ROSEMARY'S BABY (Roman Polanski)

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REALISATEUR & SCENARISTE

Roman Polanski, d’après le roman de Ira Levin

DISTRIBUTION

Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer, Maurice Evans…

INFOS

Long métrage américain
Genre : drame/horreur
Année de production : 1968

Vers le milieu des années 60, le producteur et réalisateur William Castle découvre le roman Rosemary’s Baby de Ira Levin qui n’était encore qu’à l’état d’épreuves. Emballé par cette histoire et par son potentiel cinématographique, Castle soumet l’idée à Robert Evans, alors directeur de la production à la Paramount, pour que celui-ci acquiert les droits du bouquin avant même la mise en vente. Robert Evans s’est montré très intéressé, mais à une condition : William Castle pouvait produire Rosemary’s Baby, mais pas le réaliser. Castle était en effet connu pour ses films d’horreur à petit budget et à gimmicks, comme La Nuit de tous les Mystères et 13 Ghosts et la Paramount ne voulait pas que le public confonde Rosemary’ Baby avec les productions habituelles de l’homme qui a inspiré Joe Dante pour son magnifique Panic à Florida Beach. Castle a tout de même eu droit à son cameo hitchcockien puisqu’il apparaît très brièvement aux côtés de Mia Farrow dans la scène de la cabine téléphonique.

Parce qu’il avait beaucoup aimé Cul-de-Sac et Le Bal des Vampires, Robert Evans a confié l’adaptation de Rosemary’s Baby à un jeune réalisateur franco-polonais fraîchement débarqué à Hollywood, Roman Polanski. Ira Levin dira de Rosemary’s Baby qu’il s’agit de « l’adaptation la plus fidèle jamais produite par Hollywood ». Je me rappelle également d’une phrase de Stephen King dans l’un des ses essais « si on avait lu le livre, on n’avait pas besoin d’aller voir le film, et vice-versa ». À ce jour, je n’ai toujours pas lu le livre, mais j’en ai parcouru quelques extraits et c’est en effet flagrant : pour sa première transposition à l’écran d’un roman, Roman Polanski est resté très proche du matériel de base.

Il y a quelque chose d’hérité de la méthode du duo Val Lewton et Jacques Tourneur dans le traitement de l’horreur de Rosemary’s Baby…mais je trouve que Roman Polanski va encore plus loin dans l’épure que le réalisateur de La Féline. L’intrigue est remarquablement construite, de l’aménagement de ce jeune couple, les Woodhouse, dans un immeuble cossu de New-York aux premiers signes que quelque chose ne va absolument pas derrière ses murs. Ce qui donne une sensation de malaise qui va grandissante, par petites touches bien amenées, couplée à une paranoïa qui ne va quasiment plus lâcher l’héroïne principale…

Car il est beaucoup question ici de paranoïa…une paranoïa urbaine notamment, dans un environnement plus « lumineux » qui échappe à l’habituelle imagerie gothique associée à ce type de récit horrifique. Bien ancré dans son époque (jusqu’à reprendre la couverture du Times qui titrait « Is God Dead ? »), Rosemary’s Baby ne manque pas de scènes apparemment banales et pourtant tellement symboliques. Après être tombée enceinte au cours d’une nuit cauchemardesque, Rosemary doute de tout, de ce qu’elle ressent, de son mari qui ne se comporte plus de la même façon, de ses voisins (font-ils vraiment partie d’un cercle sataniste ?) de plus en plus insistants. L’atmosphère est troublante et c’est particulièrement prenant…

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Pour son premier grand rôle au cinéma, Mia Farrow (qui était jusque là l’une des actrices principales du soap-opera Peyton Place) tient le film sur ses épaules. Elle est bouleversante et brillante en de nombreuses occasions, comme lors de la fameuse scène finale. Comme Polanski ne montre pas le bébé (contrairement à ce que certains ont pu croire…la force de la suggestion), tout passe par son jeu et c’est très réussi. Je suis par contre un peu moins emballé par John Cassavates, pas toujours convaincant dans le rôle de son mari, un lâche qui troque sa femme contre la perspective de voir sa carrière enfin démarrer. En coulisses, les choses étaient tendues entre lui et Polanski, les méthodes différentes des deux hommes ne facilitant pas de bonnes relations de travail.

De très bons acteurs comme Ruth Gordon (l’irritante Minnie Castevet), Sidney Blackmer, Maurice Evans (qui sera ensuite le Dr Zaius dans La Planète des Singes), Ralph Bellamy et Charles Grodin complètent la solide distribution de ce chef d’oeuvre du genre.

2 « J'aime »

J’en garde encore un souvenir traumatisant tellement ce film m’a marqué.

Alors pas forcément traumatisant (peut être que si je le voyais aujourd’hui, je dirais sûrement le cortinaire), mais marquant, ouais, c’est sûr !

Excellent film (merci à Monsieur Cinéma qui, en son temps, avait spoilé la fin en dévoilant la dernière scène - même s’il s’agissait d’une ressortie, c’était rude !)

Jonathan Burton :