DERNIÈRES LECTURES COMICS

Je ne savais plus si c’était Ellis qui avait « provoqué » la transition !

si il y importe Osborn et les autres dans le cadre de CW.
Apres je trouve que c est pas autant un detournement qu avec Arcudi… là on reste dans un registre similaire.
Des mechants luttant avec la loi… quoi même si ca fait plus freedom force et suicide squad

Sauf qu’il y a un côté « clandestin » avec les thunderbolts jusqu’à Ellis (Arcudi ?). C’est ce qui cette équipe différencie avec la Suicide Squad ou la Freedom Force !

Mais ce n’est pas tellement le cas de la série lancée par Busiek puis reprise par Nicieza. Dans cette dernière, il s’agit de faux super-héros qui veulent posséder le Monde, puis d’ex-super-vilains qui tentent de s’amender malgré ce qu’en pense le public.

La position face au pouvoir n’est pas la même que dans la série de Warren Ellis.

Avengers 267 à 269 : « Time…and Time Again ! »/« The Kang dynasty ! »/"The Once and Future Kang !"

Je viens de me farcir ces trois épisodes issus d’une ère classique de chez classique du titre (Stern/Buscema/Palmer aux manettes), et je me suis régalé.

Pour une raison totalement inconnue (de moi, en tout cas), ces trois épisodes n’ont pas été publiés à l’époque par Lug, alors que les Vengeurs figuraient au sommaire du vaisseau amiral Strange. Quelques numéros antérieurs signés par la même équipe (numéros 244 et 245) n’avaient pas été publiés non plus, mais ces derniers étaient liés à la guerre contre les Dire Wraiths/Spectres Noirs, les adversaires de Rom. Le titre consacré à Rom avait été supprimé des pages de Strange pour avoir mis les pieds trop franchement dans l’horreur, on peut donc comprendre cette impasse. Pour la triplette qui nous occupe, c’est plus mystérieux, sans compter que rétrospectivement, ces épisodes me semblent un des sommets du run de Roger Stern, révéré à juste titre.

Roger Stern fait partie de cette « troisième vague » d’auteurs Marvel, comme Frank Miller, Bob Layton ou John Byrne (Stern sera très lié à ces deux derniers, au tout début de sa carrière). Aussi bien « editor » que scénariste, Stern se fait la main sur les Gardiens de la Galaxie, avant de livrer une courte mais mémorable prestation sur « Captain America », avec John Byrne. Il prend une envergure considérable en prenant en mains les destinées du Doc Strange (avec notamment Paul Smith), et surtout de Spidey, d’abord sur « Spectacular… », puis sur la série-mère « Amazing… ».
Auréolé de cette réussite, son arrivée sur « Avengers » au numéro 227 (où il introduit sa création Captain Marvel (Monica Rambeau) dans l’équipe) est mine de rien un petit événement. Y compris en France : Lug, qui a mystérieusement fait l’impasse sur la publication du titre jusqu’à lors, se décide à raccrocher les wagons au moment de l’arrivée de Stern. Un signe. Cette reprise en main de la franchise se fait d’abord, bizarrement, dans cette drôle de revue qu’était Ombrax-Saga, qui publiait auparavant des fumetti (comme « Ombrax » justement) mais accueillera jusqu’à sa disparition les Vengeurs et Thor dans ses pages. Strange prend le relais…

Ce bougre de Roger Stern va rester une bonne soixantaine d’épisodes sur le titre (avec peu de fill-ins, en plus), et encore, il serait bien resté plus longtemps mais se brouille avec l’éditeur-en-chef Mark Gruenwald (excellent auteur par ailleurs lui-même) au sujet de la direction à suivre, et part chez DC.
Son run est surtout associé, pour sa part graphique, à l’excellent tandem John Buscema (pour un de ses derniers travaux « d’importance ») et Tom Palmer (à l’encrage reconnaissable entre mille ; il restera d’ailleurs remarquablement longtemps sur le titre, bien au-delà du run de Stern). La fin du run de Stern est marquée par une succession de « gros » arcs, avec l’enchaînement de « Under Siege » (fameuse saga rééditée il y a peu), des tribulations des Vengeurs au mont Olympe face au panthéon grec, et la saga « Heavy Metal » qui voit les Vengeurs affronter un gang de robots (ce run sera achevé par Ralph Macchio, consécutivement au départ de Stern…).

