REALISATEUR
Alfred Hitchcock
SCENARISTE
Joseph Stefano, d’après le roman de Robert Bloch
DISTRIBUTION
Anthony Perkins, Janet Leigh, Vera Miles, John Gavin, Martin Balsam…
INFOS
Long métrage américain
Titre original : Psycho
Genre : thriller/horreur
Année de production : 1960
Le code Hays, système de censure établi à Hollywood dans les années 30 pour réguler la production des longs métrages, a officiellement été abandonné en 1968 mais il n’était dans les faits plus strictement appliqué depuis plusieurs années. Psychose, l’un des films les plus célèbres de Alfred Hitchcock, en est un bon exemple. Après le générique début rythmé par le tempo du mémorable thème musical de Bernard Herrmann, qui établit le ton en insufflant déjà une véritable tension, la caméra s’approche de la fenêtre d’une chambre d’hôtel, au plus près de l’intimité d’un couple dont on devine qu’ils viennent de faire l’amour.
Il est torse nu, elle est montrée en soutien-gorge blanc (une couleur pure, participant à l’identité visuelle d’une femme qui n’a pas encore pensé au vol qui la mènera sur une route sans retour possible). Leur discussion nous apprend également qu’ils ne sont pas mariés, ce qui était beaucoup plus délicat à montrer à l’époque du code Hays. John Gavin (vu la même année dans Spartacus) est Sam Loomis, Janet Leigh (Les Vikings) est Marion Crane. Ils s’aiment mais ils sont pauvres et ils ne peuvent encore se marier.
De retour à son travail, Marion est soumise à la tentation lorsque son patron lui remet la somme de 40.000 dollars pour qu’elle les dépose à la banque. Parce qu’elle est malheureuse, qu’elle en a assez de cette vie et qu’elle veut rejoindre Sam, Marion décide de partir avec l’argent (une scène dans laquelle elle porte cette fois-ci un soutien-gorge noir). La fuite de Marion échappe à un potentiel rendu répétitif grâce une excellente utilisation des voix intérieures de la jeune femme, à la musique bien employée et à l’intervention de personnages comme le policier et le vendeur de voiture qui ajoutent à la nervosité de l’héroïne.
Par une nuit sombre et orageuse, Marion Crane décide de s’arrêter dans un motel désert pour se reposer. Elle y fait la connaissance du propriétaire des lieux, un certain Norman Bates, qui vit avec sa mère dans la grande demeure sur la colline qui surplombe les lieux. Différent de son modèle du roman de Robert Bloch (que je n’ai pas lu, je le précise…l’écrivain s’était inspiré des crimes du tueur en série Ed Gein), Norman Bates a l’air d’un jeune homme très sympathique mais c’est une façade qui se fissure au fur et à mesure. Très bien interprétée (Janet Leigh et Anthony Perkins sont impeccables), la scène de la discussion autour d’un verre et d’un sandwich est importante et prépare subtilement la suite de l’histoire.
Il faut se rappeler que la Paramount ne croyait pas au film et c’est pour cela que le studio n’a accordé qu’un budget limité à Hitchcock (moins d’un million de dollars). Le réalisateur, qui en avait alors un peu assez des grosses productions, a fait de ces restrictions budgétaires une force en tournant Psychose en N&B, avec une équipe réduite venant de la série télévisée Alfred Hitchcock présente. Le film fut un tournant dans l’histoire du cinéma, pour plusieurs raisons et bien entendu par l’inoubliable scène de la douche (un modèle de montage) qui a pris les spectateurs au dépourvu en tuant celle qu’ils pensaient être le personnage principal en plein du milieu du métrage.
Après ce moment-choc, le suspense ne se relâche pas tout au long de l’enquête de Sam, de Lila Crane (la soeur de Marion) et du détective joué par Martin Balsam. La scène finale, très (trop ?) explicative sur le passé de Norman Bates, a souvent divisé et divise encore. Il se dit même qu’Alfred Hitchcock la détestait car on la lui a imposé et qu’elle était ennuyeuse après la montée en puissance qui a précédé…mais elle introduit le plus efficace et troublant dernier plan, porté par la géniale interprétation de Anthony Perkins.