On a déjà évoqué, dans ces colonnes, le premier tome de Morbius - The Living Vampire dans la collection Epic. Le tome 2 reprend là où les choses se sont arrêtées.
Le sommaire s’ouvre sur les derniers épisodes d’Adventure Into Fear, écrites par Doug Moench pour deux épisodes, puis par Bill Mantlo pour les trois ultimes chapitres. À nouveau, le charme de ces séries où les auteurs, qui se succèdent, naviguent un peu au doigt mouillé, est palpable.
Qu’on en juge : aidé de Martine, Michael Morbius se cache et reprend ses recherches en vue de guérir de sa maladie. Mais les crimes vampiriques continuent, menant Simon Stroud à la chasse aux vampires. À la fin d’Adventure Into Fear #27, le héros est laissé fiévreux et blessé.
Dans l’épisode suivant, à moitié hagard, il retourne à son manoir et, à la faveur d’un passage secret, il se retrouve dans un monde alternatif hanté par une créature aux yeux innombrables.
Parvenant à s’échapper au début du numéro 29, Morbius est contraint de s’allier à Stroud et à son nouveau scénariste, Bill Mantlo. L’errance continue, les deux alliés de fortune étant confrontés aux membres d’une secte.
L’affaire semble complètement décousue, et pourtant il se dégage une sorte de lisibilité, sans doute due à la vitesse des événements qui se succèdent. Il se dégage de ces comics des années 1970, troisième couteau du catalogue, une atmosphère d’inventivité qu’on ne trouve pas toujours dans les grosses machines, davantage balisées.
La saga se conclut dans le trente-et-unième numéro, dans lequel Martine est à son tour contaminée et transformée en vampire, un drame pour Morbius qui, après l’avoir sauvée (je ne vous conte pas les retournements de situation qui se succèdent plus vite que dans Les Aigles attaquent), estime qu’elle est en danger et part, seul.
Le sommaire s’ouvre ensuite à différents récits extraits de Vampire Tales et de Marvel Preview, deux magazines en noir & blanc émancipés des règles du Comics Code. Morbius y apparaît comme un expatrié errant trouvant du malheur à chaque endroit isolé où il espère trouver la paix.
Plus dramatique que jamais, le personnage est montré non pas hanté par ses désirs sanguinaire mais prisonnier de sa soif, à laquelle il cède. Le dessin en noir & blanc de Sonny Trinidad renforce la dimension torturée du personnage, proprement maudit.
Avec le changement éditorial de Marvel Preview, Morbius quitte bientôt les magazines en noir & blanc. Le sommaire le retrouve au détour de telle ou telle publication. C’est ainsi qu’on le retrouve au générique de Marvel Premiere #28, un numéro (d’une anthologie qui contient quelques petites pépites) qui assemble les différents « monstres » de l’univers Marvel.
C’est encore Bill Mantlo qui se charge du script, assemblant, autour du Ghost Rider, Man-Thing, le Werewolf By Night et bien entendu Morbius. Il oppose sa « Légion des Monstres » à un personnage cosmique doré, le Starseed, capable d’exaucer les rêves (et par exemple de rendre son corps et son esprit à Ted Sallis). Ce faisant, le scénariste, aidé par Frank Robbins et Steve Gan (pour un joli résultat, qui d’ailleurs a été réédité en fascicule il y a quelques années, me semble-t-il), retourne le vieux thème de la séduction faustienne, faisant des « monstres » les êtres les plus humains et les plus réalistes du récit. Une tentative de groupe surnaturel qui n’est pas allée beaucoup plus loin que ce numéro unique.
Morbius revient ensuite dans Marvel Two-In-One #15, écrit encore par Bill Mantlo, décidément attaché au personnage, et illustré, assez bellement, par Arvell Jones et Dick Giordano. Attaché à la continuité (ce qui permet aussi de contourner l’évocation des aspects les plus horrifiques du personnage), Mantlo oppose les deux alliés à l’Eraser, un vieil ennemi de Giant-Man inventé par Kirby.
Viennent ensuite Spectacular Spider-Man #7 et #8, par Archie Goodwin et Sal Buscema, où Morbius et Spidey affronte une entité venue d’une autre dimension, et #38, par Bill Mantlo et Sal Buscema, où Morbius semble enfin guéri.
Le sommaire se conclut sur trois épisodes de Savage She-Hulk, où Jennifer Walters se retrouve avocate de la défense pour Michael Morbius. Il est d’ailleurs à noter que la série, écrite par David Anthony Kraft, accueillera aussi un autre expatrié, dans ses épisodes suivants, avec le Man-Wolf, dont Kraft était aussi le scénariste.
En guise de bonus, le recueil propose quelques planches originales de Sonny Trinidad, Don Heck ou Frank Robbins, des publicités, des couvertures d’époque, ainsi que les couvertures de Morbius Revisited, une série de rééditions datant de 1993 et accompagnant la sortie de la nouvelle série estampillée « Midnight Sons ». J’aimais beaucoup ce genre de rééditions en ces temps où les TPB étaient bien rares.
Jim