RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

En 1988, Marvel faisait paraître un de ces petits TPB timides qui préfiguraient la grande invasion de recueils qui arrivera une quinzaine d’années plus tard, et qui utilisaient du matériel prestigieux réalisé par des auteurs renommés (et c’est là qu’on se rend compte que ça bien changé, aujourd’hui que tout ou presque déboule en TPB). Sensational Spider-Man contenait les deux Spider-Man Annuals réalisés conjointement par Denny O’Neil et Frank Miller (avec, en inexplicable bonus, une courte aventure de Spidey et Johnny Storm par Lee, Kirby et Ditko).

Les deux Annuals concernés sont les numéros 14 et 15, respectivement encrés par Tom Palmer (avec Doctor Strange) et Klaus Janson (avec le Punisher). Étrangement, ils ont placé les deux récits dans l’ordre inverse, ouvrant avec le récit où figurent le justicier expéditif et le Doctor Octopus, ennemi de longue date du Tisseur.

Puisque Soyouz a déjà évoqué cet épisode, je n’hésite pas à reprendre ses propos :

Comme le rappelle l’auteur de cette « review », le récit ne manque pas d’humour, malgré le sujet et le caractère des intervenants. Par exemple, il y a ces scènes récurrentes où Urich téléphone à Jameson, dans des cases en coin de page où Spidey passe dans le décor sans le voir, actionnant les mécanismes de l’humour de répétition.

L’Annual constitue aussi un jeu de références, dont la plus évidentes est celle qui renvoie au premier Annual dessiné par Ditko où sont présentés aux lecteurs les Sinister Six. Ainsi, Miller dessine une pleine page où le héros assène un coup à Doc Ock, reprenant le principe établi par Ditko où le héros affronte chacun des Sinister Six dans une pleine page.

Comparaison (et l’on remarquera qu’Ed Hannigan a fait la même chose dans un Spectacular Spider-Man où le héros affronte un adolescent fan d’Octopus) :

Autre référence, repérée par Marko :

L’autre Annual, donc publié un an plus tôt aux États-Unis, est bien moins « street level », puisqu’il implique un intrigue magique où se croisent Doctor Doom, Dormammu et Doctor Strange.

Cette fois-ci, je laisse parler Marko :

Au sujet de Shrapnel, plus d’informations ici :

Formellement, Frank Miller s’amuse. Non seulement il invoque l’esprit de Steve Ditko dans la représentation des mondes magiques et des sorts jetés, mais aussi dans le portrait d’une ville inondée par la pluie et envahie par les ombres, mais en plus il s’ingénie à traiter les ouvertures de séquences de manière particulière.

Dans l’Annual #15, il utilise des manchettes de journaux afin de rythmer le récit. Ici, il dessine des cases en hachures qui se marient avec les lettrines et les faux bords de pages, évoquant les enluminures des manuscrits médiévaux (et O’Neil s’amuse à faire des blagues sur les scribes des vieux livres, qui donnent du fil à retordre à Strange).

En cela, il est magnifiquement soutenu par le lettrage astucieux, élégant et inventif de Joe Rosen, qui déploie des trésors de finesse sur ces pages tout de même très denses.

Un Annual très beau, assez passionnant et réalisé avec soin par deux auteurs impliqués. Un chouette jalon, et personne ne sera étonné que ce genre de matériel ait fait l’objet d’une réédition à la fin des années 1980.

Jim

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