Avengers_Vol_1_268

L’escamotage en VF des trois épisodes, au-delà de la question de leur qualité, est d’autant moins compréhensible qu’ils sont très « self content ». Ce qui n’exclue pas une certaine sophistication, dont un savant jeu d’équilibriste avec la continuité : la saga met quand même en scène Kang. Un des plus grands adversaires des Vengeurs, mais aussi un personnage à l’ascendance particulièrement complexe, et très jouissive pour le lecteur (notamment celui qui connaît bien les premiers temps du Marvel Universe).

Sorte de personnage composite, « prismatique », le vilain est bien plus que cette espèce d’archétype de « conquérant du futur » (un archétype qu’il incarne parfaitement ceci dit) qu’il semble être au premier abord. Dès sa première apparition, on apprend que Kang fut auparavant un autre personnage Marvel, Rama-Tut, un Pharaon vaincu par les FF dans le passé et qui était en fait…un conquérant du futur. Lee et Kirby ont la bonne idée de « fondre » les deux personnages. Les auteurs suivants leur emboîteront le pas : Kang fut Rama-Tut, mais il sera aussi Immortus (un autre adversaire des Vengeurs) et aussi peut-être le Centurion Ecarlate (qui vient d’une autre réalité), et peut-être même sera-t-il (ou a-t-il été) le Docteur Fatalis en personne !! Cette piste passionnante est livrée par Lee et Kirby dans un annual fameux des FF.
Personnage complexe par nature, immortalisé par quelques sagas mémorables sous la plume de Roy Thomas ou Steve Englehart (la fameuse « Madonne Céleste »), Kang a en plus pour lui une certaine « coolitude » : il a certes un costume un peu étrange mais dégage quand même un certain charisme ; il est impitoyable mais respecte un certain code d’honneur, il a le goût du challenge et du « sport ». Il a même une love-story tragique, avec la princesse Ravonna, issue du rang de ses ennemis dans son futur d’origine (c’est pas Roméo et Juliette quand même, mais on est pas loin…).
Bref, un très chouette perso. Une sorte de Fatalis bis mais avec une personnalité forte et un modus operandi propre (le déplacement temporel).

C’est presque un passage obligé pour chaque scénariste un peu installé dans la durée dans le fauteuil de scénariste des Vengeurs que de pondre « sa » saga avec Kang, et ce sont souvent des gros morceaux bien épiques. Même Brian Michael Bendis, dont on peut juger la prestation sur le titre comme calamiteuse avec quelques motifs valables, fera mouche avec le perso (cette saga qui met en scène une guerre Kang/Ultron n’est pas exceptionnelle, mais se détache du run de Bendis à mon sens).
Roger Stern ne rate pas son coup lui non plus quand il s’attaque au personnage : il signe même une saga fondamentale dans sa biographie fictive.

L’idée de Stern, qui fait ici beaucoup de place au vilain (les Vengeurs à l’exclusion des scènes d’action sont assez discrets tout du long), c’est de jouer sur la biographie très compliquée du perso (tout en étant très limpide, c’est ça qu’est fort) et quelques spécificités propre à l’univers Marvel, concernant les voyages dans le temps.
Dans l’univers Marvel, un déplacement temporel donne lieu à une divergence, à la création d’une autre ligne temporelle ou réalité alternative (c’est le cas dans « Days of Future Past » chez les X-Men par exemple). Stern se dit donc qu’un voyageur temporel comme Kang a dû générer un paquet de versions alternatives de lui-même (sans même compter les « grosses » divergences comme le Centurion Ecarlate…bizarrement absent ici d’ailleurs ; c’est peut-être la seule faille du récit de Stern). Cette idée donne naissance au Conseil des Kang, qu’un scénariste comme Gruenwald (ironie du sort) poussera dans ses derniers retranchements. Mais quand Stern forge le concept, c’est dans son esprit un « one-shot ». Sympa avec ses successeurs, il referme direct à la fin du triptyque la boîte à jouets, et se débarrasse du Conseil. Mais les bonnes idées refont vite surface…

