SANCTUAIRE (Michele Soavi)

REALISATEUR

Michele Soavi

SCENARISTES

Dario Argento, Franco Ferrini et Michele Soavi

DISTRIBUTION

Tomas Arana, Feodor Chaliapin, Hugh Quarshie, Barbara Cupisti, Asia Argento…

INFOS

Long métrage italien
Genre : horreur
Titre original : La Chiesa
Année de production : 1989

Les deux premiers Démons s’étant révélés populaires auprès du public (et rentables au box-office), Dario Argento et Lamberto Bava ont travaillé sur le scénario d’un troisième volet. Après plusieurs mois de développement infructueux, Argento décida de repartir à zéro et d’emmener l’histoire dans une autre direction. Lamberto Bava a alors quitté le projet et pour le remplacer, Dario Argento a engagé un de ses collaborateurs réguliers, Michele Soavi. Acteur à ses heures, Michele Soavi fut l’assistant de Argento sur Ténèbres et Phenomena et le réalisateur de la seconde équipe de Opera. Soavi venait de signer son premier film avec le très bon Bloody Bird et on lui doit aussi l’un des derniers grands films fantastiques italiens, Dellamorte Dellamore sorti en 1994.

Michele Soavi ne voulait pas répéter le délire des deux premiers Démons et ce potentiel Démons 3 est donc devenu La Chiesa (Sanctuaire en V.F.), dans lequel une église construite sur un charnier au Moyen-Age sert de passage vers l’enfer. Au fil des réécritures, pas moins de huit scénaristes (dont seulement trois crédités) ont travaillé sur ce long métrage aussi fascinant qu’inégal, l’atmosphère et les visuels prenant le pas sur un récit au déroulement assez bancal.

Ce caractère inégal imprègne la narration. Après un prologue moyenageux à l’imagerie violente et percutante, l’exposition prend son temps pour présenter les personnages évoluant dans cette église bâtie sur de morbides secrets. Il y a un bibliothécaire (Tomas Arana), une restauratrice (Barbara Cupisti), un évêque (Feodor Chaliapin, qui était dans Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud), une adolescente un peu rebelle (la jeune Asia Argento). D’autres gravitent autour de ce quatuor sans être véritablement approfondis comme le prêtre interprété par Hugh Quarshie (Highlander) malgré son rôle plus important dans la deuxième moitié.

Les choses prennent une tournure plus inquiétante quand le bibliothécaire trop curieux libère le mal enfoui sous l’édifice religieux. Le réalisateur entretient alors un climat anxiogène aussi bien par ses mouvements de caméra dans des décors imposants et bien exploités que par des visions cauchemardesques qui brouillent les frontières du réel. C’est intrigant, prenant malgré quelques lenteurs et mène au dernier acte qui voit tous les personnages présents piégés dans l’église lorsque les portes sont scellées par les forces démoniaques.

Cette dernière partie est bien représentative des faiblesses du scénario. Les protagonistes que l’on suit depuis le début sont progressivement écartés et les nouveaux, uniquement destinés à être sacrifiés, sont inintéressants. Le rythme est un peu plus laborieux, certains passages s’étirant un peu trop (avec ses 102 minutes, Sanctuaire est un poil trop long pour son propre bien). La confusion règne sur tous les plans, rendant le métrage de plus en plus déroutant…mais dans ce cas, ce n’est pas toujours rédhibitoire…

Avec ses emprunts (notamment à Boris Vallejo et Rosemary’s Baby), Michele Soavi (qui livra de solides productions malgré leurs défauts dans cette période difficile pour le cinéma de genre italien) a particulièrement soigné l’esthétique de son deuxième long métrage et l’impact de ses scènes horrifiques, étranges et gores, jusqu’à un final dantesque et un beau dernier plan ambigu.

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