REALISATEUR
Damiano Damiani
SCENARISTES
Ernesto Gastaldi, Fulvio Morsella et Damiano Damiani, d’après une idée de Sergio Leone
DISTRIBUTION
Terence Hill, Miou-Miou, Robert Charlebois, Patrick McGoohan, Raimund Harmstorf, Jean Martin, Klaus Kinski…
INFOS
Long métrage italien/français/ouest-allemand
Titre original : Un genio, due compari, un pollo
Genre : western/comédie
Année de production : 1975
Rencontre entre deux générations, entre deux visions du western, l’une classique représentée par Henry Fonda et l’autre continuant sur la voie de la parodie qui allait finir par précipiter son déclin, l’excellent Mon Nom est Personne aurait pu…et aurait du être la dernière contribution de Sergio Leone au courant cinématographique qu’il a popularisé avec sa trilogie des Dollars. Mais le succès fut au rendez-vous et on lui demanda donc s’il avait de nouvelles idées pour capitaliser sur la popularité de la nouvelle vedette du western comique, Terence « Trinita » Hill.
Et Sergio avait bien une dernière idée, une arlequinade avec des habits de cow-boys, une virée façon Valseuses (d’où la présence au générique de Miou-Miou), le sexe en moins…
Mais le résultat est loin de valoir Mon Nom est Personne. Se vautrant complètement dans la parodie (jusqu’à employer des effets cartoonesques), Un génie, deux associés, une cloche est un film long, beaucoup trop long (les deux heures ne passent pas facilement) et complètement décousu…mais pourtant pas totalement désagréable pour autant.
Une histoire circule sur le film : une partie des négatifs originels aurait été dérobée et jamais retrouvée. Les réalisateurs (car Leone a aussi mis la main à la pâte sans être crédité, on lui doit la scène d’ouverture) auraient alors monté ce qu’il manquait à partir de rushs, de scènes alternatives. La production ne fut pas non plus un long fleuve tranquille car le producteur Leone a souvent eu des désaccords avec le réalisateur Damiano Damiani (El Chuncho, Amityville II…).
Cela donne un patchwork qui échappe à toute tentative de résumé (disons que l’histoire tourne autour d’une arnaque visant à ce que les Indiens récupèrent leurs terres, ainsi que le vol d’un magot de 300.000 dollars). D’ailleurs, on ne sait jamais vraiment qui sont le génie, les deux associés et la cloche du titre…peut-être parce que ces rôles sont dévolus à chacun des personnages à un moment où à un autre.
La distribution est quant à elle l’une des plus hétéroclites jamais vues dans un western spaghetti.
Il y a bien sûr l’italien Terence Hill, de son vrai nom Mario Girotti, qui s’appelle ici Joe Thanks (donc Joe Merci dans la V.F.)…mais en fait il joue pratiquement le même personnage à chaque film (une réplique fait même un référence directe à Mon Nom est Personne). Avec son regard bleu rieur, il est irrésistible…celui à qui tout réussit, même dans l’élaboration des plans les plus complexes. Le chanteur (et en quelques occasions acteur) québécois Robert Charlebois est le truculent métisse Locomotive Bill, tout en exagération. La française Miou-Miou est la douce et naïve Lucy, amoureuse des deux compères.
L’irlando-américain Patrick McGoohan, immortel interprète du Prisonnier, se régale à jouer le méchant du film, le Major Cabot. Et dans un court rôle, on retrouve ce grand cinglé qu’était l’allemand Klaus Kinski. Son apparition ne sert pas à grand chose dans le déroulement du récit tout en servant l’aspect parodique du film, souvent traité avec des gros sabots.
Car si plusieurs passages sont vraiment très drôles (comme la poursuite dans le fort où Terence Hill échappe à tous ses poursuivants), d’autres sont par contre beaucoup trop lourdingues, la faute à un mauvais timing et un montage inégal. Il y a de bonnes choses dans ce film (la distribution fait passer de bons moments), un peu perdues tout de même dans un ensemble qui manque de liant et souffre de nombreuses chutes de rythmes.
Même la bande-originale de Ennio Morricone est un chouïa décevante cette fois, après ses mémorables compositions pour Mon Nom est Personne !