A la base, le conseil est simplement un trio de Kang qui « jugent » et éliminent leurs doubles alternatifs, considérés comme « dégénérés » ou « inférieurs ». Le chef du trio, sorte de Super-Kang reconnaissable à sa cape, veut doubler ses deux redoutables alter-égos et devenir le « once and future Kang ».
Une super idée pour une saga bien classique dans le côté tarabiscoté des péripéties SF, pleine comme un oeuf, et fondamentale pour la compréhension du « héros » : le numéro 269 se charge en effet de retracer l’intégralité de la bio du personnage (j’adore ces récapitulatifs, qui ont quasiment disparu dans les scripts actuels…), et fait l’état des lieux à l’issue de la saga. Eh oui : Kang ignorait une info cruciale connue des Vengeurs (et des vieux lecteurs) ; il y a une autre version alternative de Kang « vieux » : c’est Immortus, le roi des Limbes. La saga s’achève sur la défaite de Kang, investi de la mémoire de tous les autres Kang assassinés ; Stern redonne donc in fine tout son lustre au personnage, qu’on imagine déjà de retour en pleine forme.

Parmi les grandes qualités de cet arc, il y a cette intro très en avance sur son temps (me semble-t-il) et qu’on verrait plutôt chez Remender ou Hickman ces temps-ci. Première surprise : Tornade et Colossus des X-Men ont intégré l’équipe (où ? quand ? même trente ans à la bourre, mes vieux sens de fanboy ont réagi en un réflexe pavlovien). Deuxième surprise : Kang atomise Manhattan et tue tous les Vengeurs ; ah oui quand même !! Une réalité alternative bien évidemment (et le Kang triomphant de celle-ci est vite éliminé par le Super-Kang), mais à l’époque où le procédé n’était pas usé jusqu’à la corde, ça devait faire son petit effet…
Il y a aussi dans l’écriture de Stern une sorte de finesse, qui peut aussi bien l’aider à caractériser dans l’action les personnages (comme ce passage où Hercule, très bourrin chez Stern, peste sur la Guêpe lui donnant des ordres…ce qui anticipe les sombres événements de « Under Siege »), ou lui permettre de faire planer une sorte d’ambiguité fondamentale sur le perso de Kang : est-ce le même que les Vengeurs ont toujours croisé ? le Kang d’origine de « Avengers 8 » est-il le Super-Kang ou a-t-il été éliminé comme un vulgaire pantin ? Combien y a-t-il de Kang ? Quel est le véritable statut du personnage (allié, ennemi) ? Beaucoup de questions se posent à partir de là, et le personnage y gagnera beaucoup…à condition de ne pas le noyer sous une pluie de Kang (Gruenwald encore).
Un élément savoureux et habituel chez Stern (et certains de ses contemporains comme Byrne), c’est le jeu sur des éléments de continuité (Kang s’y prête évidemment à la perfection). Stern revisite les recoins obscurs de certains sommets de l’ère Lee/Kirby (on revisite « Avengers 2 » ou « Fantastic Four Annual 2 » ici ; Stern explique même la disparition de la barbichette de Rama-Tut entre deux épisodes !!!), écartant des pistes (la connexion Rama-Tut/Fatalis, finalement invalidée), en amenant d’autres par contre : c’est dans cette saga que Stern établit par exemple que les Limbes aperçues dans les pages de « Avengers » et celles où Rom exilait les Spectres Noirs, c’est la même chose (c’est simple mais fallait y penser). J’avoue être très friand de ce type d’exercice d’archiviste, pourrait-on dire, sans compter que Stern livre malgré tout un récit « clefs en main » pour le lecteur de passage (un art qui tend à se perdre…).

Kang reviendra un peu plus tard sous un nouvel avatar, Nebula-Kang, dans une saga postérieure signée Walt Simonson…et elle aussi mystérieusement inédite en VF !!! Je n’ai pas lu ces épisodes, mais c’est une saga qui a son importance dans la trajectoire des Vengeurs…

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Ces trois épisodes, je les adore.
J’ai mis du temps à les trouver, je les ai chopés à Angoulême au milieu des années 1990, à une époque où acheter trois comics en VO représentait des jongleries dans le budget festival et sans doute le sacrifice d’un sandwich ou deux pour équilibrer les comptes (depuis lors, j’ai désormais les sous pour, mais ils sont beaucoup moins rares puisque réédités plusieurs fois. C’est d’ailleurs un méchant tour que me joue régulièrement l’édition américaine : sortir un TPB quand j’ai enfin complété les numéros).
J’adore vraiment tout. L’idée de base, la gestion des dialogues (Namor qui confond Kang et Krang), la capacité qu’a Stern à goupiller des idées contradictoires pour en tirer un récit (il a déjà fait le truc avec les Eternals, dessinés par Milgrom), son sens du dynamisme qui lui fait ne jamais perdre de vue le rythme et les péripéties (c’est par Roy Thomas…).
Vraiment, une trilogie formidable.
Merci pour ce papier.

