schwartz ou des Roy Thomas…). Et quel que soit mon raisonnement, j’en reviens toujours au fait que, désormais, les grands univers de super-héros sont plus que jamais des sections de recherche & développement au service d’autres industries (le cinéma en premier). C’était le cas avant, et par exemple chez DC la présence d’un Paul Levitz, qui faisait valoir ce statut auprès de Warner, permettait d’avoir une certaine liberté, la paix pour bosser. Mais aujourd’hui, les gardiens du temps sont partis ailleurs, parfois à la retraite. Les rédactions appartiennent à des entreprises cotées en bourse, et les films, surtout avec du succès, font que les risques sont pris par les studios, plus par l’éditeur, qui doit suivre le mouvement. Rajoutons à cela le fait que les comics ne sont plus vendus en kiosques, donc que la possibilité de revendre un million d’exemplaires sur un titre porteur s’éloigne de plus en plus.
Moins de liberté créatrice, moins de possibilité de faire de gros coups financiers, tout cela fragilise le pouvoir décisionnaire de la rédaction, dont les membres sont réduits à jouer les passe-plats, à faire vivoter les personnages tranquillement dans l’attente du prochain film. Les séries et donc le catalogue ne sont plus pérennes, on lance un truc, par exemple une nouvelle série Black Panther ou une nouvelle série Doctor Strange, et on bâtit un plan sur six mois, pas sur deux ans, parce qu’on n’est pas sûr de pouvoir continuer plus loin (faute de kiosques et de réseau, faute aussi de synergie avec les autres médias, faute d’importance de la BD dans l’économie générale).
Pour peu qu’à la tête de la rédaction il y ait des gens qui ne sont pas convaincus des grands plans sur plusieurs années (l’approche Quesada / Alonso / Didio), et l’époque des grandes zoumbazoums éditoriales est reléguée au passé.
Oui, mais finalement, même si la série a « duré », elle s’inscrit dans ce que tu décris, cette valse-hésitation permanente où l’on change de direction en changeant d’auteur. La pérennité des titres n’est plus assurée dans le réseau de diffusion, le produit papier n’est plus celui qui rapporte beaucoup d’argent, donc l’un dans l’autre il devient difficile (et sans doute inutile aux yeux de certains) de maintenir un cap éternel comme dans les années 1970-1980, ou de bâtir des plans à grande échelle comme dans les années 2000.
J’ai relu récemment le TPB de 1993 que j’ai chez moi, dans ma frénésie supermanienne actuelle.
Pour (double) rappel, la saga emprunte son nom à un épisode de la série télévisée avec George Reeves, et constitue le dernier gros événement éditorial avant « Death of Superman ». Nous sommes en 1992 et les aventures du héros tournent bien, avec un système élaboré par Mike Carlin où chaque équipe apporte ses idées. Les textes d’accompagnement, notamment la préface par Roger Stern, jettent une lumière intéressante sur ces habitudes méthodologiques, et notamment sur les fameux « Super-Summits », vastes réunions auxquelles les auteurs sont conviés afin d’établir le programme des publications dans les six ou douze mois à venir.
Comme souvent dans les TPB de l’époque (1993, c’est le moment où Reign of Supermen est encore en cours de publication, mais c’est aussi une période où les habitudes éditoriales ne sont pas encore fixées), le recueil dispose d’une jolie couverture inédite de Dan Jurgens, qui s’étend sur la quatrième de couv.
Reprise d’ailleurs, si j’en crois les images que je trouve sur le net, dans l’édition plus récente :
Le récit est simple : Brainiac revient.
Je ne connais pas tous les détails comblant son parcours entre le moment où sa conscience s’extirpe du corps de Milton Fine et celui où il reprend le contrôle de son vaisseau spatial en forme de crâne, mais le super-vilain a en tout cas été présent en subplot depuis longtemps dans les séries. Après s’être attaqué à la planète Almerac, foyer de Maxima (encore un personnage apparu à la fin du sommaire de Superman: The Exile and Other Stories Omnibus) et avoir pris le contrôle mental de celle-ci, l’extraterrestre vert constitue une petite force de frappe et projette de mener une contre-attaque sur Terre.
