DEFENDERS #1-5 (Al Ewing / Javier Rodriguez)

Pas que d’URSS.
C’est aussi l’esthétique symbolique de l’architecture des années 1930, notamment américaine.
À laquelle les couvertures de la mini Iron Man: Enter the Mandarin font référence, aussi…

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Je pense aussi à l’affiche du film Rocketeer.

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Cette esthétique doit bien avoir un nom, mais ça ne me vient pas.

Jim

Ça m’évoque aussi les couvertures de Twilight.

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Aussi, oui, très bien vu.

En tapant mon post, hier, je songeais à l’esthétique Art Déco, et en cherchant un peu ce matin, je me dis que je n’ai pas tout à fait tort.

On pense aux affiches publicitaires, notamment de Cassandre :

Mais pas seulement. Je songe aussi aux sculptures, aux bas-reliefs et aux caryatides des immeubles américains construits dans l’entre-deux-guerres, tout ça.

Mais je pensais qu’il y avait un nom particulier à cette approche visuelle.

Jim

Heinz Schulz-Neudamm a popularisé le style avec Metropolis.

On pourrait appeler ça le style art-déco. Populaires dans les années 30 qui à été repris comme style par différents états afin de servir à faire de la propagande.

Edit, j’avais pas vu le dernier post de Jim.

Merci : je ne connaissais pas son nom.

Oui, j’avais pensé au film, mais je ne l’avais pas cité.

Oui, c’est intéressant, ça : la récupération, aux extrémités du spectre politique.

Et je continue à chercher.

Jim

Les kryptoniens versions Snyder aussi.

Hahahaha
Mais ouais !

Et là, en filigrane, on voit bien comment le nazisme et le soviétisme ont réintégré des trucs.

Jim

Il l’a popularisé, mais le style existait déjà avant. On peut parler de constructivisme (un mouvement né du rejet du classique né en Russie ou même du suprémacisme (une sorte de style cubique abstrait avant l’heure).

Ce style existant au niveau De la propagande bolchévique lors de la révolution russe.

Si j’en crois ce que je lis ça découle du mouvement baptisé le futurisme qui prend essor en Italie au début du XXème. (cf Luigi Russolo la révolte en 1911) ou l’on retrouve à mon sens les début du mouvement

Les américains aussi (d’ailleurs l’image des Kryptoniens avec le drapeau vient plus d’une image américaine.la fameuse photo de la bataille Iwo Jima)


Art deco.

Art déco

Voilà

Moi je dirais « réalisme soviétique » pour ce type d’esthétique. Très inspiré du futurisme italien…

Le point commun, me semble-t-il, c’est la géométrie, qui sert de base, voire d’exigence. Mais dans l’Art Déco, c’est en surface, c’est décoratif justement. Dans le constructivisme russe, c’est la structure, l’ossature, la charpente. Du moins me semble-t-il.
Du coup, je vois dans le constructivisme une source plus évidente du « style international » à la Le Corbusier, où la fonction l’emporte sur l’apparence, et où la géométrie est au service de la structure.
Et j’y vois aussi des parallèles idéologiques : il y a dans le constructivisme russe (et dans son ancêtre le futurisme, obsédé par la machine, la vapeur et la vitesse), comme dans l’architecture nazie (qui ont des points communs) ainsi que dans l’approche de Le Corbusier le spectre d’un « homme nouveau », la hantise d’une projection formatée dans l’avenir. C’est en lien, me semble-t-il, avec des réactions après les conflits mondiaux (les grands mouvements artistiques du XXe siècle sont souvent des réactions face aux horreurs de la guerre, dirigés soit vers une individualité plus affirmée, soit vers une sorte d’utopie sociale).
Et c’est peut-être pour ça que j’aime davantage la proposition architecturale de Frank Lloyd-Wright, avec cette volonté de fondre l’habitat dans la nature (ce qui n’est pas exempt d’idéologie non plus : c’est l’affirmation d’une architecture typiquement américaine, mais à l’échelle humaine, au moins…) ou encore le style Googie, qui associe la forme des immeubles aux fonctions ou aux produits qu’ils abritent (là aussi, il y a une idéologie, celle du consumérisme). Bon et puis, le style Googie (j’ai appris le nom dans un bouquin sur la science-fiction, faudrait que je retrouve la référence) se marie tellement bien avec d’autres esthétiques, comme le style Tiki, par exemple…

Jim

Ah oui, merci.
J’ai toujours trouvé ça ironique, comme appellation. Parce que en matière de sculpture, ce réalisme soviétique, qui revendique de chercher la véracité et de restituer la réalité de la vie, lorgne quand même bougrement vers l’allégorie, avec ses personnages idéalisés et magnifiés. Moins en peinture, dont une partie consiste en de la représentation rupestre d’activités du quotidien sans recherche de la sublimation (une partie seulement, car par exemple le peintre Alexandre Deneika, affichiste soviétique (d’origine ukrainienne, je crois) oscille entre l’évocation de la banalité et l’allégorie…).

C’est marrant, tous ces mouvements qui s’entrecroisent et s’influencent alors qu’ils sont parfois aux antipodes politiques.
Faudrait que je retrouve les propos de Chaykin concernant les couvertures de son Blackhawk et leurs sources d’inspiration…

Jim

Ah, c’est dans Rétro-Futur, de Raphaël Colson : les pages 140 et 141 font le point sur l’enchaînement Art Déco / style Paquebot / style Googie.

Jim

https://imagetextjournal.com/fascism-and-mass-culture-in-howard-chaykins-blackhawk/

Ah, merci.
J’ai aussi retrouvé l’évocation par Chaykin lui-même d’une conversation houleuse qu’il a eue avec Will Eisner. Et Chaykin cite un illustrateur et affichiste allemand, Ludwig Holhein, qui a été illustrateur de publicité dans les années 1920 avant de mettre son talent au service de la propagande nazie.
Chaykin est très marqué par les esthétiques fortes des années 1930 (et on a vu dans nos échanges que les choses se croisent). Moi, une influence qui m’a semblé évidente dès le survol, c’est celle de Joseph Christian Leyendecker.

Mais bon, Chaykin qui convoque des courants artistiques, c’est pas nouveau :

Et dans Blackhawk, qui parle des tentations totalitaires hantant les démocraties, et donc des confusions (notamment esthétiques), c’est pas étonnant qu’il canalise différentes formes de propagande visuelle :

Jim

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Tout à fait.
Le réalisme ou la « réalité » convoqués par ce courant vise plus à exalter les vertus de la Révolution ; c’est la « réalité de la Révolution » au quotidien qui est visée.
Et, de façon très ironique en effet, c’est en fait très stylisée et « déréalisée », comme approche. Presque un aveu implicite du hiatus entre la « réalité » de la Révolution et le quotidien.

Ils peuvent éventuellement faire un deux en un avec l’inclusion de sa suite.