Jim

De rien, merci pour ton retour !
Ouaip, une super trilogie. Et une sacrée bouffée de nostalgie ; cet enchaînement de gros arcs à la fin du run de Stern, je l’ai surkiffée gamin.
« Kang » et « Krang », la confusion est excellente en effet ; Stern en profite pour dépeindre (avec humour donc) le caractère tendu de Namor, dont l’intégration au groupe fait débat. Y’a plein de petites finesses comme ça, qui rendent le tout très riche (la relation entre Cap et Namor, aussi).

Je me rappelle d’un moment assez savoureux où Namor se dispute avec Hercule (il veulent la même chambre) peu avant le retour de Jean Grey je crois, là encore un comeback que l’on peut voir comme un signe supplémentaire de l’osmose entre Stern et son vieux pote Byrne (quand l’un crée Terminus, l’autre l’utilise chez les Vengeurs, sans oublier le sub-plot de Triumph and Torment qui remonte au début des années 80).

Tiens… Tu pourrais préciser, je ne vois pas exactement à quoi tu fais référence (et pourtant j’ai lu « Triumph and Torment »)…?

D’autre part, et comme tu es bien rencardé sur les coulisses, tu as des infos sur l’évolution de la relation entre Stern et Byrne ?
Ils étaient très proches au début, ils semblent jouer un temps au ping-pong comme tu l’expliques, mais à un moment on a l’impression que Byrne défait pas mal de choses dans le travail de Stern : il y a l’exemple célèbre de Vision dans les « West Coast Avengers » (tiens, j’ai oublié de dire dans mon post que Stern est aussi le premier auteur des Vengeurs de la Côte Ouest…).

L’apport de l’âme de la mère de Fatalis prisonnière du royaume de Méphisto trouve son origine dans une histoire des années 70 de Gerry Conway.
Par la suite Stern a repris cet élément dans Doctor Strange 57, Fatalis y envisage de s’allier à Strange, et même de devenir son apprenti, un comble pour quelqu’un d’aussi orgueilleux.
On retrouve la même scène dans Fantastic Four 258, avec juste un changement d’angle au niveau des cases.

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En ce qui concerne une éventuelle brouille entre les deux là je n’en sais rien, par contre c’est Byrne qui a recommandé Stern aux éditeurs de DC (aboutissant à son arrivée sur les titres Superman).

Ouais, donc il n’y a probablement pas de brouille du tout en fait. C’est moi qui tire des conclusions hâtives.

Merci pour tes précisions sur le sub-plot Fatalis/Strange. Je connaissais la version Byrne de la scène, mais ça m’était complètement sorti de la tête.
Et finalement, je viens de tomber sur une interview de Stern où il dit que la gestation de « Triumph and Torment » a duré…7 ans. Effectivement ça laisse le temps de sub-ploter…

Par contre Gruenwald était juste l editor… l editeur en chef c etait… shooter, non?

Moi aussi j ai galéré pour trouver ces numéros et ceux de simonson inédits en VF… j ai du les recuperer en 2004…
ils sont vraiment bien mais j attend une version epic pour les lire dans la continuité des autres episodes…

Mandroid est une histoire qui prend place dans le monde du Judge Dredd (c’est-à-dire de la bande dessinée britannique), cette société du futur hyperviolente ou les « *Judges *» sont à la fois policiers, juges & bourreaux.
Elle met (principalement) en scène Nate Slaughterhouse un ex-militaire que les vicissitudes de son métier c’est peu de le dire, ont contraint à une retraite anticipée.
De retour à la vie civile il s’installe dans la mégalopole de Mega-City One (celle où officie le Judge Dredd) avec sa femme et son fils.

