Action/fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Sam Raimi
Scénarisé par Sam Raimi, Ivan Raimi et Alvin Sargent
Avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Topher Grace, Thomas Haden Church, Rosemary Harris, Bryce Dallas Howard, J.K. Simmons, James Cromwell, Bruce Campbell…
Année de production : 2007
Ivan Raimi est principalement un médecin urgentiste…ce qui ne l’a pas empêché de travailler dans le domaine du cinéma et de la télévision en quelques occasions, principalement avec son frangin Sam (il a co-écrit Darkman, Evil Dead III, Jusqu’en enfer, co-créé la série Ash vs Evil Dead…). En 2004, il avait occupé le post de script doctor (non crédité, donc) sur Spider-Man 2 et Sam Raimi a du être satisfait de son travail puisque Ivan a commencé à collaborer avec Sam sur le scénario du troisième volet peu de temps après la sortie du 2.
Dès le début, Sam Raimi voulait que le troisième épisode adopte un ton un peu plus sombre, en développant encore plus le concept du héros avec un côté obscur et celui du vilain avec un côté sympathique. Pour ce dernier point, c’était déjà un peu le cas avec le docteur Octopus, mais ce thème s’exprime encore mieux avec le portrait de Flint Marko, alias l’Homme-Sable, très bien interprété par un Thomas Haden Church qui a l’air de sortir tout droit des cases des comics.
Dans les premières versions du projet, l’Homme-Sable était le vilain principal (toujours dans cette optique d’utiliser la galerie d’adversaires classiques de Spider-Man) et les auteurs ont eu la bonne idée d’amplifier son importance auprès de Peter Parker en faisant de lui le véritable meurtrier d’Oncle Ben, dans des circonstances détaillées dans la touchante dernière scène entre les deux protagonistes. Flint Marko n’a pas toujours été du mauvais côté de la loi dans les bandes dessinées et c’est un aspect qui a été intégré à sa caractérisation. Il se décrit lui-même comme un mec qui n’a jamais eu de chance, qui a toujours fait les mauvais choix et il est principalement guidé par la nécessité de trouver de l’argent pour les soins médicaux de sa fille gravement malade. La scène de sa transformation est l’une des plus belles de Spider-Man 3, de sa construction dramatique à la musique de Christopher Young (Sam Raimi s’était brouillé avec Danny Elfman pendant la post-production du 2) en passant par ce dernier plan avec le médaillon qui touche en plein coeur.
Sam Raimi voulait un autre vilain, qui devait juste servir de complice de Marko. Ce rôle devait être occupé par le Vautour…mais le producteur Avi Arad a imposé Venom, plus populaire selon lui auprès des fans. Raimi n’était pas convaincu mais il s’est incliné, affirmant même ensuite en interview qu’il avait fini par apprécier Eddie Brock (joué par Topher Grace) et son alter-ego (pas tant que ça finalement puisqu’il a affirmé détester le résultat final quelques années plus tard). L’apport du symbiote a pu s’intégrer aux thèmes voulus par les frangins Raimi…mais cela s’est tout de même fait au forceps…
Ajoutez à cela la suite des arcs narratifs avec Mary Jane (dont la carrière d’actrice est au point mort alors que la popularité de Spidey est au plus haut) et Harry Osborn et l’arrivée superflue de Gwen Stacy (campée par Bryce Dallas Howard), histoire de former un nouveau « triangle amoureux » (ce qui ne fonctionne pas du tout et dessert le personnage de la belle blonde). De nouveau appelé pour signer le scénario final, Alvin Sargent a trouvé la tâche complexe et a même un temps pensé à le couper en deux parties…idée qui a été abandonnée parce qu’il n’arrivait pas à trouver un bon cliffhanger entre les deux chapitres…
Spider-Man 3 n’est pas aussi bien équilibré que les deux premiers opus, loin de là. Ce qui ne veut pas dire que le spectacle n’est pas au rendez-vous. Le récit déroule de beaux moments intimistes, de chouettes touches humoristiques (si Jameson est un peu moins présent, il reste toujours aussi savoureux), des rebondissements et des morceaux de bravoure jubilatoires comme l’excellent affrontement final. Le divertissement est toujours au rendez-vous…c’est juste qu’il y a un chouïa trop d’ingrédients dans cette recette…
Et Peter dans tout ça ? Notre héros se laisse griser par l’amour que porte les New-Yorkais à son identité masquée, lui qui n’a jamais eu l’habitude de ce genre de sentiments positifs à son égard. Il se montre faillible, ahuri aussi et se laisse ensuite emporter par la noirceur que fait ressortir le symbiote. Dans ces moments, Tobey Maguire n’est pas le plus nuancé dans son interprétation et flirte même avec le comique involontaire…mais il s’améliore après la fameuse scène du clocher…
Spider-Man 3 est le seul épisode qui se referme sur une note douce-amère et pas sur la vision joyeuse de l’Homme-Araignée virevoltant entre les buildings de New-York. La relation entre Peter et MJ s’est détériorée et même s’ils se rapprochent, il y a de l’incertitude dans leurs gestes et leurs regards. Leur histoire aurait pu se poursuivre dans un quatrième long métrage prévu pour 2011 et qui aurait pu voir Dylan Baker, qui a joué le docteur Curt Connors dans le 2 et le 3, devenir le Lézard (John Malkovich était même en discussions pour interpréter le Vautour). Mais entre des versions du scénario qu’il détestait et ses problèmes créatifs avec le studio, Sam Raimi a finalement jeté l’éponge, laissant la place au reboot avec Andrew Garfield sorti sur les écrans en 2012…