COLLECTORS : portfolios, tradings cards et autres ramasse-poussière…

Bon, il y a déjà un sujet sur les figurines (dans la section « généralités » : je l’aurais bien déplacé dans les clubs, mais il cause à la fois de figurines manga et comics, alors je suis hésitation…), je me suis dit que pour le plaisir des yeux, ça pourrait être amusant de créer un nouveau sujet, plus spécifiquement dédié aux différents collectors imprimés. Je songe aux portfolios, aux trading cards, aux ex-libris, aux posters, allez savoir…
Toutes ces jolies pièces qui font rêver depuis des années, ou bien qui font la fierté de nos collections…

Allez, j’ouvre le bal avec un achat récent, le portfolio Heroes de Gray Morrow, édité en 1975 chez SQP.

Contrairement à bien d’autres portfolios édités par la suite, celui-ci se présente sous la forme de planches au format A4, en couleurs, sur papier brillant : bien d’autres privilégieront un format A3, en noir & blanc, sur papier mat.

En revanche, le nombre de planches est classique : six illustrations, reprenant différents héros de la fiction populaire anglophone. Dans l’ordre présenté ci-dessus, Modesty Blaise, Hawkman, Black Terror, le Joker, Vigilante et le tandem composé du Lone Ranger et de Tonto.

Le portfolio se présente dans une enveloppe sur laquelle est imprimé Hawkman en gris (là où, bien souvent, les portfolios des années 1980 seront disposés dans une pochette à rabat…).

Jim

2 « J'aime »

On a parlé récemment de la collection de trading cards Mars Attacks, éditée (puis rééditée et enrichie) par Topps. La même que cette réédition, soit en 1994, paraît une collection de trading cards consacrées à Jack Kirby.

(Pour l’anecdote, un portrait de Kirby apparaît déjà dans une autre collection, les Famous Comic Book Creators, éditée par Eclipse en 1992.)

À l’époque, la structure éditoriale Topps Comics, lorgnant, comme tous ses concurrents, sur le succès d’Image Comics, signe un accord avec le King des Comics pour sortir une collection mettant en scène ses créations. C’est Jim Salicrup qui permettra le rapprochement entre Topps et Kirby et qui supervisera les parutions, au rang des créateurs desquelles on trouve Roy Thomas, Walt Simonson, Steve Ditko, Don Heck, Neil Vokes et quelques autres. Avec la série Phantom Force parue chez Image, c’est un retour sur le devant de la scène pour le créateur légendaire, ce qui suscite la création d’une collection de trading cards, publiée par 21th Century Archives.

La série présente diverses illustrations (dont quelques-unes datant de sa tentative de relance de Thor, encrées par Don Heck), des couvertures de comics ayant jalonné sa carrière, et le portrait de personnages plus récents. C’est varié, bien reproduit, sur un carton pas trop brillant.

La collection centrale comprend cinquante cartes (que j’ai), agrémentées de cinq cartes numérotées de K1 à K5 et cinq autres de KM1 à KM5 (que je n’ai pas). L’ensemble constitue une jolie évocation de la carrière du King, assez respectueuse tout en profitant de l’engouement pour les trading cards ravivé en ce milieu des années 1990.

Jim

2 « J'aime »

Cody Starbuck est une sorte de bretteur à la Errol Flynn évoluant dans un monde de space opera. Il est créé par Howard Chaykin dans le magazine Star*Reach de Mike Friedrich en 1974, où il fait quelques apparitions avant d’intégrer le sommaire de Heavy Metal en 1981.

Le personnage cynique de Chaykin a droit à un portfolio édité par SQP (même éditeur que celui de Gray Morrow cité plus haut) en 1980. La présentation est comparable, à savoir une enveloppe sur laquelle est imprimée une illustration en noir & blanc (du plus bel effet) et dans laquelle on trouve des planches en couleurs, reproduction de peintures où Chaykin déploie sa maestria. Hélas, le papier glacé ne rend pas réellement justice à ces illustrations, à mon goût.
(Il me semble qu’il existe un autre portfolio datant de 1978 et apparemment en noir & blanc, mais je n’ai pas d’informations bien précises sur le sujet…)

Les peintures de Chaykin manifestent son goût pour l’illustration, pour les compositions soignées, ainsi que pour le caractère sexy et un brin provoc de ses personnages. On sent également l’influence de certains illustrateurs, au premier rang desquels je mettrais Robert McGinnis.