Le sommaire s’ouvre sur Action Comics#674, par Roger Stern, Bob McLeod et Denis Rodier (ce dernier se pliant sans accroc au style de son dessinateur, au point qu’on a l’impression que ce dernier s’encre seul). L’action débute dans l’espace avec un Superman au costume gris confronté à différents extraterrestres, dont Draaga, un ancien gladiateur du Warworld désireux de retrouver son honneur en affrontant à nouveau l’Homme d’Acier.
Sauf qu’il ne s’agit pas du héros, mais de Matrix, déjà évoquée dans ces colonnes. Elle porte encore l’apparence clarkoïde qu’elle avait adoptée durant l’exil spatial du tenant du titre, mais retrouve son aspect de Supergirl lors du combat. À la fin du récit, cependant, elle tombe sous la coupe des pouvoirs mentaux de Brainiac, qui a déjà contrôlé Maxima. Roger Stern, fidèle à ses habitudes d’écriture, parvient en plus à créer des scènes faisant le point sur Jimmy Olsen et Bibbo. L’épisode est généreux, limpide et donne un nouveau statut à Matrix. Sans donner l’impression de se précipiter.
Le cross-over proprement dit commence dans les pages de Superman - The Man of Steel#9, la plus récente addition au catalogue, une série dirigée par la scénariste Louise Simonson et le dessinateur Jon Bogdanove. On pourrait résumer son style à « caricature et démesure » : ses dessins sont puissants, exagérés, recourant à de grandes cases et à des expressions et des corps déformés. Très agréable, son approche diverge cependant du réalisme académique de mise sur ces titres. Mais c’est souvent l’occasion d’un tourbillon de folie.
Si le prologue par Stern est équilibré et prend le temps, ce « premier assaut » de Brainiac est caractérisé par l’action omniprésente et par la vitesse. Le vaisseau en forme de crâne apparaît au-dessus de Metropolis, causant des dégâts conséquents, et Superman part explorer l’appareil, constatant qu’il est vide.
Prévenu que Brainiac va bientôt passer à la vitesse supérieure, et comprenant que son adversaire est désormais aux commandes du Warworld, le héros cherche des alliés dans Superman#65, ce qui vaut à Dan Jurgens de signer une couverture sur fond blanc, pour laquelle il a milité auprès de Carlin.
Après la mission d’Orion et Lightray, qui se conclut par leur capture, les héros, menés par Superman, portent la contre-attaque dans Adventures of Superman#488. Ils sont alors confrontés à Brainiac et ses esclaves mentaux, tandis que sur Terre un commando à la tête duquel on trouve Aquaman et Nightwing se chargent de repousser les forces du tyran.
Tout cela est très chouette, dynamique, enlevé, épique, surtout quand Tom Grummett s’ingénie à dessiner des bastons surpeuplées. Mais les choses vont peut-être un peu trop vite. On a parfois l’impression qu’il manque une scène, qu’une explication aurait pu figurer, qu’un raccord aurait dû être mis en avant, afin de justifier cette profusion de péripéties (c’est le cas avec la « trahison » de Kilowog, annoncée par celles de Guy Gardner et de Flash, mais tout de même, c’est un brin rapide). L’ensemble est plutôt sympathique, d’autant que le contrôle mental de Brainiac permet de justifier le changement de camp de certains personnages et le retournement de plusieurs situations, mais la sensation diffuse qu’il n’y a pas assez de pages reste présente.
La « quatrième frappe » survient dans Superman - The Man of Steel#10, dont la couverture est un hommage (et un renversement) à celle signalant la mort de Superman dans Crisis. Draaga, le gladiateur bafoué, s’interpose entre la nouvelle Supergirl et le danger imminent, et se sacrifie. C’était prévisible, mais la scène ne manque pas de souffle.
Dans Superman#66, alors que le Warworld se profile à l’horizon de la Terre et que le fils de Luthor (en fait, l’ancien dont l’esprit est transplanté dans un corps cloné) et le professeur Hamilton organisent la résistance, les héros parviennent enfin à couper Brainiac de son arsenal mental.
