Horreur
Long métrage américain
Réalisé par Dan Curtis
Scénarisé par Dan Curtis et William F. Nolan, d’après le roman de Robert Marasco
Avec Oliver Reed, Karen Black, Bette Davis, Lee Montgomery, Eileen Heckart, Burgess Meredith, Anthony James…
Titre original : Burnt Offerings
Année de production : 1976
Le scénariste, producteur et réalisateur Dan Curtis a longtemps fait le bonheur des passionnés de fantastique sur le petit écran américain. Il a créé le soap gothique Dark Shadows (plus de 1200 épisodes entre 1966 et 1971); popularisé le personnage de Carl Kolchak, reporter aux prises avec le surnaturel; adapté Bram Stoker, Mary Shelley, Robert Louis Stevenson, Oscar Wilde ou encore Henry James et signé un classique du téléfilm à sketches avec Trilogy of Terror. La carrière de Dan Curtis a principalement été liée à la télévision et il a très peu travaillé pour le cinéma. On ne lui doit que cinq longs métrages…et les deux premiers sont d’ailleurs des déclinaisons ciné de sa série Dark Shadows…
Burnt offerings (Trauma en V.F.) était un scénario original que Bob Fosse devait réaliser à la fin des années 60. Lorsque le projet a été abandonné, Robert Marasco a écrit un roman à partir de son scénario…et le bouquin a finalement intéressé un producteur qui a proposé à Dan Curtis de le mettre en scène. Dan Curtis connaissait bien le livre et n’en était pas vraiment fan, notamment de la fin qu’il n’aimait pas et lorsqu’il s’est attelé à l’écriture du script avec son complice William F. Nolan (The Norliss Tapes, Trilogy of Terror…), il a imaginé un nouvel épilogue et ajouté des éléments comme la présence d’un croque-mort au sourire carnassier (ce grand échalas d’Anthony James) qui hante le père de famille incarné par Oliver Reed (une silhouette effrayante inspirée par un de ses cauchemars d’enfance)…
Avec ses presque deux heures, Trauma est un peu trop long pour son propre bien mais malgré quelques lenteurs, le film se révèle progressivement fascinant dans la manière dont il orchestre la descente aux enfers d’une famille prise au piège d’une demeure qui devait être leur résidence secondaire pendant l’été. La maison semble être un peu trop grande pour seulement quatre personnes (le père, la mère, le fils et la tantine) et elle a besoin de beaucoup d’entretien mais comme le prix demandé par les propriétaires est ridiculement bas, les Rolf ne peuvent pas passer sur cette occasion. Mais les Allerdyce (étrange fratrie incarnée par Eileen Eckhart et Burgess Meredith) ont une condition : que les Rolf s’occupent de leur mère, une vieille femme qui vit cloîtrée dans sa chambre.
La première heure très classique présente les protagonistes et leur dynamique familiale animée par une très bonne distribution. Le toujours imposant Oliver Reed joue Ben Rolf, Karen Black (déjà dirigée par Dan Curtis dans Trilogy of Terror) est son épouse, Lee Montgomery campe un gamin qui n’est pas tête à claques et la légende hollywoodienne Bette Davis est la tante Elizabeth. Si ce quatuor se complète bien à l’écran, ce n’était pas le cas dans les coulisses car Bette Davis détestait Oliver Reed, qu’elle trouvait méprisable, et ne s’est pas du tout entendu avec Karen Black.
D’abord en retenue, dans une atmosphère presque ouatée (la photographie participe à cet effet), le récit bascule dans l’horreur par petites touches…un simple jeu dans une piscine qui tourne mal (Oliver Reed peut faire très peur); la mère qui s’enferme de plus en plus dans la chambre de l’hôte dont elle doit prendre soin, entourée des souvenirs d’un passé qui n’est pas le sien; une frontière floue entre rêve et réalité avec les apparitions du croque-mort. On le dit souvent pour ce genre d’histoire, la maison est un personnage à part entière et Dan Curtis l’exprime subtilement par la façon dont les lieux reprennent littéralement vie, comme s’ils se nourrissaient de la force vitale des habitants.
Avec son petit côté Shining avant l’heure (toutes proportions gardées mais il y a quelques points communs…et Stephen King a avoué avoir apprécié le roman de Robert Marasco), Trauma se dirige vers un dernier acte percutant. Je ne sais pas s’il est meilleur que celui concocté par l’écrivain mais il fait son petit effet…