REALISATEUR
George A. Romero
SCENARISTE
Walton Cook
DISTRIBUTION
Lincoln Maazel, Harry Albacker, Sally Erwin…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur psychologique
Année de production : 1975
En 1973, George A. Romero n’avait que trois longs métrages à son actif (le chef d’oeuvre La Nuit des Morts-Vivants et les méconnus There’s always Vanilla et Season of the Witch) lorsqu’il fut approché par la Lutheran Service Society of Western Pennsylvania pour réaliser un film éducatif sur la maltraitance et la discrimination envers les personnes âgées. Romero a tourné The Amusement Park en trois jours dans un parc d’attraction maintenant fermé et pour un budget inférieur à 40.000 dollars. Il s’agit de l’un des rares exemples de film de commande de sa carrière…et il semblerait que les membres de l’église luthérienne ne s’attendaient pas à ce qu’ils ont reçu…
The Amusement Park a en effet été très peu vu à l’époque. Il a été montré pour la première fois à l’American Film Festival de New York en 1975 et selon certaines sources, le film a ensuite été projeté dans quelques festivals mais il n’est jamais sorti au cinéma et fut oublié pendant des décennies avant d’être redécouvert et récemment restauré. D’après la veuve de Romero, The Amusement Park était certainement un peu trop « subversif » au goût de la Lutheran Society, ce qui explique qu’il ait pris la poussière aussi longtemps…
Le seul acteur professionnel de The Amusement Park est Lincoln Maazel, un comédien de théâtre qui n’est apparu au cinéma que dans deux films, le second étant Martin, également réalisé par George A. Romero. Maazel fait d’abord fonction de narrateur, pour expliquer le point de vue adopté par les auteurs, avant de camper le rôle principal, celui d’un vieil homme qui ignore les vagues avertissements d’une version battue et épuisée de lui-même. Il ouvre alors une porte blanche et se retrouve dans un parc d’attractions où il espère passer une bonne journée…
Mais c’est un véritable cauchemar qui l’attend. Le réalisateur crée le décalage avec l’ambiance de ce lieu d’amusement (qui fut également le décor de nombreux récits d’horreur) en décrivant des moments où les personnes âgées sont arnaquées, ignorées, moquées et pire encore. Si certaines métaphores sont un brin trop appuyées, le traitement quasi-surréaliste de cette déambulation « à la Quatrième Dimension » assure la sinistre efficacité de cette réflexion sur l’indifférence sociale emballée en à peine une heure.
Le manque de moyens est évident mais The Amusement Park ne manque pas de petites idées très intéressantes, comme lorsque le parc se transforme littéralement en « purgatoire » pour les aînés, avec cette figure carnavalesque de la mort qui promène sa faux et son air lugubre. La dernière scène en forme d’éternel recommencement ajoute une ultime note triste et déroutante à cet étrange petit « film éducatif ».
À noter que George A. Romero apparaît dans un petit rôle, tout comme un de ses collaborateurs réguliers, Michael Gornick, qui sera entre autres choses le directeur de la photographie de Zombie, Creepshow et Le Jour des Morts-Vivants.