SUPERSONIC MAN (Juan Piquer Simon)

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REALISATEUR

Juan Piquer Simon

SCENARISTES

Juan Piquer Simon et Sebastian Moi

DISTRIBUTION

Antonio Cantafora, Cameron Mitchell, José Luis Ayestarán, Diana Polakov, Jose Maria Caffarel…

INFOS

Long métrage espagnol
Genre : aventures/science-fiction
Année de production : 1979

L’espagnol Juan Piquer Simon a grandi dans les années 40 et 50 en bouffant de la pelloche U.S. à gogo. Après avoir cotoyé de nombreux réalisateurs américains venus travailler à Almeria dans les sixties, il fonde alors son propre studio qui livrera bon gré mal gré une dizaine de films de genre sur une période de 20 ans. Comme tout bon représentant du cinéma d’exploitation de l’époque, il copie tous les genres en vogue, du film d’aventures fantastiques (Le Continent Fantastique, d’après le Voyage au centre de la Terre de Jules Verne) au slasher (Le Sadique à la tronçonneuse) en passant par la S.F. remplie d’aliens dégueus (L’éclosion des monstres). Ses productions fauchées, aux acteurs peu concernés, aux dialogues risibles et aux effets spéciaux bricolés, ont fait de lui l’équivalent d’un Ed Wood ibère.

En 1979, suite au succès planétaire du Superman de Richard Donner, tous les bisseux européens veulent leurs super-slips. Juan Piquer Simon suit le mouvement avec Supersonic Man, super mètre-étalon du super nanar.

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Dans l’espace, on peut aussi être détendu du slip…

Dans l’immensité de l’espace, l’extra-terrestre Kronos pique un somme, moulé dans un slip bleu à paillettes du plus effet en attendant sa prochaine mission. Ses maîtres apparaissent et lui ordonnent de se rendre sur Terre. Là, il surveillera l’humanité afin de la protéger contre elle-même. Car c’est bien connu, les humains jouent avec des forces qui les dépassent et pourraient bien finir par détruire leur planète. En deux temps trois mouvements, Kronos, qui ne quitte jamais son casque à la couleur assortie à celle de son slibard, enfile sa panoplie de super-héros et vole vers la Terre.

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Le temps d’un générique qui pompe sans vergogne celui de Superman, avec le nom des acteurs qui apparaissent dans un halo de lumière sur fond d’étoiles, retentit selon les pays deux illustrations musicales : une chanson disco pourrie (pléonasme ?) pour la version espagnole et une fanfare au synthé moisie pour la version U.S.
Pourquoi ce changement ? Honnêtement, je ne sais pas mais j’ai écouté les deux et le degré zéro est atteint dans les 2 cas.

Sur notre bonne vieille planète, Supersonic survole New-York sur fond d’incrustations foireuses et passe de bodybuilder (l’acteur est un ancien Tarzan inconnu au bataillon) à un physique un peu plus passe-partout à l’aide de sa montre-bracelet en récitant la formule « que la force de la galaxie soit avec moi » (ouf, on a échappé au procès). Détail amusant, d’imberbe le super-héros devient moustachu en se transformant en Paul le simili-détective (la moustache baladeuse, c’est le Red Hulk avant l’heure).


Parce que la moustache, c’est mieux pour avoir l’air ténébreux…

Qui dit super-héros, dit super-vilain…et donc acteur américain en bout de course et obligé de cachetonner en Europe. Ici c’est Cameron Mitchell, prolifique second rôle et acteur de westerns passé également chez Mario Bava (6 femmes pour l’assassin). Conscient du ridicule de l’entreprise, Cameron Mitchell cabotine à outrance dans le rôle du Dr Gulik et ponctue presque toutes ses scènes par un rire grotesque et un hilarant « Bravo ! Bravo ! » tout en citant Shakespeare ! Son plan de conquête mondiale est sans queue ni tête et pour le mener à bien, il kidnappe un célèbre savant avec qui il passera tout le film à tailler le bout de gras. Faut dire qu’il est entouré d’hommes de mains particulièrement abrutis et de robots-tueurs patauds, sortes de jouets pour enfants king-size clignotants et brinquebalants…

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Je suis le maître du monde ! Bouahahahahahah ! Bravo ! Bravo !

Pour contrôler le professeur Morgan, Gulik a la bonne idée de kidnapper sa fille. C’est là qu’intervient Supersonic dans ce qui sera l’un des grands moments de ce nanar intergalactique : une course-poursuite filmé à la va-comme-j’te pousse à l’issue de laquelle notre grand dadais soulèvera un bulldozer…en bois ! Le moustachu Paul mènera ensuite l’enquête tout en tombant amoureux de la jolie fille du savant.

On peut reconnaître à Juan Piquer Simon une certaine générosité dans ce qu’il propose aux regards ébahis des spectateurs de cette chose…et pratiquement tout se transforme en sommet de comique involontaire. Le réalisateur enchaîne les péripéties mais sans souci de cohérence (jusqu’à inclure une bagarre de bar qui ne sert absolument à rien), injecte une bonne dose d’humour lourdingue (notamment par le biais du running-gag de l’alcoolique) et torche des trucages sommaires (l’hélicoptère-jouet, les maquettes toutes plus ratées les unes que les autres, les scènes de vol…). Dans l’esprit de grand nawak qui anime le film, la démonstration des pouvoirs de Supersonic se révèlera sans limites (il ira même jusqu’à transformer un revolver en banane).

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C’est bon, les bananes…c’est plein de vitamines et de potassium !

Bref, vous l’aurez compris, Supersonic Man, avec son super-héros Disco, son alter-égo à la moustache triomphante et son vilain de série Z, c’est du nanar de compétition !

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Vers l’infini et au-delà !

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À noter que Supersonic Man eut droit ensuite à sa propre bande dessinée (une adaptation du film puis quelques aventures inédites) :

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Le héros qui soulève des bulldozers en balsa fit même un come-back en 2014 via ce one-shot signé Hector Caño :

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Ah excellent !, je me suis bien marrer à lire tout ça. Le coup de la banane et de la moustache faut que je vois ça.

Enzo Sciotti :

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