DAREDEVIL #182-184

Alors que Monsieur Lainé raconte avec justesse, précision et brio (ça va, j’en fais pas trop, Jim ?) les coulisses très intéressantes de la création de ce diptyque et demi (oui, je vais expliquer de suite ce « demi »), je vais tâcher, avec humilité, de vous raconter ce qu’il s’y passe (ouais, pas facile de passer après cela).
Alors, dans Daredevil #182, il se passe visiblement des choses importantes pour le justicier aveugle, mais, pour les lecteurs de la deuxième intégrale du Punisher chez Panini, il n’y a aucune information à ce sujet, puisqu’il n’y a que la partie qui concerne le Punisher, à la fin de l’épisode (pour comprendre ce tour de passe-passe, je vous invite une deuxième fois à cliquer sur le lien ci-dessus, qui vous amènera à l’excellente notule de Monsieur Lainé)
Donc,petit rappel pour ceux du fond qui jouent avec leur revolver en plastique, à la fin du 15ème annual d’Amazing Spider-Man, le Punisher est arrêté par la police et c’est tout naturellement que nous le retrouvons en prison dès les premières pages. L’année éditoriale suivante, au mitan de l’année 82, loin d’avoir assouvi sa vengeance, il continue son ménage au sein de l’établissement pénitencier, ce qui finit par se voir, et devenir gênant. Un agent gouvernemental se dit qu’il peut faire d’une pierre, deux coups, en organisant l’évasion de Castle (ce qui nous permettra de rire le temps de 2 pages grâce à Grotto et Turk) afin d’intercepter une livraison de drogue aux abords de Long Island. Ce qu’il fera évidemment avec tout le sérieux et la méticulosité qu’on lui connait… cependant, il se rend également compte qu’il a tué un enfant. Et là, on sait déjà que le ton de l’histoire sera plus sombre et dur que ce qu’on a pu lire avec lui : « L’ennemi enrôle des gosses. La guerre devient sale. On a besoin de moi ici. » sont les derniers mots de l’épisode. J’ai l’impression qu’on est là à un tournant de la manière dont le Punisher sera utilisé, à mon sens.
Daredevil #183 débute par la mort par overdose d’une jeune adolescente, Mary, pendant un cours dans son école catholique. Matt Murdock était là, mais n’a pu l’emmener à temps à l’hôpital. Difficile faire plus rapide et moins glauque comme démarrage. Evidemment, Daredevil se sent concerné, tout comme le jeune frère de la morte, qui veut absolument se venger. L’enquête du héros va l’amener à rencontrer le Punisher, qui cherche à éliminer le trafic de drogue. Lors d’une bataille de rue, celui qui est considéré comme le principal coupable est abattu et le jeune Billy est accusé. Mais un témoin, fortement molesté par le Punisher, l’innocente. A la place, c’est le nabab du coin, M. Grunter, qui est accusé. Cependant, le héros aux sens aiguisés détecte des signes qui indique que l’homme ne met pas. Il décide donc de le défendre, ce qui, évidemment, ne plaît pas au Punisher.
Dans l’épisode #184, le héros est au four et au moulin. Daredevil empêche Castle d’assassiner son client et Murdock annonce qu’il a des preuves permettant de le dédouaner. Evidemment, c’est du bluff (Martoni) et le professeur de Mary, tombe dans le panneau. Il attaque Murdock en étant complètement intoxiqué et fou par la drogue qu’il revendait lui-même au sein de l’établissement. L’avocat arrive à le neutraliser, et ce qui a pour conséquence d’innocenter son client. Cependant, le malfrat, définitivement tiré d’affaire, dévoile alors qu’il est le meurtrier de son second. Même dans son habit de Daredevil, le héros ne peut rien faire et comprend que c’est le pacemaker du trafiquant qui l’a induit en erreur. Ce que ce dernier ne savait pas, c’est que Billy, le frère de Mary a tout entendu et c’est de nouveau au collège, que tout ce petit monde se retrouve. Le Punisher fini blessé par balle par Daredevil, et le petit décide de ne pas tuer le malfaiteur, qui finit en prison.
