RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Et puisque l’on parle de Kang, je profite de l’occasion pour remettre un coup de projo sur un très sympathique TPB, qui ravira sans doute les lecteurs qui préfèrent sélectionner certains récits plutôt que compléter d’interminables collections.

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Avengers: Kang Time and Time Again se focalise sur le voyageur temporel épris de conquête qui enquiquine nos amis Vengeurs depuis la période Kirby. Il reprend sur la couverture une illustration de John Buscema tiré de la période Roger Stern, mais le sommaire compile différents épisodes plus ou moins marquants de la carrière du super-vilain.

Tout d’abord Thor #140, qui oppose le dieu du tonnerre au Growing Man, un androïde serviteur de Kang qui grossit à mesure qu’on lui tape dessus (pour faire court). L’épisode propose quelques images fortes, parmi lesquelles ce fameux tourbillon créé par Mjolnir, au milieu duquel Kang parvient à s’échapper, et qui est souvent cité dans les flash-backs.

Arrive ensuite la fameuse trilogie opposant le tyran temporel au Grand Master dans un duel ayant pour enjeu la vie de Ravonna. L’histoire se déroule dans Avengers #69 à #71, c’est écrit par Roy Thomas qui n’en est pas encore à s’écouter boucher les trous de continuité, et c’est illustré par Sal Buscema, sur qui l’encrage de Sam Grainger fait des merveilles.

Cette trilogie permet d’opposer les Vengeurs (avec une jolie Janet qui semble avoir oublié son costume d’héroïne dans sa penderie) à une première version du Squadron Sinister (détournement de la Ligue de Justice dans l’esprit de Thomas) puis aux Envahisseurs (on en a parlé un peu plus tôt en évoquant les rééditions de la série Invaders), autre fascination du scénariste.

Enfin, ce dernier revient sur le personnage du Black Knight, qui a déjà fait un peu de figuration dans la série et dont l’intervention ici lui vaudra d’être accepté dans l’équipe officiellement (c’est d’ailleurs l’une des astuces du scénario, que je laisse découvrir aux amateurs). Bref, entre détournement des figures de la concurrence, évocation de ses lectures d’enfance et souci de la continuité, ces trois épisodes sont vraiment représentatifs du travail du scénariste à cette période).

Le sommaire accueille ensuite Hulk #135, qui marque la rencontre fugace entre le Titan Vert et Kang, ce dernier projetant le monstre d’émeraude dans le passé, ce qui nous permet de voir en action l’aviateur appelé Phantom Eagle. Herb Trimpe saisit l’occasion de dessiner ce personnage qu’il affectionne (en bon fan d’avions), et livre des planches qui rappellent le dessinateur classique mais généreux qu’il était avant de saborder son style dans l’espoir d’avoir du boulot à l’époque où l’esthétique « à la Image » saccageait tout le paysage éditorial.

Tout ceci sert de mise en bouche avant la réédition d’une autre trilogie marquante concernant Kang, celle que Roger Stern, John Buscema et Tom Palmer consacre au personnage dans Avengers #267 à #269, soit presque deux cents épisodes après Thomas.

Dans le premier épisode, les lecteurs assistent à l’arrivée de Storm parmi les héros, et découvrent, au bout de quelques courtes pages, que Kang parvient à les détruire tous, mais qu’il s’agit d’un monde parallèle et qu’en réalité, il y a de nombreux Kang, nés de créations de réalités alternatives, et que celui qui dirige le « Council of Cross-Time Kangs » s’arrange pour sélectionner les doubles de lui-même qui y siégeront. Une idée qui révolutionne le personnage et lui redonne un intérêt que ses tentatives répétées de se débarrasser de ses adversaires avait sérieusement émoussée.

Ce premier épisode met en lumière, une fois de plus, le talent de Roger Stern : il raconte plein de choses en peu de temps avec une limpidité sans faille ; il bouleverse le statu quo d’un personnage important sans rien chambouler de son passé ; et enfin, il déploie une caractérisation impeccable, pour ses héros, ses vilains, ses personnages secondaires avec une équité qui force le respect. Du travail d’orfèvre.

C’est l’époque où Namor vient de rejoindre le groupe. Le scénariste prend donc le soin de mettre en avant les choses que les uns et les autres savent ou pas (Cap dit « Kang », Namor croit entendre « Krang », ce qui permet de les caractériser, même chose pour le jargon scientifique, dont l’usage plus ou moins altéré permet de filer de l’information au lecteur tout en laissant transparaître les traits psychologiques de chacun des personnages).

À la recherche de leurs équipiers perdus dans les limbes, les héros vont renouer avec ce que l’on sait de Kang et de sa biographie, revoir le Space Phantom ou le GrowingMan, croiser Immortus, etc… C’est l’occasion aussi pour le scénariste de faire le point sur ce que sont les « Limbo » en question, et notamment d’évoquer celles où Rom plonge ses ennemis, les Dire Wraiths : un peu d’éclaircissement de continuité en passant ne fait jamais de mal.

Splendide trilogie faisant le point sur le personnage, cette « Kang Dynasty » synthétise tout le charme de la série : des aventures exotiques, des vilains surpuissants, une équipe pleine de charme, des idées SF, une continuité forte mais pas encombrante… Comme souvent chez Stern, le super-vilain apparaît plus puissant que jamais, plus menaçant (il l’a déjà fait avec le Beetle dans Spectacular Spider-Man, avec Egghead dans Avengers, il le refera avec les Master of Evil dans la foulée de ces trois épisodes). Dans le même temps, il ravive les fragilités de l’antagoniste, faisant de Kang un colosse aux pieds d’argile.

Les lecteurs de Strange n’auront pas droit à ces épisodes, pour une raison qui m’échappe. J’ai mis du temps à les trouver, à une époque où je n’avais pas beaucoup de sous. Quelques années plus tard, en 2005 je crois, le TPB est sorti, offrant un vrai plaisir de lecture et un sommaire contenant deux sagas importantes, qui méritent une (re-)découverte.

Jim

PS : Photonik avait évoqué la trilogie de Kang ici :