… Je ne sais pas si la production de la « culture de masse » a augmenté, par contre je suis persuadé que son accès est beaucoup plus facile aujourd’hui que disons au début des années 1990 du siècle dernier.
La Toile permet de s’affranchir des (anciens) canaux traditionnels de diffusion et du « contrôle » que ceux-ci pouvaient exercer.
Sans parler des frontières et des langues qui ne sont plus qu’un mauvais (?) souvenir.
D’autre part, les individus en charge de produire cette culture dite de masse ou d’en autoriser la production sont plus nombreux aujourd’hui, en outre ce sont des gens qui ont eux-mêmes baignée dedans la majeure partie de leur existence.

Or donc, si la culture de masse n’a pas augmenté (?), du moins est-elle plus largement diffusée.

Corollaire de sa plus large diffusion, elle impose un nombre plus élevé de références qui sont de fait partagées par tous (ou presque), et diminue d’autant plus la chance de lire une histoire totalement originale.
Il est devenu évident du moins pour moi, que ce n’est plus l’art d’un nouvel alphabet que j’attends mais plutôt celui de nouvelles combinaisons de mots anciens, et pour le coup ici de nouvelles combinaisons d’idées sinon anciennes du moins déjà connues.

Je ne suis pas le premier (ni le dernier) à le dire mais nous sommes clairement dans l’ère de la postmodernité.
Cela dit, le recyclage, la parodie, le pastiche (liste non exhaustive) n’ont pas attendu l’ère postmoderne pour entrer en jeu ; mais aujourd’hui, je crois que l’on ne peut plus y échapper.

L’une des conséquences du postmodernisme est que la manière de lire à elle aussi changée.

Lire de nos jours, c’est (pour certains de nous, dont moi) mettre en route un processus encyclopédique qui renvoie à des conventions génériques fondées sur un ensemble intertextuel et architextuel « global ».
Dés lors il y a toujours un « arrière-plan » imaginaire englobant qui dépend du lecteur et de ses compétences génériques mais auquel il ne peut pas échapper.

Par exemple ici, et sans que cela affaiblisse l’histoire, Mandroid me semble être le croisement entre les films Un Justicier dans la ville (et sa philosophie du vigilantism) et Robocop (et son policier cyborg), le tout transposé dans l’univers du magazine britannique 2000AD et plus particulièrement Mega-City One.

Ceci étant dit, est-ce que ça marche ?

Eh bien oui, **Mandroid ** est une aventure (auto-contenue) où par ailleurs le Judge Dredd n’apparaît qu’en creux, mais c’est là aussi que l’on voit le tour de main du scénariste John Wagner (et le processus encyclopédique dont je parlais) : **Dredd ** est un personnage à part entière du récit, et sa personnalité est fort bien décrite, donc disais-je une aventure captivante très bien ficelée.

Les personnages ont une épaisseur psychologique comme on dit, et il y en a suffisamment pour que le monde dans lequel ils évoluent prenne lui aussi une consistance suffisant pour favoriser l’immersion du lecteur.
De plus le large cheptel de personnages différents, et leurs interactions permettent de bien comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui se passe, et où ça se passe.

En conclusion si je puis dire, Mandroid est un album à mettre entre les mains de tout lecteur curieux de passer un très bon moment de lecture.

Ian Rankin, maître du Black Tartan (le roman noir écossais) s’associe avec le dessinateur Werther Dell’ereda et ensemble, ils posent leur focale sur les affres de la « célébrieveté », autrement dit la télé-réalité qui, ne reculant devant rien propose un programme de « maison hantée ».
Rien d’extraordinaire cela dit, toutes les tendances de la société sont, on le sait, prétexte à fabriquer un jeu de télé-réalité.

Énigme en chambre close (par la force des choses) mais paradoxalement sous l’œil des caméras, Ian Rankin fin connaisseur de bandes dessinées, souligne l’un des aspects du protéiforme John Constantine : celui du détective de l’étrange.
Une race de détective qui se mesure à rien de moins que des mystères aux proportions métaphysique.
Vous voilà prévenus.

Dans ma précédente notule de lecture, celle sur **Mandroid **(juste au-dessus), je discutais de notre manière de lire (ou moins présomptueusement de la mienne) qui inclue inévitablement une lecture au « deuxième degré », et de celle d’écrire qui invariablement (ou presque), aujourd’hui, ressort de ce qu’on appelle en littérature, le postmodernisme.
Là encore par exemple, d’une manière certes homéopathique, il en est question ; ne serait-ce qu’avec le titre Dark Entries, qui est aussi une chanson du groupe Bauhaus.
Rien de fortuit ici.
Si le twist concocté par Ian Rankin est plutôt astucieux, le fond sur lequel se déroule cette histoire, la télé-réalité, dont les images sont gravées (au mieux) dans la glaise du souvenir à défaut de l’être dans le marbre de la mémoire, trouve une résonance particulière lorsqu’on découvre, petit à petit de quoi il retourne.

