J’avais dû émettre l’hypothèse en commentant cette série (mais peut-être du temps de la VF, donc de l’ancien forum superpouvoir, ce qui remonte à loin). Personnellement, j’aime cette idée. Que les héros restent sur ce piédestal ou qu’ils retombent, qu’ils le méritent ou pas, je trouve ça tellement rafraîchissant après des décennies à les voir faillir et tomber dans le ruisseau.
Merci !
Je pense que tu vas te prendre une jolie claque.
Bon, je l’ai lu en VO. Il y a quelques jolis pièges dont je ne sais pas de quelle manière le traducteur s’est tiré, mais, dans le doute, je conseille vivement de le découvrir dans la langue d’origine.
À sa décharge, dans l’état éditorial où se trouvent les personnages, je pense que la tâche n’aurait été simple pour personne.
Non, mais au-delà du fait que ses thèmes sont en contradiction avec l’état dans lequel Marvel a voulu les personnages, Dan Slott est aussi « attendu » sur le titre. Il fait partie de la short-list des auteurs que beaucoup ont toujours vu sur la série.
Ca créé du coup une attente, exacerbée par l’absence du titre pendant quelques années.
A la limite, il aurait fallu soit nommer un inconnu ou méconnu, qui aurait une pression sur le principe mais pas sur son nom ; ou débaucher un grand nom d’ailleurs.
En clair, soit mettre un p’tit jeune, soit mettre un Geoff Johns ou Scott Snyder, dans l’idée.
Un peu comme DC l’a fait avec Superman, où ils ont mis Brian Michael Bendis à son arrivée.
Bendis avait la pression de son transfert, mais son arrivée sur Superman était tellement « inattendue » par rapport au profil de séries qu’il écrivait chez Marvel qu’il y avait une vraie curiosité à voir ce qu’il pouvait faire, sans attente particulière.
J’ai beaucoup aimé cette période, qui malgré quelques défauts était une belle bouffée d’air frais au milieu des Avengers torturés de Bendis et renouait avec l’esprit super-héroïque classique de l’équipe. Beaucoup d’idées sont sans doute vite expédiées voire abandonnées car Slott devait laisser tomber le titre après. Panini n’a pas tout republié en Deluxe, c’est bien dommage.
A tout hasard : chez DC durant ces deux dernières années ?
Je trouve ça vraiment dommage de laisser les lecteurs qui ont acheté le Deluxe sur un run inachevé. En couplant ça avec d’autres tie-ins de Siege ou des one-shots sur les persos de l’équipe, ils devraient avoir de quoi bricoler un autre tome.
On a déjà pas mal évoqué la série Captain America and the Falcon, écrite par Christopher Priest, et qui débute en parallèle de la version « Marvel Knights » de Captain America, avant de s’interrompre afin de laisser le passage à Bendis sur Avengers (qui a des projets pour Scarlet Witch) et à Brubaker sur Captain America.
Notamment ici :
Ou encore là :
Tout ceci m’a donné envie de relire l’ensemble de la prestation. Cette dernière a été reprise dans une édition dite « Complete Collection », dont notre Mallrat national nous avait montré la couverture :
Pour ma part, mon édition US est complètement disparate. Un premier TPB reprend l’intrigue initiale, illustrée par Bart Sears. Les trois épisodes suivants, liés à la saga / période « Disassembled », sont compilés dans un recueil reprenant aussi les épisodes de Robert Kirkman sur la série centrale de l’époque, et la fin de la prestation de Priest est compilée dans un troisième volume (numéroté « 2 » dans cette édition, tu parles d’un cirque) et intitulé « Brothers and Keepers ». Je suis en train de relire tout ça.
Donc, « Two Americas ». Je ne vais pas reprendre l’argumentation, je ne ferais que répéter ce que Fred a dit ailleurs. En gros, Steve Rogers va voir Joe Robertson, parce que ce dernier sait où est parti Falcon. Ou plus précisément, il sait pourquoi. Parce que « où », tout le monde est au courant : Sam Wilson est allé sortir de taule une journaliste américaine retenue à Guantanamo. Et Captain America doit appréhender son équipier. En parallèle de cette mise au point, on suit la mission du capitaine étoilé, qui retrouve Sam. Sauf que la fin nous explique que ce n’est pas le bon (si on est attentif au compteur (calé sur l’heure zoulou) dont Priest saupoudre ses changements de scène, on se doutait bien d’un truc.
Ce premier épisode est dense, complexe, sautant d’un fil narratif à l’autre. Très priestien (il ne manque plus que ses cases noires de sous-titre). La suite ralentit un peu, constituant un jeu de chassé-croisé au sud de la côte est américaine, où le vrai Cap (accompagné de Wanda) et le faux Cap (qui a capturé Sam et Leila) se croisent et ne se rencontrent qu’à la fin. Le temps pris par l’intrigue n’est pas perdu, puisque le scénariste a pris le soin de nous expliquer que l’imposteur est en fait un super-soldat créé par la Navy (enrôlé après le traumatisme de l’attentat d’Oklahoma City), dont la hiérarchie a utilisé une nouvelle méthode pour imiter les travaux du docteur Erskine. On commence donc à évoquer l’idée d’un ADN de provenance obscure.