Parallèlement à tout cela, Matt Murdock demande Heather Glenn en mariage, et de lâcher les affaires de sa famille. Elle-même signe tout ce que ses conseillers lui donnent, mais en ayant des doutes, ce qui l’amène à, quand même, se poser des questions (avec des conséquences dramatiques, mais ceci est une autre histoire, que nous contera, j’espère, le Doc)
Alors, même si le Punisher n’est présent qu’au tout début et qu’à la toute fin du 3ème épisode, on a ici une histoire calibrée pour lui, tout l’étant tout autant pour Daredevil. Deux héros urbains, avec des motivations distinctes, mais qui peuvent se rapprocher, en partie.
Alors, pour la petite histoire, cela doit être une des premières fois (la première fois ?) que j’ai lu un récit avec le Punisher. Je ne sais plus dans quel ordre j’avais pu lire cela, puisqu’à l’époque, j’ingurgitai les magazines en fonction de ce qui me tombait sous la main, mais je me souviens bien de l’évasion de la prison et de la scène à Long Island. Et je me souviens aussi m’être demandé pourquoi un « héros » était en prison.
En tout cas, c’est la première rencontre entre les deux perso, et ça a de suite fait des étincelles (et de belles planches !), leurs conceptions de la justice ne se réunissant pas sur tout, et notamment sur la manière dont la sentence doit être décidée et exécutée. L’histoire est très dure, avec la mort d’adolescents, qu’ils soient coupables d’être embrigadés par des trafiquants, ou de se droguer. Roger McKenzie prend bien soin de le préciser, et ne juge pas les deux jeunes concernés, en rendant, au contraire, les adultes responsables, à tout niveau. Le sujet de la drogue est clairement explicite, ce qui est devenu possible en 82, alors que cela ne l’était pas auparavant (cf. la note de Jim). La violence physique est également au rendez-vous, avec un tabassage en règle d’un sans-abri par le Punisher, à la limite de le tuer malgré les règles qu’il s’est fixé. Et pour témoigner de la rudesse du récit, je n’ai pas souvenir d’avoir vu Daredevil tenir une arme à feu (ça a dû arriver, mais ça m’a suffisamment marqué cette fois-ci). Et puis il n’y a véritablement aucun moment drôle (si ce n’est celui de l’évasion), aucun dialogue qui prête à sourire. Le sujet est pris avec sérieux.
Avec Miller et Janson, la cinquantaine de pages ne manque pas de séquences marquantes. Toutes celles de l’épisode 182 le sont, que ce soit la baston dans la prison (entraînant la mort), l’échange avec le Pupu en train des faire des pompes, l’évasion (un moment d’anthologie graphique) ou encore le règlement de compte à Long Island, avec le jeune qui voulait se rendre et que le Punisher a « puni » définitivement.
La première séquence du 183 est très forte émotionnellement, avec une voix off qui fait le boulot. J’aime beaucoup la manière dont sont amené les auteurs, quelques pages plus tard. L’agencement de tout cela est saisissant. De même, dans le 184, on a une bande magnifique avec un DD qui se déploie pour empêcher le Punisher de tirer. Miller est vraiment très bon dans ces épisodes, techniquement un cran au-dessus de ce qu’il a produit dans l’annual d’Amazing Spider-Man. On n’a pas ici de sentiment de « blanc » dans les pages. C’est très fourni, beaucoup de matière. Et puis j’ai parlé des scène d’action, mais celle de l’ado qui tient en joue le mallfrat rappelle celle du jeune policier devant le Pupu … mais dans un agencement différent, une ambiance différente. Là aussi, Miller est très fort, que ce soit dans les moments d’émotion (on peut aussi parler de la demande en mariage), les scènes de bagarre (sur les toits, Pupu/DD, ça vaut le détour) ou les scènes de dialogues (celle entre DD et Urich, ou DD et Hogman).
Et que dire de la puissance de ces 3 couvertures, avec très peu d’éléments dessus ?