Werther Dell’edera donne l’ambiance qu’il faut au travers d’une certaine sobriété voire un brin d’austérité grâce à son trait, son encrage, que l’on devine sec.
Ses planches cadrent diablement bien à la situation dans laquelle Constantine s’est mis.

Publié dans l’éphémère « sous-label » Vertigo Crime (qui comme sont nom l’indique s’intéressait aux crimes et à ceux qui le commettent) de DC Comics cet album aurait été plus percutant en étant un peu plus « ramassé ».
Là, avec un peu plus de 200 pages il y a un petit ventre mou (rien de honteux non plus) qui amoindrit (un peu) l’impact de l’histoire.

Une broutille toutefois, tant la lecture de Dark Entries procure un chouette moment de lecture, tout à fait raccord avec ce qu’on connait du John Constantine de Vertigo.

À vous Cognacq-Jay !

Je me rappelle avoir lu Dark Entries lors de sa sortie et de m’être plutôt ennuyé. C’est peut-être parce que l’idée d’un Loft Story qui tourne à l’horreur, je trouve que c’est une idée fabuleuse (qu’on retrouve aussi dans le premier tome de Ghosted de Joshua Williamson et Goran Sudzuka). Mais, dans mon souvenir, les auteurs ne vont pas au bout de cette idée, ou alors ils ne frappent pas assez fort le concept de « télé-réalité » à mon goût, au choix.

Cependant, je lui redonnerais bien sa chance si je le trouve dans un bac.

[size=85]Stormwatch n°11 (Volume 2/1998)[/size]

**[size=150]B[/size]**âtie sur les cendres de Stormwatch (créée par Jim Lee), The Authority (1999) est une équipe connue pour avoir été le prototype d’un nouveau type de super-héros inspiré par l’idéologie managériale, celui d’individus dit proactifs.
Être proactif c’est devancer le problème avant qu’il n’ait lieu, c’est agir sur les faits et les processus à venir.
Warren Ellis & Bryan Hitch les deux créateurs de la série sont connus au-delà des sphères du neuvième art, en ce sens qu’ils ont inventé deux personnages, Apollo et le Midnighter (pastiches avoués de Superman & Batman) évoluant dans le milieu mainstream de la bande dessinée américaine (le courant dominant, celui des super-héros), ayant fait leur coming out à une époque où ça n’allait pas de soi ; ou disons moins que de nos jours.
Même si pour le dire vite cela tient à un concours de circonstances (où il faut croire qu’ils sont arrivés dans les premiers).
En effet, le dessinateur Bryan Hitch déclarera les avoir dessinés nus dans une case car «il me manquait une case pour les montrer en train d’enlever leurs costumes de ville et se changer en super-héros. » (Pour en savoir +), et un an après ce dessin, certains lecteurs se sont dit : « Bon sang mais c’est bien sûr … ».
Warren Ellis, lui de son côté, déclarera avoir tout planifié depuis le début que cela faisait partie de son dessein à lui.
En tout état de cause si on peut avoir des « doutes » sur l’origine de l’un des couples gay les plus emblématiques de la bande dessinée étasunienne (en tout cas le plus déluré), il n’en demeure pas moins qu’Ellis a fait feu de tout bois dans ces deux séries (Stormwatch & The Authority sous l’égide alors de l’éditeur Wildstorm) qui l’ont révélé.

Ainsi the Bleed (la Plaie en français) est une « frontière » entre des univers (parallèles) dans laquelle une sorte d’astronef inter-dimensionnel le Porteur (occupé par l’équipe nommée The Authority qui en a fait son QG) voyage.
Mais le bleed c’est aussi en anglais le terme qui, dans le domaine de l’imprimerie, désigne ce qu’en français on nomme le « fond perdu », une marge notamment utilisée pour des annotations ou servant de sécurité lors de la coupe d’une image, par exemple.
Donc dès le départ Warren Ellis place ses deux séries sous les feux d’une lecture dite au « deuxième degré » (pastiches, polysémie, etc.) cher au postmodernisme.
Toutefois après douze numéros Hitch & Ellis tirent leur révérence et passe la destinée de l’équipe à une autre équipe créative, en l’occurrence Mark Millar et Frank Quitely, qui poussera le bouchon du pastiche encore plus loin.
Ce qui nous amène à 2004 et à The Authority : Revolution, maxi-série de 12 numéros écrite par Ed Brubaker et dessinée par Dustin Nguyen.