L’ensemble est dessiné par Bart Sears. Moi, j’aime bien Bart Sears. Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai aucune raison valide. C’est bancal, peu narratif (à moins qu’il s’offre un cadre éditorial propice, à l’exemple de The Path chez Crossgen), difforme (l’illustrateur rajoutant des muscles surnuméraires sans réellement en comprendre la gestion, n’est pas Simon Bisley qui veut), mais je trouve à son travail quelque chose d’hypnotique que je ne m’explique pas. Mais bon, voilà, la série est illustrée par ce monsieur qui est ici en totale roue libre, et si c’est spectaculaire, ça ne convient peut-être pas à une intrigue qui se veut complexe.
Christopher Priest, visiblement, sait où il met les pieds. C’est ce que me laisse penser la conclusion de cette première intrigue, sous forme de duel entre le vrai patriote et l’imposteur, qui culmine au monument mémorial de Miami, où Steve Englehart avait placé la dernière confrontation entre Cap et son remplaçant des années 1950, devenu fou (petit rappel pour les distraits) :
Le scénariste connaît donc l’histoire de la série, ses moments forts, mais également les éventuelles comparaisons dont il pourrait faire l’objet, et plutôt que de botter en touche, il préfère les affronter directement. La suite, comme précisé plus haut, dans ma collection, se situe dans le TPB Captain America Disassembled.
Après une double page de transition, le dessin est confié à Joe Bennett, dessinateur qui sait mélanger de saines influences (beaucoup de John Buscema, un peu de Jack Kirby) dans une narration assez fluide, qui abuse sans doute un brin des cases horizontales, mais que voulez-vous, les temps modernes, tout ça…
À la fin de l’arc précédent, Steve Rogers a fait la rencontre d’un amiral qui cherche à récupérer son « garçon », le fameux super-soldat incontrôlable du début. Les héros ayant identifié un produit chimique déjà utilisé sur des détenus de la prison de Seagate, ils s’arrangent pour obtenir un échantillon de sang de Luke Cage, ce qui permet de poursuivre l’enquête. Dans le même temps, ils sont poursuivis par l’armée (ce qui vaut une magnifique double page de baston dans les locaux du Daily Bugle) et Hank Pym identifie l’ADN ayant servi au traitement du « super-marin », renvoyant un ennemi dont le spectre apparaît à la fin du troisième épisode de cette fournée.
Le dessin de Bennett, puissant mais joli, rabiboche avec la série, qui redevient lisible, d’autant que les tics narratifs du scénariste sont en mode mineur. On sent qu’il travaille sur plusieurs pistes, notamment en termes de caractérisation. Par exemple, il donne à Sam Wilson un tempérament plus rentre-dedans, certains de ses vieux amis lui faisant remarquer qu’il ressemble de plus en plus à « Snap », le voyou qu’il était il y a bien longtemps. De même, les scènes entre Steve et Wanda sont assez étranges : celle-ci apparaît souvent comme par enchantement (pardi !) et Cap semble dans un état second, ses cauchemars se multipliant. S’il n’y avait des répliques de personnages tiers qui attestent de la présence de l’héroïne, le lecteur pourrait presque croire qu’il s’agit d’hallucinations du héros étoilé. Bref, une ambiance se dégage, maintenant que la série est illustrée par un dessinateur qui s’intéresse à ce qu’on y raconte.
Dans ma collection, la suite de la série arrive dans un troisième TPB, le déjà cité « Brothers and Keepers ». Que je vais lire bientôt afin de finir mes commentaires sans trop attendre.
La suite et fin de la série Captain America and the Falcon est assez intéressante. De mémoire, je dirais que cette partie n’a jamais été traduite (dommage pour les lecteurs français) et je n’avais fait que la survoler. Une relecture plus attentive, dans la foulée de la relecture des passages précédents, s’avère un chouette moment.
Donc, au moment où l’action reprend dans cette édition disparate que j’ai détaillée hier, les héros ont la confirmation que l’ADN ayant contribué à la création du super-soldat de la Navy provient d’un vieil ennemi de Cap : MODOK. Les indices avaient été données à la fin du précédent épisode (donc dans le TPB « Disassembled », dont on comprend aisément pourquoi il a été publié, puisqu’il assemble les épisodes de deux séries liées à cet événement éditorial : le choix est un peu bancal, mais compréhensible à l’époque).
Steve et Sam poursuivent la piste du début, et enquêtent sur l’amiral Jimmy Westbrook, qui est derrière la création du surhomme concurrent. Ce faisant, ils gardent à l’œil l’héritier du clan Rivas, une famille de narcotrafiquants ayant maille à partir avec ce projet clandestin.