La conclusion paraît dans Adventures of Superman#489, où les héros reviennent sur Terre à l’aide d’un Boom Tube, à l’occasion d’une fête organisée par Luthor et Hamilton. Le recueil se conclut sur une page en milieu d’épisode, insistant sur le nouveau rôle de Supergirl, destinée à s’imposer dans les séries, mais aussi sur l’héritage de la série, puisque l’action de cette scène se situe en présence du Cellkeeper (ancien personnage du Warworld) et près de la tombe du Cleric, toujours dans cette optique d’évolution au long cours organisée par Carlin.
Le récit est très agréable, mais il aurait peut-être gagné à être décompressé. On le sent à cette conclusion qui s’empresse d’utiliser la deuxième moitié de l’épisode afin de lancer une intrigue autour du professeur Hamilton, victime de ses inventions. Le rythme (trop) soutenu a également pour conséquence d’oublier un temps les personnages civils des séries : exit Lois Lane, Jimmy Olsen, Perry White, qui ne réapparaissent qu’à la faveur de scènes directement en lien avec l’intrigue en cours, et non en vue de développer les personnages ou d’annoncer de nouveaux récits à venir.
Néanmoins, la saga revêt une certaine importance, au moins d’un point de vue éditorial. Elle remet Brainiac au centre de l’échiquier cosmique, conclusion d’une longue sous-intrigue qui se déroule depuis la fin de la période Byrne. Elle place également Superman au centre de la communauté super-héroïque, l’imposant en chef de guerre, ce qui annonce son rôle à la tête de la Ligue de Justice dont Dan Jurgens reprend le titre au même moment. Dans le même ordre d’idée, le scénariste et dessinateur souhaite récupérer Maxima, que Jerry Ordway destinait au rang de souveraine du Warworld : la planète-arène sera donc confiée à Orion, un temps. Panic in the Sky s’avère donc, au-delà de l’hommage à la série télévisée et d’une certaine précipitation dans la forme, une lecture agréable, pleine d’action, et un tournant dans la construction du personnage, Carlin et ses équipes accomplissant là encore ce qu’ils avaient promis des années plus tôt, à savoir remettre Superman sur le devant de la scène.
Lancée par Grant Morrison, la série JLA aura marqué la fin des années 1990 et le début des années 2000 par les enjeux cosmiques et les combats colossaux que les deux successeurs de l’Écossais, Mark Waid puis Joe Kelly, auront proposé. La période Kelly est également synonyme d’un changement éditorial, puisque Mike Carlin, responsable éditorial de Superman pendant des années, reprend la direction du titre. Au départ de Kelly, il convoque le vétéran Denny O’Neil pour une histoire d’extraterrestre en trois paries, puis il frappe un grand coup en réunissant le tandem Chris Claremont / John Byrne,célèbre pour Iron Fist, Marvel Team-Up, Starlord et, surtout, surtout, surtout, Uncanny X-Men !!!
Les deux anciens associés et anciens ennemis se retrouvent donc pour six épisodes d’une saga opposant la Ligue à un gang de super-vampires. Tout commence quand Manitou Raven pressent l’émergence d’un grand danger surnaturel. Pendant que Batman enquête sur un assassinat dans une ruelle de Gotham et que Superman et Flash se penchent sur une disparition, Green Lantern et Atom s’intéressent à un objet magique de leur collègue sorcier.
Les auteurs vont vite : dans ce premier volet, l’ennemi, un vampire manipulateur appelé Crucifer, fait son apparition et parvient à contrôler Superman. Dans l’ombre, un personnage travaille dans son laboratoire, entouré d’écrans.
Dans les crédits, John Byrne est cité avant Chris Claremont. Le lecteur habitué de ces pratiques devine que le dessinateur est également à l’origine de l’intrigue et que le scénariste se contente d’embellir l’ensemble de ses dialogues. Et si les textes sont plutôt bien troussés et fonctionnels, on sent effectivement que Claremont n’est pas méga motivé par le projet. Graphiquement, les planches sont belles, car Jerry Ordway en assure l’encrage, renouant avec le sens du détail d’un Terry Austin et suivant les crayonnés de Byrne avec fidélité, au point que toutes les matières arborent cette apparence fibreuse si reconnaissable.
Le récit sert à présenter plusieurs personnages nouveaux, dont Grunt, une créature simiesque à quatre bras, Nudge, une jeune fille amie du premier et disposant de pouvoirs mentaux, ou encore Vortex, esclave de Crucifer et nanti de capacités vocales insoupçonnées.
