Policier/horreur/science-fiction
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Larry Cohen
Avec Tony Lo Bianco, Deborah Raffin, Sandy Dennis, Sylvia Sidney, Richard Lynch…
Titre original : God told me to
Année de production : 1976
Farouche indépendant, Larry Cohen (qui nous a quittés en 2019) a jonglé pendant toute sa carrière avec des petits budgets, développant sur la plupart de ses projets une façon de réaliser très « cinéma guérilla » quand il n’avait pas les autorisations, ce qui est arrivé plusieurs fois sur le tournage de Meurtres sous contrôle. Cela donne au film une sensation d’urgence, d’incertitude, et même de danger quand la caméra traîne dans les quartiers les plus glauques de New York…une approche quasi-documentaire qui sert bien le propos et rend encore plus efficace certains passages, dont celui qui ouvre cette cinquième réalisation de Larry Cohen.
Meurtres sous contrôle débute par une scène très forte, hélas encore tristement d’actualité. Les habitants de New York sont pris pour cibles par un tireur isolé qui a le temps de tuer une dizaine de personnes avant d’être localisé par la police au sommet de l’une de ces citernes d’eau caractéristiques des toits de la Grosse Pomme véreuse. L’inspecteur de police Peter Nicolas entame une conversation avec le tueur qui explique son geste d’un simple « Dieu m’a ordonné de le faire » (God told me to est le titre original) avant de se donner la mort. Une situation qui se répète quelques jours plus tard…
Cette implication divine trouble le policier, lui-même catholique dévoué. Peter Nicolas est interprété par Tony Lo Bianco (Les Tueurs de la Lune de Miel), qui a remplacé Robert Forster au pied levé après que ce dernier a quitté le tournage au bout de deux jours parce qu’il ne supportait pas Larry Cohen. Le personnage est complexe et intéressant à suivre (l’interrogatoire du père qui a assassiné sa famille est particulièrement assez intense) tout au long d’une enquête qui devient de plus en plus étrange au fil des révélations mêlant climat complotiste…et science-fiction…
Meurtres sous contrôle est un étonnant hybride bien bis, une de ces histoires dans laquelle le fantastique surgit dans un environnement urbain. Le manque évident de moyens se fait ressentir par moments…pas dans la partie polar, plutôt quand les effets spéciaux sont de la partie (Larry Cohen a même du utiliser des stock-shots d’une série TV pour illustrer une scène-clé) mais l’emploi d’astuces visuelles simples (comme des spots de lumière) combinées au jeu halluciné de Richard Lynch participent à l’atmosphère suréelle du dernier acte.
Après Le Monstre est vivant, le grand compositeur Bernard Herrmann (Sueurs Froides, Psychose…) devait à nouveau travailler avec Larry Cohen sur Meurtres sous contrôle. Mais son décès soudain en a décidé autrement. Avant de choisir Frank Cordell (Khartoum), Larry Cohen a tenté de convaincre Miklos Rosza (Ben-Hur) de signer la musique du film. Et ce dernier lui a répondu « God told me not to »…