Au-delà de la composition, des lignes de force qui s’entrecroisent, de la superposition des motifs, on peut aussi reconnaître l’influence de Gil Kane, bédéaste dont Chaykin a été l’assistant une petite décennie plus tôt, avec lequel il travaillera à nouveau par la suite (sur Legends of the Dark Knight, notamment…) : on retrouve la manière de poser les personnage au sol, d’articuler leurs attitudes, voire de les habiller.

Je ne me rappelle pas du tout dans quelles circonstances j’ai trouvé ce portfolio. Sans doute une convention parisienne. Mais j’en suis très content, pardi.

Jim

3 « J'aime »

La classe !

Je trouve aussi.
:wink:

Jim

Profitons de ce sujet pour refaire un tour du côté de la collection de trading cards X-Men dessinée par Jim Lee en 1992.

La série a été publiée par Impel et présente la particularité de proposer un pan entier de l’univers de l’éditeur illustré par un seul dessinateur, une pratique assez rare.


À mes yeux, Jim Lee est au sommet de son art, même si on sent encore quelques influences précédentes (Art Adams entre autres) et quelques tics qui témoignent de son évolution à l’époque : il n’est pas encore figé dans son style hiératique, voire « iconique » comme on dit maintenant, et ses personnages sont encore très vivants, tout en affichant l’énergie qui l’imposera par la suite.

Rappelons aux plus curieux qu’ils peuvent se rabattre sur un petit bouquin publié chez Huginn & Muninn et reprenant ces dessins : Les X-Men par Jim Lee - Les cartes à collectionner.

Jim

1 « J'aime »

J’ai vu ma photo avec le verso. Je suis célèbre. Vous me verrez très prochainement au cinéma, oui l’année prochaine ! En attendant je vous ai préparé des burrito et des chimichangas ! Venez pas nombreux ! :wink:

En 1989, Dark Horse fait paraître un portfolio consacré à Concrete, la série de Paul Chadwick.

Le personnage apparaît dans Dark Horse Presents en 1986, puis il a droit à une série étalée sur 1987-1988, et un an après, pour fêter la première bougie de cette mini, l’éditeur publie ce collector.

À l’exemple de ce qu’on a vu pour Heroes par Gray Morrow ou Cody Starbuck par Howard Chaykin, les six illustrations de Chadwick, imprimées sur papier épais et mat, sont présentés dans une enveloppe.

Les illustrations de Chadwick reprennent des éléments et des péripéties présentés dans les premiers numéros de la série, sous une forme très stylisée.

Chose intéressante, sur le site Stuart NG Books, je trouve un petit commentaire au caractère historique intéressant, concernant la « mode » des portfolios :

Limited edition portfolios were a phenomenon of the 1970s and 80s. They grew out of a greater appreciation of comic and fantasy artists. Middle-Earth lead the way publishing a 1973 portfolio of Frank Frazetta drawings that quickly sold out its 500-copy print run. It was followed by Barry Smith’s Tupenny Conan Portfolio in 1974 and another Frazetta portfolio, The Lord of the Rings, in 1975. This lead to a decade of large format, limited edition portfolios: a suite of new illustrations created without restrictions or censorship, with better printing on better paper, reproduced in a large size, to fully appreciate the artwork.

Un « phénomène » un peu oublié de nos jours : il devient rare que des éditeurs ou des galeries financent la création de nouvelles illustrations (les rares initiatives sont pour l’essentiel des réimpressions d’images déjà connues), et le marché semble avoir oublié ces objets, et la demande semble faible. Tant mieux, tant mieux, dirais-je, pour les acheteurs.

Jim

2 « J'aime »

Quand on parle de portfolios consacrés à la BD, et surtout la BD anglophone, la librairie Déesse est incontournable. En effet, la boutique, entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990, a publié différents objets luxueux qui ont marqué leur époque. On pense notamment à celui consacré à Mike Zeck, mais aussi à celui de John Bolton, à celui de Brian Bolland… Et viennent en mémoire les portfolios consacrés à John Romita Jr et à John Byrne.

Ce dernier a marqué pas mal de monde. L’objet se présente sous la forme d’une chemise à rabats dans laquelle se glissent les six illustrations réalisées par le dessinateur. Le principe thématique est d’offrir à l’illustrateur l’occasion de revenir sur certains moments clés de sa prestation sur Uncanny X-Men, mettant ainsi en scène des membres importants du casting.

L’intérêt de l’exercice, c’est que les illustrations sont réalisées en 1992 (pour une sortie datée de janvier 1993). Le style de Byrne a évolué entre-temps, privilégiant des effets de matière plus nombreux et un encrage plus épais. Car Byrne s’encre lui-même pour ce jeu d’illustrations qui allie la surprise de la nouveauté et le charme de la nostalgie.

