BODY SNATCHERS, L'INVASION CONTINUE (Abel Ferrara)

Science-fiction/horreur
Long métrage américain
Réalisé par Abel Ferrara
Scénarisé par Stuart Gordon, Dennis Paoli et Nicholas St John, d’après une histoire de Raymond Cistheri et Larry Cohen et le roman de Jack Finney
Avec Gabrielle Anwar, Terry Kinney, Billy Wirth, Meg Tilly, Forest Whitaker, R. Lee Ermey…
Titre original : Body Snatchers
Année de production : 1993

Le développement d’une nouvelle adaptation du roman L’Invasion des Profanateurs de Jack Finney (The Body Snatchers en V.O.) a débuté vers 1988 et il était question que Philip Kaufman, le réalisateur de la version de 1978 y participe en tant que producteur mais ce dernier s’est finalement retiré du projet qui est passé entre les mains de noms bien connus des amateurs de série B. En effet, Larry Cohen (Meurtres sous contrôle) a travaillé sur les premières versions du scénario avant de passer la main au duo Stuart Gordon et Dennis Paoli, les auteurs de Re-Animator et From Beyond - Aux Portes de l’Au-delà.

Stuart Gordon devait d’ailleurs réaliser le long métrage…avant que la Warner choisisse finalement un metteur en scène plus connu pour son exploration d’environnements urbains au réalisme cru, Abel Ferrara (L’Ange de la Vengeance, Bad Lieutenant…). Ferrara a confié en interview qu’il reste un grand fan du livre de Jack Finney, de L’Invasion des Profanateurs de Sépultures de Don Siegel et de cette idée au coeur de l’histoire, que subitement les personnes que vous côtoyez tous les jours vous deviennent étrangers parce qu’ils sont remplacés par…quelque chose d’autre, venu d’ailleurs…

Abel Ferrara et son scénariste complice Nicholas St John voulaient d’ailleurs revenir à cette petite ville, remplacée par San Francisco dans le film de 1978, mais le studio tenait à proposer quelque chose de différent et a imposé le décor de la base militaire. Le scénario diffère donc des deux premières adaptations, tout en gardant quelques éléments (le petit garçon qui affirme que sa mère remplacée est morte vient du Siegel; le cri de ralliement vient du Kaufman…) qui lient ces différentes réactualisations entre elles.

Le récit est ici raconté du point de vue d’une adolescente un peu rebelle (la jolie Gabrielle Anwar…qui avait en fait 23 ans) dans une cellule familiale recomposée. Le père est un scientifique de la protection de l’environnement venu étudier les effets des actions militaires sur l’écosystème de la région. Dès les premières minutes, il est clair que quelque chose cloche, impression renforcée par les interrogations du médecin de la base campé par Forest Whitaker, l’un des rares soldats à ne pas avoir succombé à l’influence des extraterrestres venus du fin fond de l’espace dans des sortes de « cosses »…une société ultra-organisée et conformiste qui se coule parfaitement dans le moule rigide du mode de vie de l’armée…

Je n’avais vu Body Snatchers - L’Invasion continue qu’une seule fois, à sa première diffusion TV dans les années 90 et je n’en avais pas gardé un si bon souvenir, lui préférant les films de 1956 et 1978. Et j’ai bien fait de lui redonner une chance (il y a des avis qui évoluent avec le temps) car si Ferrara n’a pas pu faire tout ce qu’il voulait (sans renier le résultat final), cette troisième transposition à l’écran de l’oeuvre de Jack Finney ne manque pas de qualités. Le suspense est bien entretenu grâce au climat paranoïaque et les moments-chocs sont amenés plutôt efficacement malgré quelques petites ellipses au montage. Je suis plus réservé sur le final, qui verse un peu trop dans le spectaculaire alors que j’aurais apprécié quelque chose de plus ambigu qu’une simple ligne de dialogue ajoutée dans les ultimes secondes.

L’aspect horrifique fait partie des points forts de ce Body Snatchers, avec des visuels forts (belle photographie de Bojan Bozelli) et des scènes de transformations très charnelles, aussi troublantes que glauques. Dans ce registre, des passages comme celui de l’hôpital, où les humains sont réduits en poussière pour mieux donner naissance à leurs répliques aliens, portent certainement la signature de Stuart Gordon et Dennis Paoli.

1 « J'aime »

Tu m’étonnes. Moi c’est tout l’inverse de ton cheminement. Beaucoup aimé à l’époque de sa sortie et effet duschmoll à la re-vision l’année dernière à la suite des deux autres films

Oui, ça peut aussi marcher dans ce sens-là…^^
Après, je le classe toujours derrière les deux premiers mais cette redécouverte m’a fait dire que j’avais été un peu trop dur avec le film quand j’avais la vingtaine.
Toujours pas vu la version 2007 avec Kidman et Craig…