ACTE DE VIOLENCE (Fred Zinneman)

Drame/thriller
Long métrage américain
Réalisé par Fred Zinneman
Scénarisé par Robert L. Richards d’après une histoire de Collier Young
Avec Robert Ryan, Van Heflin, Janet Leigh, Phyllis Taxter…
Titre original : Act of Violence
Année de production : 1949

À l’origine de Acte de Violence, il y a une histoire non publiée de Collier Young, un publiciste et aspirant écrivain qui s’est ensuite lancé dans la production et l’écriture de scénarios aux côtés de son épouse Ida Lupino (on leur doit notamment le très bon Voyage de la Peur). Young a vendu les droits cinématographiques de son récit qui devait d’abord être un film indépendant à petit budget avant que la MGM s’y intéresse. Si Gregory Peck et Humphrey Bogart furent un temps envisagés pour les rôles principaux, le studio a finalement porté son choix sur Van Heflin et Robert Ryan pour donner vie à l’antagonisme au coeur du drame qui se joue dans Acte de Violence.

Après avoir incarné Athos dans le virevoltant Les Trois Mousquetaires de George Sidney, Van Heflin est ici Frank Henley, héros de guerre et citoyen respecté de la petite ville de Santa Lisa en Californie. Mais Frank cache un secret remontant à la période où il a été fait prisonnier dans un camp nazi. Il n’a jamais révélé à personne, pas même à son épouse Edith jouée par Janet Leigh (Les Vikings, Psychose…), qu’une décision prise par désespoir a coûté la vie à plusieurs soldats de son unité. Mais il y a eu un survivant, son ancien ami Joe Parkson revenu blessé d’Allemagne…et celui compte bien se venger de Frank…

Robert Ryan (impérial dans Nous avons gagné ce soir) livre une prestation fiévreuse et tourmentée en homme diminué physiquement, en proie au stress post-traumatique, concentré sur une cible précise pour essayer de trouver un remède au mal qui le ronge. Acte de Violence fut l’un des premiers longs métrages à traiter des difficultés du retour à la vie civile des vétérans de la Deuxième Guerre Mondiale, notamment en mettant en avant le thème de l’éthique en temps de guerre…le tout dans une intrigue très bien ficelée, au pessimisme prononcé qui s’inscrit efficacement dans les codes du film noir…

L’un des aspects les plus intéressants de Acte de Violence est qu’il n’y a pas vraiment de héros et de méchants. Frank Henley n’a jamais cessé d’être hanté par ce qu’il a fait pendant la guerre et il commet d’autres erreurs sous l’effet conjugué de la peur et de l’alcool avant de se reprendre dans le dernier acte. Joe Parkson n’est pas quelqu’un de mauvais mais il se laisse submerger par ses souvenirs difficiles et ses douleurs aussi bien physiques que mentales. Caractérisations nuancées dans un suspense impeccablement mené, de la présentation de Joe dans les premières minutes (avec une idée sonore aussi simple qu’astucieuse qui insiste sur son boitement pour accentuer la possible menace) jusqu’à un final d’une grande intensité.

Acte de violence est le huitième long métrage de Fred Zinneman, une expérience dont il n’a gardé que de bons souvenirs tant il avait ressenti pour la première fois de l’assurance dans tous les domaines de la production. Il a ensuite signé deux de ses films les plus connus au début des années 50, Le Train sifflera trois fois avec Gary Cooper et Tant qu’il y aura des hommes avec Burt Lancaster.

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