À tout seigneur, tout honneur, c’est donc Wolverine qui ouvre le bal, dans une reprise de la fameuse scène des égouts avant l’assaut du Hellfire Club.

Suivent Storm prise en plein cauchemar face à Proteus, et Cyclops face à Shaman de l’Alpha Flight.

Viennent ensuite Kitty face au N’Garai (dernier épisode de Byrne sur la série, un chapitre que les lecteurs français mettront quelques années à découvrir, et qui se veut un hommage au film Alien de Ridley Scott) et Colossus dans le brasier en Terre Sauvage, qui se demande s’il va fondre.

Enfin, pour clore le bal, La fameuse scène du « suicide assisté » de Jean Grey, alors possédée par le Dark Phoenix, sur la Lune.

Autant de scènes emblématiques, qui auront marqué toute une génération de lecteurs, et qui sont réinterprétées par un John Byrne transformé, mais parfois encore bellement inspiré (et personnellement, je le trouve encore très chouette dès qu’il centre son illustration sur un personnage féminin).

Jim

3 « J'aime »

Mike Zeck :

WORLD’S FAMOUS COMIC BOOKS ARTISTS, Limited Edition Portfolio, 1983.
I think this was the first of the portfolio publications from Déesse ? Sixteen plates by sixteen different artists in this portfolio. I was invented to participate along with Kirby, Bolland, Kaluta, Chaykin, Chaland, and other artists from the US and Europe. My contribution was a Captain America illustration, since I was penciling the title at the time.

Ah celui-là, j’aimerais bien mettre la main dessus, pardi.
Y a des trucs très sympas, dedans.

Genre, Jack Kirby :

Ou Gil Kane :

Ou bien Jean-Claude Gal :

Ou encore Paul Gillon :

Les crayonnés :

1 « J'aime »

Éditions Dééesse toujours avec ce portfolio de 1991, dédié au DD de Romita Jr (dans l’intervalle entre la fin de son run avec Ann Nocenti à la mi-1990 et la parution de la mini-série Man without Fear en 1993).

Marshall Rogers (paru au début des 80’s, suite à son run court mais mémorable en compagnie de Steve Englehart, soit l’une des principales influences du 1er opus de Tim Burton selon ce même scénariste) :

Steve Fastner & Rich Larson (1980), avec la participation d’un Byrne mécontent du rendu final :

Je l’ai aussi, celui-là.
Très bel objet.

Jim

Le Daredevil de John Romita Jr est le seul portfolio en ma possession (et acheté à sa sortie).

Dans leur format habituel, que je trouve particulièrement classe (chemise à rabat, monochromie, logo gaufré…), les éditions Déesse ont également publié un portfolio consacré à l’illustrateur John Bolton.

jbc

Figures féminines de déesses ou de guerrières, monde de fantasy, ombre de la mort qui plane sur les images et jusque dans l’illustration imprimée sur l’enveloppe, voilà les thèmes qui dominent cette succession d’images.

jb01

On trouve deux particularités dans ce portfolio. D’une part une image en couleurs.

jb02c

D’autre part, moins inhabituel (puisque Romita Jr a utilisé le procédé dans son portfolio), une image au format paysage, là où les autres optent pour le format portrait.

Au-delà des références mythologiques, les lecteurs trouveront dans ces illustrations une ambiance proche de cela de la série Marada the She-Wolf, que Bolton a illustrée sur des scénarios de Chris Claremont.

jb04

La succession des images dans l’ordre choisi par l’auteur propose une histoire, celle d’une guerrière qui, à l’issue d’un combat, franchit le fleuve de l’au-delà et se retrouve au tribunal de la mort.

jb05

La dernière planche donne la clé de compréhension quant au destin de la guerrière.

jb06

La finesse des décors et des environnements (c’est particulièrement palpable dans l’illustration en couleurs) n’est pas sans évoquer le style d’un autre Britannique célèbre, Barry Windsor-Smith.

Jim

2 « J'aime »

Parmi les portfolios qui me font rêver depuis des années voire des décennies, il y a celui que le dessinateur Michael Golden consacre au Doctor Strange, en 1983.

Six illustrations parcourant l’univers exotique inventé par Steve Ditko et Stan Lee, où le bon docteur est, finalement, assez en retrait, si ce n’est sur l’illustration de la pochette, qu’il occupe avec majesté.

Jim

1 « J'aime »