Les différents membres de la Ligue croisent ces personnages. Wonder Woman parvient à retrouver la trace de Superman, toujours sous le contrôle du vampire, mais elle est blessée, ce qui amène Batman à contacter les Amazones en urgence.
Au milieu du récit, les héros, à qui il faut ajouter Faith, capturée par les vampires et montrant bien que Byrne et Claremont ne sont pas intéressés par les nouveaux membres de la Ligue, reçoivent l’aide d’un groupe étonnant, composé d’une femme capable de changer de taille, d’un squelette d’énergie ou d’un robot humanoïde. Il devient clair que la saga, « The Tenth Circle », est un prétexte en vue d’introduire une nouvelle version de la Doom Patrol.
La rencontre se déroule dans un fort construit sur les îles Keys, abandonné et transformé en base dernier cri. Les deux groupes comparent leurs notes, découvrant que Crucifer et ses vampires, venus d’une autre dimension (ou plus précisément, exilés par la Reine des Amazones il y a bien longtemps), cherchent à s’incarner dans des êtres à super-pouvoirs, en toute discrétion, et qu’ils ont signé un accord avec une autre espèce venue d’ailleurs.
L’alliance des deux équipes, qui trouvent une aide inattendue chez Vortex, Grunt et Nudge, permet de détruire les vampires, d’autant que Rita Farr et Atom réduisent un appareil à néant dans l’autre dimension, affaiblissant encore plus l’adversaire.
La Doom Patrol est donc à nouveau dans l’univers DC. Sous une forme nouvelle, et comme si le Professeur Caulder, Rita Farr, le Negative Man ou Robotman arrivaient pour la première fois au milieu des autres héros. Choix étonnant, alors que le groupe est présent depuis des décennies. Les six épisodes servent de tremplin à John Byrne qui travaille déjà à une série mensuelle sur cette équipe de « monstres », mélangeant ici piliers classiques et jeunes recrues.
À la fin du dernier chapitre, les auteurs abandonnent le nouveau groupe face à quelques vampires survivants : la suite dans Doom Patrol#1. Ce sera une histoire pour une prochaine fois…
Dans la foulée des épisodes de JLA que nous avons évoqués plus haut, John Byrne lance seul, sans Claremont, une nouvelle série Doom Patrol, à laquelle les chapitres de la Ligue servent de pas de tir. L’ensemble de la série a été compilé il y a quelques années dans un lourd volume cartonné intitulé Doom Patrol by John Byrne The Complete Series, qui reprend les épisodes de JLA, les dix-huit chapitres de la nouvelle série et deux rééditions datant de la seconde moitié des années 1980.
Il retrouve pour le coup le responsable éditorial Mike Carlin, avec qui il avait travaillé sur Fantastic Four puis Superman. Le résultat est une série très sympathique, mais qui peine à démarrer. Pour mille raisons. À mes yeux, la première d’entre elles est que Byrne, comme beaucoup des repreneurs du titre, impose ses nouvelles recrues au sujet desquelles il tarde à apporter information et caractérisation. L’autre écueil est que la série semble ne pas pouvoir trouver sa tonalité propre.
Preuve en est de la couverture du premier numéro, qui présente les membres de la Patrouille du Destin s’affichant sur un écran de la Ligue de Justice. Et effectivement, le Cercle, gang de vampires opposé aux deux équipes dans les épisodes de JLA, sont encore dans la nature, et les Justiciers demeurent dans les parages. L’intrigue centrale n’est donc pas finie ? Le projet de Byrne a-t-il été greffé artificiellement sur la série de la Ligue par Carlin, afin de gagner du temps avant le lancement de Justice League Elite (qui est la suite des épisodes de Joe Kelly mais sera publiée en mini-série séparée et non dans le titre mensuel) ? On sent l’indécision éditoriale, les changements de dernière minute…
Autre signe du manque d’identité du titre, la présence de Faith dans les parages. Carlin cherche visiblement à éloigner certains héros secondaires de la série JLA, et la jeune justicière fait donc ici de la figuration.
