THE FLEISCHER SUPERMAN CARTOONS (1941-1943)

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Regardez dans le ciel ! C’est un oiseau ? C’est un avion ?

C’est Superman !

Les cartoons de Superman projetés en avant-programme dans les salles de cinéma américaines à partir de 1941 font toujours partie, à juste titre, des meilleures productions de l’Âge d’or de l’animation américaine. Et pourtant les frères Max et Dave Fleischer n’étaient au début pas intéressés par l’idée de consacrer toute une série au super-héros au succès phénoménal apparu juste trois ans plus tôt dans les pages de Action Comics #1…principalement parce qu’ils étaient en pleine préparation de leur nouveau long métrage, Douce et criquet s’aimaient d’amour tendre (le deuxième après Les Voyages de Gulliver), et qu’ils ne voulaient pas s’engager dans trop de projets pour maintenir leur qualité habituelle. Mais ils ne souhaitaient pas non plus perdre le soutien de Paramount, détenteur des droits de Superman pour le dessin animé et distributeur des cartoons des Studios Fleischer.

Pour dissuader la Paramount, les frères Fleischer ont alors demandé une somme énorme pour l’époque, prétextant la complexité que représentait la transposition en animation de la bande dessinée : 100.000 dollars (ce qui est l’équivalent d’un peu moins de 2 millions de dollars actuels avec l’inflation), soit quatre fois plus que les budgets habituels de leurs autres cartoons, comme Betty Boop et Popeye. À la grande surprise des Fleischer, Paramount a réfléchi à leur proposition et a fini par leur allouer 50.000 dollars par épisode. Les frangins n’ont pas pu refuser et se sont retrouvés engagés dans quelque chose qu’ils ne voulaient à l’origine pas faire , mais avec plus d’argent et de soutien promotionnel qu’ils n’en avaient eus jusque là.

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Pionniers de l’animation américaine, à l’incroyable productivité (plus de 600 courts métrages sont sortis de leur studio entre la fin des années 10 et le début des années 40), les Fleischer ont produit et réalisé quelques uns des cartoons les plus inventifs de cette période, notamment par l’utilisation de la nouvelle technique de la rotoscopie qu’ils ont breveté en 1915. Ce procédé a bien entendu été utilisé sur Superman , mais de façon un peu plus minimale que d’habitude, pour apporter un peu plus de réalisme aux mouvements du corps. mais pas pour la majorité de ses actions fantastiques qui étaient beaucoup trop compliquées pour être jouées par un acteur et ne pouvaient donc pas être « rotoscopées ».

La courte durée des cartoons ne permettaient pas la caractérisation (on assiste juste de temps en temps à des « chamailleries » entre Clark Kent et Lois Lane dans leur quête du meilleur scoop). Une place importante est donc donnée dans chaque petit film à l’action : l’exposition est rapide et efficace (et Lois Lane, en sa qualité de reporter casse-cou, se met souvent dans le pétrin), Clark se change en Superman, affronte la menace (un savant fou, des gangsters, un monstre, des saboteurs, la nature déchaînée…) et à la fin tout est bien qui se finit bien. « Grâce à Superman », comme le souligne Lois…et à chaque fois, Clark se tourne alors vers le spectateur qu’il gratifie d’un clin d’oeil, pour bien montrer que nous sommes les seuls dans le secret de sa double identité.

Cela donne à ces cartoons un petit côté répétitif lorsqu’on en revoit plusieurs d’affilée, mais ce n’est guère gênant, tant la qualité de l’animation est admirable. C’est très dynamique, les décors sont d’une grande richesse et l’action est percutante. Ces dessins animés sont également importants dans l’évolution des pouvoirs de l’Homme d’Acier : dans les comic-books, il ne faisait que des grands sauts, ce que les animateurs ont trouvé très limité. Pour rendre ses exploits plus impressionnants, ils ont demandé à DC s’ils pouvaient le faire voler. La maison d’édition a accepté…et c’est ainsi que Superman s’est mis à voler peu de temps dans ses aventures papier.

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Les Fleischer ont eu la bonne idée de confier les rôles de Clark Kent/Superman et Lois Lane aux acteurs qui incarnaient alors les personnages dans le feuilleton radiophonique à succès, Bud Collyer et Joan Alexander. Bud Collyer avait l’habitude de moduler sa voix lorsqu’il passait de Clark à Superman, un effet très réussi dans la phrase « c’est un travail pour…Superman ». Une bonne idée qu’il ne conservera pas sur toute la série de dessins animés comme on peut l’entendre dans les huit dernières productions de Famous Studios.

Si les 17 cartoons des années 40 sont collectivement rassemblés sous la bannière The Fleischer Superman Cartoons, seuls les neuf premiers sont signés par Max et Dave Fleischer. Plombés par les dettes et les mésententes, les frangins ont fini par se séparer et la Paramount a pris le contrôle de leurs studios, rebaptisés par la suite Famous Studios. Huit cartoons Superman supplémentaires ont été produits, avec une baisse de budget et une différence de style assez flagrante, notamment dans la représentation du héros-titre.

Chez les Fleischer, les scénarios avaient une orientation serial et science-fiction…à partir des Famous Studios, les histoires se sont plus tournées vers l’effort de guerre, Superman se battant principalement contre des allemands et des saboteurs japonais, avec une petite apparition d’un Adolf Hitler en colère à la fin de Jungle Drums. Des huits Famous Studios, je retiens surtout pour ma part l’avant dernier, The Underground World, une aventure qui traite d’un monde perdu à la Edgar Rice Burroughs.

Ces dessins-animés ont été mon premier contact avec Superman : je me souviens que mon grand-père avait des cassettes vidéos, qu’il me diffusait quand mes grands-parents me gardaient… et j’adorais ça ! La tension, l’action, le dynamisme, les dessins mêmes me passionnaient.
J’en garde un grand souvenir, très ému.
Merci de m’y avoir replongé !

Bon, pour ceux-là, je ne vais rien dire.

Jamais vus ?

Non … difficile de râler …

Ca viendra alors…pour les adaptations de Supes, ce n’est que le début…:wink: