REALISATEUR
Richard Fleischer
SCENARISTES
Calder Willingham et Dale Wasserman, d’après le roman de Edison Marshall
DISTRIBUTION
Kirk Douglas, Tony Curtis, Ernest Borgnine, Janet Leigh…
INFOS
Long métrage américain
Genre : aventures
Titre original : The Vikings
Année de production : 1958
OOODINNNNN !!!
Au début des années 50, le Studio System, qui obligeait notamment les comédiens à signer des contrats longue durée avec les studios, vit ses derniers instants. Afin d’exercer un meilleur contrôle sur leurs futurs projets, les plus grandes stars se lancent dans la production. Suivant l’exemple de son ami Burt Lancaster, qui a fondé Norma Productions pour pouvoir co-financer le film d’aventures Le Corsaire Rouge, Kirk Douglas crée Bryna Productions, nommée d’après le prénom de sa mère, Bryna Demski.
Les débuts de Bryna Productions sont marqués par les échecs financiers : des films comme le beau western La Rivière de nos amours et le chef d’oeuvre Les Sentiers de la Gloire de Stanley Kubrick sont déficitaires. Kirk Douglas le sait, Bryna a besoin d’un gros succès pour s’imposer et la jeune société la trouvera avec le long métrage à grand spectacle Les Vikings, inspiré par un roman de Edison Marshall. Le scénario est co-signé par Calder Willingham, qui avait déjà travaillé avec Stanley Kubrick sur l’admirable script des Sentiers de la Gloire.
À la réalisation, Kirk Douglas a lui-même choisi Richard Fleischer, qui avait déjà dirigé la fossette la plus célèbre d’Hollywood dans 20.000 lieues sous les mers et qui ira jusqu’à passer des semaines en Norvège pour réunir une documentation approfondie sur le sujet. Visuellement, le film est splendide : les décors naturels flattent les mirettes, les navires sont impressionnants, les intérieurs sont soigneusement détaillés, le travail sur la profondeur de champ donne des plans d’une grande richesse et la photographie de l’expérimenté Jack Cardiff (Le Narcisse Noir, La Comtesse aux pieds nus…) est flamboyante.
La réalisation inspirée de Richard Fleischer se met autant au service du romanesque drame d’époque que de l’action bondissante et à ce titre, la bataille finale (et son duel entre les deux héros) demeure l’un des sommets du genre.
Avec panache, Kirk Douglas s’impose dans une interprétation extrêmement physique, celle d’Einar, l’impétueux fils du chef viking Ragnar, et fait aisément oublier qu’il était déjà, à 41 ans, plus vieux que son personnage (qui est censé être dans sa vingtaine). Fait amusant, le truculent Ernest Borgnine, qui joue son père, était dans la vie plus jeune que Kirk Douglas (un an les séparait). Dans les rôles de l’esclave Eric (qui ne se doute pas de sa prestigieuse lignée) et de la princesse Morgane, on retrouve l’un des couples les plus célèbres de l’époque (à la vie comme à l’écran), Tony Curtis (qui tournera à nouveau aux côtés de Kirk Douglas dans le Spartacus de Stanley Kubrick) et la belle Janet Leigh (Psychose), les parents de Jamie Lee Curtis.
Combats palpitants, aventure exubérante, tragédie fraternelle…Les Vikings est traversé par un souffle épique qui ne dément jamais, rythmé par une excellente bande-originale de l’italien Mario Nascimbene (Salomon et la reine de Saba). C’est aussi l’un des rares films de l’époque à ne pas faire défiler ses crédits pendant le générique début, qui fait la part belle en version originale à la narration d’un certain Orson Welles (voir vidéo ci-dessous) !