On a déjà pas mal évoqué la série Captain America and the Falcon, écrite par Christopher Priest, et qui débute en parallèle de la version « Marvel Knights » de Captain America, avant de s’interrompre afin de laisser le passage à Bendis sur Avengers (qui a des projets pour Scarlet Witch) et à Brubaker sur Captain America.
Notamment ici :
Ou encore là :
Tout ceci m’a donné envie de relire l’ensemble de la prestation. Cette dernière a été reprise dans une édition dite « Complete Collection », dont notre Mallrat national nous avait montré la couverture :
Pour ma part, mon édition US est complètement disparate. Un premier TPB reprend l’intrigue initiale, illustrée par Bart Sears. Les trois épisodes suivants, liés à la saga / période « Disassembled », sont compilés dans un recueil reprenant aussi les épisodes de Robert Kirkman sur la série centrale de l’époque, et la fin de la prestation de Priest est compilée dans un troisième volume (numéroté « 2 » dans cette édition, tu parles d’un cirque) et intitulé « Brothers and Keepers ». Je suis en train de relire tout ça.
Donc, « Two Americas ». Je ne vais pas reprendre l’argumentation, je ne ferais que répéter ce que Fred a dit ailleurs. En gros, Steve Rogers va voir Joe Robertson, parce que ce dernier sait où est parti Falcon. Ou plus précisément, il sait pourquoi. Parce que « où », tout le monde est au courant : Sam Wilson est allé sortir de taule une journaliste américaine retenue à Guantanamo. Et Captain America doit appréhender son équipier. En parallèle de cette mise au point, on suit la mission du capitaine étoilé, qui retrouve Sam. Sauf que la fin nous explique que ce n’est pas le bon (si on est attentif au compteur (calé sur l’heure zoulou) dont Priest saupoudre ses changements de scène, on se doutait bien d’un truc.
Ce premier épisode est dense, complexe, sautant d’un fil narratif à l’autre. Très priestien (il ne manque plus que ses cases noires de sous-titre). La suite ralentit un peu, constituant un jeu de chassé-croisé au sud de la côte est américaine, où le vrai Cap (accompagné de Wanda) et le faux Cap (qui a capturé Sam et Leila) se croisent et ne se rencontrent qu’à la fin. Le temps pris par l’intrigue n’est pas perdu, puisque le scénariste a pris le soin de nous expliquer que l’imposteur est en fait un super-soldat créé par la Navy (enrôlé après le traumatisme de l’attentat d’Oklahoma City), dont la hiérarchie a utilisé une nouvelle méthode pour imiter les travaux du docteur Erskine. On commence donc à évoquer l’idée d’un ADN de provenance obscure.
L’ensemble est dessiné par Bart Sears. Moi, j’aime bien Bart Sears. Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai aucune raison valide. C’est bancal, peu narratif (à moins qu’il s’offre un cadre éditorial propice, à l’exemple de The Path chez Crossgen), difforme (l’illustrateur rajoutant des muscles surnuméraires sans réellement en comprendre la gestion, n’est pas Simon Bisley qui veut), mais je trouve à son travail quelque chose d’hypnotique que je ne m’explique pas. Mais bon, voilà, la série est illustrée par ce monsieur qui est ici en totale roue libre, et si c’est spectaculaire, ça ne convient peut-être pas à une intrigue qui se veut complexe.
Christopher Priest, visiblement, sait où il met les pieds. C’est ce que me laisse penser la conclusion de cette première intrigue, sous forme de duel entre le vrai patriote et l’imposteur, qui culmine au monument mémorial de Miami, où Steve Englehart avait placé la dernière confrontation entre Cap et son remplaçant des années 1950, devenu fou (petit rappel pour les distraits) :
Le scénariste connaît donc l’histoire de la série, ses moments forts, mais également les éventuelles comparaisons dont il pourrait faire l’objet, et plutôt que de botter en touche, il préfère les affronter directement. La suite, comme précisé plus haut, dans ma collection, se situe dans le TPB Captain America Disassembled.
Après une double page de transition, le dessin est confié à Joe Bennett, dessinateur qui sait mélanger de saines influences (beaucoup de John Buscema, un peu de Jack Kirby) dans une narration assez fluide, qui abuse sans doute un brin des cases horizontales, mais que voulez-vous, les temps modernes, tout ça…
À la fin de l’arc précédent, Steve Rogers a fait la rencontre d’un amiral qui cherche à récupérer son « garçon », le fameux super-soldat incontrôlable du début. Les héros ayant identifié un produit chimique déjà utilisé sur des détenus de la prison de Seagate, ils s’arrangent pour obtenir un échantillon de sang de Luke Cage, ce qui permet de poursuivre l’enquête. Dans le même temps, ils sont poursuivis par l’armée (ce qui vaut une magnifique double page de baston dans les locaux du Daily Bugle) et Hank Pym identifie l’ADN ayant servi au traitement du « super-marin », renvoyant un ennemi dont le spectre apparaît à la fin du troisième épisode de cette fournée.
Le dessin de Bennett, puissant mais joli, rabiboche avec la série, qui redevient lisible, d’autant que les tics narratifs du scénariste sont en mode mineur. On sent qu’il travaille sur plusieurs pistes, notamment en termes de caractérisation. Par exemple, il donne à Sam Wilson un tempérament plus rentre-dedans, certains de ses vieux amis lui faisant remarquer qu’il ressemble de plus en plus à « Snap », le voyou qu’il était il y a bien longtemps. De même, les scènes entre Steve et Wanda sont assez étranges : celle-ci apparaît souvent comme par enchantement (pardi !) et Cap semble dans un état second, ses cauchemars se multipliant. S’il n’y avait des répliques de personnages tiers qui attestent de la présence de l’héroïne, le lecteur pourrait presque croire qu’il s’agit d’hallucinations du héros étoilé. Bref, une ambiance se dégage, maintenant que la série est illustrée par un dessinateur qui s’intéresse à ce qu’on y raconte.
Dans ma collection, la suite de la série arrive dans un troisième TPB, le déjà cité « Brothers and Keepers ». Que je vais lire bientôt afin de finir mes commentaires sans trop attendre.
Jim