Action/thriller
Long métrage britannique/hong-kongais
Réalisé par Michael Carreras et Monte Hellman (non crédité)
Scénarisé par Don Houghton
Avec Stuart Whitman, Ti Lung, Lily Li, Anton Diffring, Peter Cushing…
Titre original : Shatter
Année de production : 1974
Après l’âge d’or des années 50 et 60, la Hammer a du chercher des solutions pour lutter contre l’essoufflement des recettes habituelles et le désintérêt du public. Le succès grandissant des films de kung-fu a conduit le boss du studio Michael Carreras à collaborer avec le légendaire studio Shaw Brothers, un accord qui n’a finalement donné que deux longs métrages : l’étonnant et sympathique La Légende des Sept Vampires d’Or (plus dans le ton des univers habituels de la Hammer, les combats bondissants en plus) et le très moyen Un dénommé Mister Shatter, thriller mâtiné d’action.
Shatter est un tueur à gages fatigué (il paraît d’ailleurs que son interprète, l’américain Stuart Whitman, n’était pas en grande forme sur le tournage) qui vient de remplir son dernier contrat, l’élimination d’un chef d’état africain. Il se rend à Hong Kong pour se faire payer mais il tombe dans un piège et devient le bouc émissaire d’un vaste complot qui implique aussi le gouvernement britannique. Pour l’aider, il va pouvoir compter sur le professeur d’arts martiaux Tai Pah et son amie Lily…
Shatter fut une production difficile dans une période toute aussi compliquée pour la Hammer. Le tournage a débuté sous la direction de Monte Hellman (L’Ouragan de la Vengeance) qui était venu à Hong Kong pour un projet différent, non finalisé. Hellman ne s’est jamais entendu avec Michael Carreras, il y a eu pas mal de tensions qui ont occasionné des dépassements de délais. Après trois semaines, Michael Carreras a viré Monte Hellman et bouclé ce qui restait à tourner lui-même. S’il n’a pas été crédité au générique, Hellman a déclaré dans une interview que les deux tiers du résultat final sont de lui, dont toutes les scènes avec Anton Diffring (qui joue le grand méchant) et le vétéran Peter Cushing (pour ce qui était sa toute dernière apparition dans un film de la Hammer).
Cette nouvelle tentative d’explorer des terrains différents s’est soldée par un énième échec pour la Hammer. Carreras n’était pas vraiment convaincu par le potentiel du long métrage puisqu’il a attendu trois ans pour le sortir sur le territoire britannique, soit deux ans avant que la branche ciné du studio ferme boutique. L’aventure hong-kongaise de Mr Shatter est de toute façon très inégale, entre une intrigue qui met un peu trop de temps à développer ses enjeux, un suspense mollasson et un Stuart Whitman poussif.
Les quelques scènes d’action sont tout de même efficaces, notamment les affrontements nerveux et plutôt bien chorégraphiés (ce qui n’était pas toujours le cas dans les co-productions européennes) qui permettent de retrouver Ti Lung, alors star du cinéma d’arts martiaux, révélé par des films comme Le Bras de la Vengeance et La Rage du Tigre avant que sa carrière soit relancée grâce au Syndicat du Crime de John Woo en 1986 (dans lequel il joue le rôle de Sung Tse-Ho).