REALISATEUR
Russell Mulcahy
SCENARISTES
Gregory Widen, Peter Bellwood et Larry Ferguson, d’après une histoire de Gregory Widen
DISTRIBUTION
Christophe Lambert, Clancy Brown, Roxanne Hart, Sean Connery…
INFOS
Long métrage américain/britannique
Genre : aventures/fantastique
Année de production : 1986
Here we are,
Born to be kings,
We’re the princes of the universe,
Here we belong,
Fighting to survive in a war with the darkest powers
« Est-ce qu’une franchise a déjà autant détesté ses fans que celle-ci ? » Ce n’est pas moi qui me suis posé cette question, je suis tombé dessus dans un article sur la saga Highlander, mais je la trouve assez pertinente (et amusante). Le deuxième (et à ce jour toujours le meilleur) film du réalisateur australien Russell Mulcahy (un clippeur qui venait de signer le long métrage horrifique Razorback dans son pays natal) a été tourné pour un budget de 19 millions de dollars et sa sortie s’est soldée par un échec cinglant avec seulement 12 millions de dollars de recettes mondiales, principalement en Europe (l’un des rares pays où le film fut un succès est la France avec 4 millions d’entrées !).
L’exploitation américaine a complètement été sabordée par le distributeur, la 20th Century Fox, qui n’a pas compris le film, l’a remonté (en retirant certains flashbacks, procédé que les exécutifs trouvaient confus) et bousillé sa promotion (les affiches U.S. d’époque sont catastrophiques).
Si Highlander a pu engendrer une franchise comprenant 5 films, une série télévisée, un dessin animé, des films d’animations, des romans, des comics et des jeux, c’est parce qu’il a acquis un statut culte au cours des années suivantes après sa redécouverte suite à la sortie en VHS. Les fans du film ont voulu en savoir plus sur les immortels, sur cette mythologie pleine de potentiel (même si Highlander se suffit à lui-même)…ce qu’ils ont eu, ce sont des suites qui se sont rapidement enlisés dans la médiocrité, et ce dès un numéro 2 que Russell Mulcahy a qualifié de « désastre » et « d’idée stupide, tournée au mauvais endroit » (mais ceci est une autre histoire).
Oui, il n’aurait vraiment du en rester qu’un…
Inspiré par un voyage en Ecosse et par Les Duellistes de Ridley Scott, le scénariste Gregory Widen a écrit le premier jet de ce qui deviendra Highlander pendant ses études de cinéma. Les bases de l’histoire étaient déjà là…le concept des immortels qui s’affrontent au fil des siècles, vivant de nombreuses vies secrètes…ainsi que les personnages principaux : Connor McLeod (prénom changé en Conrad dans la version française), son mentor Ramirez, son ennemi mortel (qui était alors appelé le Knight)…
Cette première ébauche, qui était beaucoup plus sombre, a évolué avec les réécritures pour privilégier l’émotion et insister sur la profonde solitude de son héros, qui s’interdit d’aimer à nouveau depuis la mort de son premier grand amour, Heather, qu’il a accompagnée jusqu’à son dernier jour (poignante scène accompagnée par le très beau Who wants to live forever ? de Queen).
Highlander est un film furieusement romantique…c’est aussi une oeuvre traversée par des images d’une grande puissance évocatrice. Russell Mulcahy a mis son expérience acquise dans la réalisation de vidéo-clips au service de scènes d’action fulgurantes, où un revers d’épée est de force à détruire une tour pour laisser les combattants poursuivre leur affrontement face à la fureur des cieux, où une décapitation est suivie par un impressionnant déferlement d’énergie…
Quelques effets ont (très) mal vieillis, mais ces légères réserves s’effacent devant une caméra qui s’envole et se fait lyrique, et un montage qui donne beaucoup de dynamisme à l’ensemble et favorise la fluidité des transitions entre les époques, dont certaines sont vraiment très élégantes.
Engagé alors qu’il ne parlait quasiment pas anglais (il avait déjà tourné Greystoke, la Légende de Tarzan, qui ne nécessitait pas de déclamer de nombreux dialogues), Christophe Lambert a su utiliser son regard particulier et son accent prononcé pour personnifier cet immortel qui vient de « plein d’endroits à la fois ». Présent seulement une quinzaine de minutes, Sean Connery est excellent dans un de ces rôles de mentor qu’il enchaînait à l’époque, ce « vieux coq espagnol » de Juan Sanchez Villalobos Ramirez. La relation entre Ramirez et McLeod est établie en quelques lignes de dialogues, entre solennité et humour.
Clancy Brown prête son imposant physique au vilain emblématique de la saga (les autres ne lui arrivent de toute façon pas à la cheville), le Kurgan, guerrier redoutable qui impose le respect dès sa première apparition sur le champ de bataille en 1536 et qui devient un hybride de Frankenstein et du Terminator à l’époque moderne. Méchant démentiel, le Kurgan crève l’écran et représente l’adversaire ultime dans ce conflit séculaire rythmé par la musique de Michael Kamen et les chansons de Queen.
- Le Kurgan est le plus fort de tous les immortels. C’est le guerrier parfait. Si c’est lui qui gagne le prix, tous les mortels souffriront une éternité de ténèbres.
- Comment peut-on combattre un tel sauvage ?
- Avec le cœur, la foi, et le fer. À la fin, il ne peut en rester qu’un.