Il faudra donc deux épisodes pour que la Patrouille se débarrasse des scories de l’intrigue précédente. Byrne trouve cependant le temps de dérouler son subplot sur le sudiste fantôme hantant l’extérieur du repaire qu’occupe le groupe. Mais la série avance à petits pas et les choses démarrent réellement dans le troisième épisode, qui présente le groupe seul, sans alliés et sans ennemis, sur la couverture : l’image, reprise pour l’omnibus, est parfaite pour un numéro 1. Le décalage se fait toujours sentir.
Les épisodes 3 et 4 reprennent une idée byrnienne classique, celle de la race partageant en secret la Terre depuis des temps immémoriaux, thème déjà exploité dans Alpha Flight ou Superman. Les designs, faits de bulles et de cocons, ne réservent aucune surprise à qui a lu ses Namor, par exemple.
Les épisodes 5 et 6 plongent les héros dans le monde souterrain des matchs de gladiateurs robotiques. Occasion pour eux de croiser à nouveau le chemin de Verdalian, un spécialiste de la robotique ayant travaillé avec Niles Caulder. Byrne commence à dérouler quelques fils concernant le passé du groupe. Un passé qui, de toute façon, ne peut pas aller bien loin puisque le scénariste et le responsable éditorial ont décidé, pour des raisons saugrenues, de faire comme si le groupe apparaissait seulement maintenant dans l’univers DC. Le scénariste continue à développer, aussi, le personnage de Nudge, cette jeune rebelle au grand cœur dont les coups d’éclat ne semblent pas tellement crédibles. Elle est sympathique, mais pas réellement touchante, et même un peu agaçante à force de grommeler et de faire cavalière seule.
Dans l’épisode 7, Byrne lance une nouvelle intrigue durant laquelle la Patrouille Z affronte un nouvel ennemi capable de renvoyer quiconque est pris dans le rayon de son arme à un état antérieur de l’évolution. Le récit s’ouvre que la séquence où Rita Farr est transformée en guenon préhistorique géante, et voit également J’onn J’onzz devenir un martien préhistorique. La présence du méchant est l’occasion de glisser quelques indices concernant Vortex, une autre recrue du groupe.
C’est à ce moment que Byrne commence à creuser le passé de Nudge et de son ami simiesque Grunt. Et pendant que la Patrouille cherche à soigner Negative Man auprès de Metamorpho (et bien entendu, ça se passe mal), la jeune fille tente de remonter le fil afin d’identifier qui est véritable ce singe à quatre bras : il s’avérera qu’il s’agit d’un camarade de classe dont le cerveau a été placé dans la tête d’un singe génétiquement modifié par une savante folle. Byrne a l’occasion de donner à sa série un schéma plus vaste, mais il ne fait que sous-entendre quelques liens entre chaque intrigue. En revanche, il rajoute un peu de dinguerie à son récit, et c’est pas plus mal.
Alors qu’il explique les origines de Nudge et Grunt, il se plonge dans le passé de Niles Caulder, faisant apparaître un fantôme désireux de se venger. C’est plutôt pas mal, d’autant qu’il a séparé ses personnages et que chaque intrigue avance (voire dégénère) séparément. Il était temps, mais la série est alors très agréable : les agissements de Nudge ne relèvent plus du cabotinage mais disposent d’une véritable justification, Caulder est humanisé à cause de ses hantises, la présence de Metamorpho met bien en valeur le caractère de monstres de foire de l’ensemble du casting… Il parvient même à greffer le sudiste fantôme dans le récit.
Dans Doom Patrol#13, il lance Steele dans un voyage temporel à l’occasion de quoi l’homme-robot projette sa conscience dans son moi passé, avant son accident fatal. Reprenant le principe du voyage temporel de Kitty Pryde (Byrne, l’air de rien, fait ses X-Men à lui, une fois de plus, profitant des ressemblances fondamentales entre les deux séries…), l’auteur dévie rapidement, envoyant son héros dans plusieurs époques et même plusieurs versions (je n’ai pas vérifié, mais il me semble que Steele atterrit à un moment dans la Terre alternative de la série Generations), puisqu’il croise la Doom Patrol originelle, celle qui est morte dans l’explosion de l’île.
À se demander pourquoi il a tant bataillé pour imposer une version « neuve » du groupe si c’est pour revenir au passé historique de l’équipe. Mais si la conclusion de l’histoire est assez plate, rappelant certains délires SF sans conséquence dans ses Fantastic Four, le parcours du personnage est trépidant, c’est bien mené et plutôt bien caractérisé (et, pendant deux épisodes, Byrne est encré par Terry Austin : c’est pas aussi chouette qu’à l’époque, mais c’est quand même pas mal).
