EPISODE 20 : L’enfance du Robot dans la nature
Cette semaine dans « Tumatxa! », horreur champêtre, science-fiction glaçante et hilarante à la fois, robots-flic défenseurs du peuple : mazette !! ça c’est du programme ou je n’y connais plus rien.
Cinéma, littérature, BD (mâtinée de cinoche pour le coup), le tout en musique : tel est le programme du soir de votre émission radiophonique de chevet, longue comme un jour sans pain mais bonne comme du bon pain, si vous me pardonnez cette répétition douteuse.
Pour le cinéma, on se penche sur l’actualité brûlante (pas en salles cependant) avec l’évocation de « In A Violent Nature » du canadien Chris Nash, qui a plutôt fait parler de lui ces derniers temps via sa consécration au festival de Gerardmer. L’occasion pour nous de revenir sur ce bon vieux sous-genre du cinéma horrifique qu’est le slasher-movie, aussi alléchante sur le papier que bien souvent décévant en pratique… Nash se donne pour mission de rasséréner le genre, via une approche pour le moins originale. Un slasher réalisé à la Terrence Malick ou Gus Van Sant ? Diable, ça fait saliver, mais n’exagérons rien, on en est quand même pas là… même si ces références font sens finalement, et nous verrons pourquoi. Par ailleurs, il faut préciser aux fans de bidoche cinématographique avariée que le film est quand même d’une brutalité insensée, et pour le coup, vraiment, vraiment original… Une gageure pour un slasher !!!
Pour la littérature, énorme coup de coeur qu’il faut que je partage avec vous sans délai : jetez-vous telle la vérole sur le bas-clergé sur « L’Enfance du Monde », époustouflant roman de l’argentin Michel Nieva !! Un futur dystopique, des dérèglements climatiques qui échappent à tout contrôle, une société violemment clivée entre riches et pauvres : tout ça paraît bien classique sur le papier, ne serait-ce le traitement littéraire de choc que Nieva fait subir à sa narration, aussi mutante que l’hybride homme/moustique dont l’auteur nous narre les péripéties. J’ose l’affirmer ici haut et fort au risque de ma vie : Nieva est peut-être l’un des rares (le seul ?) digne héritier de la prose géniale et déglinguée d’un William Burroughs. A ce point-là ? A ce point-là. L’ouvrage a le bon goût de présenter un bonus de choix, en l’occurrence un essai brillant, « La science-fiction capitaliste », qui fait un point sur l’impasse dans lequel le genre à son corps défendant est possiblement en train de s’embourber (spoiler alert : c’est la faute d’Elon Musk), et surtout, comment en sortir… Magistral.
Pour la BD, on revient avec plaisir sur le travail de l’immense Frank Miller, via cette fois une adaptation en BD (signée Steven Grant au découpage séquentiel et Korkut Öztekin aux dessins) de son scénario massacré pour « Robocop 3 », le plus célèbre des flics cyborgs de Detroit !!! Infiniment moins lisse et aseptisé que son adaptation à l’écran signée Fred Dekker (un film hélas beaucoup moins abouti que le génial et très sous-estimé « Robocop 2 »), « Robocop : Mort ou vif » représente au contraire probablement la quintessence de ce que cette franchise satirique et ultra-violente peut proposer. Alors certes, ça n’est pas forcément très fluide et bien raconté (sans qu’on sache trop à qui le reprocher), mais quel panard quand même, avec ces ninjas-cybernétiques bad-ass, Robocop qui ressuscite (encore) et vole tel un Ange de la Rétribution… et ce déluge de violence cathartique.
Le tout est superbement mis en musique comme chaque semaine, jugez plutôt : le trio suisse Ventura est de retour après 6 ans d’absence avec l’excellent « Superheld », dont on écoute le surpuissant « Advertiser » ; on a causé la semaine dernière de la saga « Space Runaway Ideon », écoutons donc un extrait de la BO du film « The Ideon - Be Invoked », avec le sublime « Cantata Orbis », signé Kōichi Sugiyama ; Dax Riggs ne fait pas que chanter dans Acid Bath, il signe aussi des albums solo très inspirés comme « 7 Songs For Spiders », dont est issu le beau « Pagan Moon » ; enfin, pour conclure, vous prendrez bien une louchette de thrash métal progressif allemand, en l’occurrence l’épique « Dances Of Death », issu de l’album du même nom de l’étrange mais passionnant combo Mekong Delta…!!!
« A chance to save the human race
Chaos we can’t avoid
A mighty power out of place
That has to be destroyed »
EPISODE 20 !!!