REALISATEUR
Michele Soavi
SCENARISTES
George Eastman et Sheila Goldberg
DISTRIBUTION
David Brandon, Barbara Cupisti, Domenico Fiore, Jo Ann Smith, Clain Parker…
INFOS
Long métrage italien
Genre : horreur
Année de production : 1987
Lorsque le jeune Michele Soavi se lance dans la réalisation de son premier long métrage en 1987, le cinéma d’horreur transalpin (et par extension, le production de films de genre locale) n’était, à quelques exceptions près, plus que l’ombre de lui-même. Fan de pelloches d’épouvante, Soavi avait fait ses gammes les années précédentes en assistant Dario Argento sur Ténèbres et Phenomena. Soavi apprit également son métier auprès de Joe D’Amato, le roi de la zèderie dégueu et du porno spaghetti, sur des titres plus Z comme Horrible, 2020 Texas Gladiators et Les Gladiateurs du Futur, et de Lamberto Bava, qu’il seconda sur La Maison de la Terreur et Demons (co-écrit par Argento).
Pour son premier film en tant que réalisateur, c’est vers la société de production de D’Amato qu’il se tourne. Pour un budget modeste, le producteur D’Amato (sous son vrai nom Aristide Massaccesi) lui propose un scénario écrit par son collaborateur régulier, le comédien et scénariste George « L’homme qui se mange lui-même » Eastman, qui lui permet d’exploiter les codes du giallo (l’ombre d’Argento est bien présente) tout en s’aventurant sur les terres du slasher américain.
Alors qu’une troupe d’artistes fauchés répète inlassablement une comédie musicale horrifique, une de leur costumière est sauvagement assassinée par un tueur fraîchement sorti de l’asile. Désirant profiter de cette publicité macabre, le metteur en scène enferme ses danseurs et les oblige à répéter toute la nuit pour boucler le spectacle avant la date prévue. Mais il va se faire prendre à son propre piège : le meurtrier s’est infiltré dans le théâtre. Revêtu du costume du tueur de la pièce, il peut commencer le massacre…
Après une percutante scène d’exposition qui annonce une savoureuse mise en abîme, le film détaille un peu paresseusement les coulisses de cette comédie musicale « horrifico-érotico-subversive » sur lequel règne comme un véritable despote un metteur en scène tyrannique secondé par un producteur glauque qui ne serait pas contre se taper l’une des danseuses. Les petits bobos au corps et à l’âme de cette troupe ne sont pas particulièrement passionnants et la première demi-heure se révèle vite assez ennuyeuse. L’interprétation est également assez laborieuse, tout comme la direction d’acteur, et l’horripilant doublage français n’arrange pas les choses.
L’intrigue est basique et n’est de toute façon qu’un prétexte pour le huis-clos horrifique qui suit. Lorsque le tueur entre en action pour la première fois, les choses s’accélèrent et Soavi concocte alors un suspense truffé d’idées de réalisation brillantes (le motif récurrent de la plume hante les moments forts) et qui tient en haleine jusqu’au final. Les morts violentes se succèdent de façon percutante (arme blanche, tronçonneuse, perceuse…Soavi ne mégote pas sur le gore) et deux scènes d’anthologie tétanisantes retiennent particulièrement l’attention : quand le meurtrier masqué est lui même dirigé par le metteur en scène qui ne se doute pas qu’il va assister à un véritable mise à mort au lieu d’une répétition, et pendant le final, quand le tueur dispose lui-même ses victimes pour créer un tableau humain macabre.
Bloody Bird trouve toute sa force dans ces éléments visuels frappants et dans une mise en scène qui n’est certes pas exempte de défauts (le plan final est de trop par exemple) mais qui dévoile un talent prometteur, qui explosera au début des années 90 avec le superbe Dellamorte Dellamore. Bloody Bird tapa tellement dans l’oeil de Terry Gilliam que celui-ci confia à Soavi la deuxième équipe des Aventures du Baron de Munchausen.
Dellamorte Dellamore sera d’ailleurs l’un des derniers longs métrages réalisés par Michele Soavi pour le grand écran et le dernier tout court dans le genre qui nous intéresse ici. Soavi a ensuite continué sa carrière à la télévision italienne, ce qui explique qu’il ait un peu disparu de la circulation dans nos contrées. Dommage, car malgré des aspects indéniablement datés, Bloody Bird reste l’un des films d’horreur italien les plus réussis des années 80.