Byrne conclut ce diptyque vigoureux et agréable par une belle scène d’émotion, ouvrant sur l’idylle impossible entre Steele et Rita. Doom Patrol#15 est une belle réussite, où les héros affrontent un mutant qui vieillit de manière accélérée par absorbe l’énergie vitale de ses victimes, et la représentation graphique de ses pouvoirs rappellera sans nul doute la saga de Proteus : décidément, Byrne est obsédé par son passé x-manien. C’est aussi l’épisode où les pouvoirs de Nudge déraillent.
Byrne est-il sur le point de faire sa « Dark Nudge Saga » ? Sans doute, mais la série ne connaît pas un grand succès, et elle s’interrompt à l’épisode 18, l’auteur bouclant les différentes intrigues autour de la nature temporelle et Vortex à cette occasion. Les trois derniers chapitres de cette série qui avait enfin trouvé sa tonalité et son rythme de croisière alignent les révélations (notamment sur les origines de Negative Man) et Byrne parvient à tricoter un récit cohérent intégrant tous les aspects du groupe.
C’est un peu dommage que le titre ait mis tant de temps à démarrer : la qualité des dernières aventures est plus grande que celle des premiers chapitres. Une série qui aura trop tardé à balancer ses munitions, mais qui finit par dresser le portrait d’un groupe où l’amitié et l’entraide sont de mise. Il semble clair que Byrne voulait en faire une sorte de récit initiatique collégial, peut-être rêvant de renouveler l’exploit de ses Next Men, mais il aurait peut-être eu meilleur jeu à accepter le passé de l’équipe et à foncer plus tôt au cœur de ses intrigues.
Je relis actuellement le run de bendis sur superman, ainsi que leviathan ou encore lois lane par Rucka.
Première relecture de cette relance de superman.
Il me reste à lire pour la première fois la legion et je viens de prendre le olsen par fraction.
Et bien, c est toujours aussi solide.
Certes les series sup connaissent deux coups de mou dans le run qui correspondent aux tome 3 et 5 de l edition d urban, soit les révélations sur le vieillissement de jon, pas folichonnes, et à un gros combat mise en scène par un jrjr vraiment mauvais. Et sur 6 tomes en vf, avec de plus un 6ème precipité pour boucler le run, on peut se dire que le ratio 1/2 en faveur de la qualité n est pas top. Mais c est la cohérence de la proposition et sa direction qui font mouche.
Bendis et compagnie embrassent l entièreté du monde de sup, metropolis, le journal, l espace, le futur, animant une multitude de perso, à pouvoir ou non, reservant des aventures à hauteur de la rue jusqu au cosmique, sans oublier les coins sombres de cet univers.
Les equipes creatives cherchent à mettre en mouvement un ensemble, gravitant de façon plus ou moins proche de superman permettant de souligner l importance de superman comme source d inspiration bien au delà du simple declaratif et où ses actes ont des conséquences planetaires, intimes, galactiques.
La figure religieuse de superman n est pas ici iconographique à la façon d un snyder, mais elle est presente en s inspirant du recit biblique et de la figure d abraham plus que celle de Moise d ailleurs. Biblique donc au sens des recits concrets et non de la religiosité qu ils ont produits notamment celle catholique.
La dynamique d un monde en mouvement est palpable avec un superman appelé à prendre une place centrale et déterminante dans tout l univers et c est le véritable plaisir de cette relance.
Oui, même si j ai toujours des difficultés avec le sup tout gentil mais c est censé etre dorénavant sa qualité essentielle, reste qu il est ici tres bien retranscrit.
Alors oui, mais je retiens quand même la super scène dans la Zone Négative où il a envie ee tout ravager mais se raisonne. Ça m’a énormément touché et épaté.
Ce n est pas une critique de ma part, le superman de bendis correspond à celui post crisis et il est ici de plus tres credible dans l intime comme dans le public ou les combats.
C est juste que j apprecie énormément le superman de dk2 ou encore celui de year one, de miller donc, plus alien, plus energique, et j aimerais bien lire des variations de sup s en inspirant.