Christopher Priest étant ce qu’il est, il multiplie les fausses pistes et les indices trompeurs, ainsi que les sous-intrigues et les actions isolées, qui pourraient passer pour des trahisons. Par exemple, le « super-marin », censé être mort, a droit aux derniers honneurs, son corps étant rendu à la mer. L’amiral promet de ne pas avoir envoyé de plongeurs afin de récupérer la dépouille, mais bien sûr, il en a envoyé. Le Falcon arrête le commando et récupère le corps, ce qui laisse penser que Cap tente lui aussi d’avoir quelques coups d’avance. Sauf que visiblement, c’est une initiative de Sam en solo. Et qu’on découvre que la mort était feinte. Priest fait feu de tout bois, comptant sur le fait qu’au moins une des surprises en réserve marquera le lecteur. Et en soi, ça fonctionne, puisque ça maintient la pression.
Au rayon des surprises, le scénariste développe une nouvelle version de MODOK. Postulant, à base d’un certain technoblabla qui fonctionne bien dans les comics de super-héros mais qui n’a pas beaucoup d’assise scientifique, que l’ADN de MODOK permet de créer un pont télépathique entre l’ancienne version et celui à qui on injecte l’échantillon, il met en scène une version « décérébrée » ou idiote du vilain à grosse tête, et une version humanoïde, nettement plus dangereuse et retorse. Il parvient ainsi à inscrire l’histoire du vilain dans sa propre continuité tout en modernisant l’ensemble dans une approche un peu « à la ultimate ».
Vision en position rafale, le scénariste avance aussi ses pions concernant les cauchemars de Cap et le comportement de Sam. À savoir, les deux héros ont été « déstabilisés » mentalement par une force extérieure. Obligé sans doute à un rétropédalage à cause de l’éditorial qui doit gérer les idées de Bendis sur Avengers et l’arrivée de Brubaker sur Captain America, Priest, plutôt que d’annuler ce qui a été fait dans les épisodes précédents, préfère maintenir un certain flou, laissant à toutes les idées la place de cohabiter. Les deux héros s’interrogent donc sur ce qu’ils viennent de vivre, sans pouvoir clairement démêler s’il s’agit d’une influence néfaste des ondes mentales de MODOK (et de tous ceux à qui son ADN a été injecté) ou de la dépression nerveuse de Wanda, qui vient de « désassembler » les Vengeurs. Pour ma part, j’aurais tendance à penser que l’idée de base de Priest concernait le premier, mais le scénariste a la politesse d’intégrer les exigences éditoriales propres à l’arrivée de Bendis dans sa vision de la série. L’épisode #11 permet de trancher définitivement, puisqu’on y visite les illusions mentales générées par le nouveau MODOK, mais la graine est semée, permettant de lier la série à la saga de Bendis (donc de répondre aux exigences éditoriales) sans pour autant renier ce que les premiers épisodes ont raconté.
Si l’on sent bien que le scénariste avait encore de la réserve, les trois derniers épisodes (la série se concluant au #14) semblent lui laisser le temps de ranger les jouets. Le #12, illustré par Greg Tocchini, marque la fin de l’intrigue avec MODOK, et les deux dernières livraisons constituent l’arc « American Psycho », qui apporte une dernière touche à l’idylle entre Steve et Wanda, tout en concluant l’affaire du « super-marin ».
Cependant, on sent bien que Priest avait encore des choses à dire sur Sam Wilson. S’il entame une reconstruction du personnage dans ses derniers épisodes, assurément pour préparer la prestation de Brubaker, qui aura besoin du personnage, les choses vont un peu vite, et la dernière image de la série, montrant Cap avec le costume vide du Falcon à la main, revêt une charge symbolique évidente : l’éditorial a laissé le scénariste avec un personnage creux qu’il n’a pas eu le temps de remplir. Au vu de la qualité des quatorze épisodes de la série, il est effectivement dommage que Priest n’ait pas eu le temps de conclure comme il le souhaitait.
Question dessin, Joe Bennett assure la majeure partie des épisodes. Le #7 est illustré par Andrea Divito, encré par Scott Koblish : c’est moins convaincant que Bennett, malgré la présence de quelques cases particulièrement enlevées. Greg Tocchini n’a pas encore le style qu’on lui connaît aujourd’hui, et ne s’encre pas, si bien que son épisode est peut-être le plus faible du lot. Quant à Dan Jurgens, il assure le spectacle, avec un dernier épisode encré par Tom Palmer (et qui se passe à Paris : les bulles en français sont… risibles).
En résumé, très sympathique série, sacrifiée sur l’autel de l’événement éditorial et du buzz, dans la vaste course en avant que sont devenus les comics dans les années 2000. S’il faut reconnaître que le Captain America de Brubaker constitue un morceau mémorable (malgré ses lenteurs), il faut aussi avouer que le « Disassembled » de Bendis a mis le bazar partout, et reconnaître que deux séries Captain America auraient pu cohabiter, ne serait-ce que quelques mois, afin de laisser les différents auteurs aller au bout de leurs idées.
The Crew, je les ai dans le quatrième tome de l’intégrale VO de ses Black Panther. Tiens, en voilà une bonne lecture pour le confinement. Hop, sur la liste.
Oui, je me relirais bien ça aussi. J’ai découvert ça jeune, vers 17 ans et environ 6 années de lectures comics. J’avais adoré, sauf la partie avec le BP à la Kirby.