De l’eau a coulé sous les ponts, et Jack Hawksmoor le leader de l’équipe à ce moment là, occupe maintenant le bureau ovale (de la Maison Blanche).
Et ce n’est pas le moindre des paradoxes pour cette « autorité » qui ne se reconnaître par ailleurs « aucun Dieu ni maître » version simplifiée d’un anarchisme de bon aloi.

Depuis au moins l’épisode What Can One Man Do (écrit par Elliot S! Maggin et publié en 1971 par DC Comics), où Oliver Queen l’alter ego de Green Arrow s’interroge sur ce que peut faire un super-héros pour aider les autres et où l’idée de briguer un mandat éléctoral lui vient à l’esprit, un traitement par le biais de la politique titille certains scénaristes de comic books de super-héros.
Voir par exemple Ex machina de Vaughan & Harris qui met en scène un ancien super-héros devenu maire de New York dans une Amérique du Nord uchronique.
The Authority depuis son lancement par Warren Ellis & Bryan Hitch, joue avec cette idée ; dans la maxi-série dont il question ici, et où l’un de ses membres occupe le bureau ovale on s’attend à ce que cette idée se concrétise.

Mais ce ne sera pas le cas.

On pourrait me rétorquer que « faire de la politique » mériterait d’être clairement expliqué, certes.
Je m’en tiendrai à la définition d’Henri Laborit pour qui la politique « c’est d’abord une science de l’organisation des structures sociales » ce qui laisse un large champ d’action, tout en précisant néanmoins qu’ici, j’attendais The Authority surtout sur le terrain de la conduite des affaires publiques, un terrain où l’on peut prendre des décisions concrètes et assez facilement identifiables.
Il n’en sera rien ou très peu, c’est-à-dire qu’on ne s’étendra pas sur les tenants et les aboutissants des réformes et autres changements.
Surtout lorsque l’un des membres de l’équipe rappelle un célèbre docteur de Harvard (du moins selon une lecture au deuxième degré) qui dans la mouvance des années 60 et du moment psychédélique voulait changer les esprits (avant et) pour changer le monde.
Les problèmes se régleront dans des mano a mano virils et via les super-pouvoirs des uns et des autres (voir par exemple la paix singée entre deux belligérants du Moyen-Orient).
Cette absence fait-elle de Révolution une mauvaise histoire ?

Que nenni !

Brubaker & Nguyen y déploient tout leur talent et leur métier et offrent aux amateurs de divertissement un récit captivant où de mystérieux ennemis complotent, où des politiciens retors et sans scrupule s’opposent sournoisement aux velléités de changements, où d’anciens super-héros resurgissent étrangement jeunes et puissants. Sans oublier un peu de psychanalyse freudienne comme il se doit, oui celle sous-tendue par le complexe d’Œdipe, revue et corrigée par une belle dose de mauvais esprit.
Les auteurs nous feront aussi visiter d’autres plans de la réalité, d’autres univers (une constante – ou presque - des univers super-héroïques depuis Flash n°123 (Pour en savoir +) même si dès Wonder Woman n°59 en 1953 il en est déjà question), et il n’y a pas que les univers qui sont plurivoques, les personnages aussi.
On « visite » également les pensées d’une gamine qui n’a qu’une hâte, celle de grandir ou encore celle d’un dur à cuire au cœur tendre.
Oui les stéréotypes ont la vie dure, mais traité avec malice c’est toujours réjouissant.
Bref sur une structure scénaristique dite modulaire, toujours efficace, les deux créateurs ne se refusent rien et s’ils utilisent la politique plutôt comme une sorte de vernis, le tableau d’ensemble qu’ils brossent rend plutôt bien.

Des cliffhanger qui tombent à point nommé, parachèvent la forte impression que laisse cette série.
Et si Brubaker est connu pour être un auteur ès polars talentueux, question S-F ce n’est pas un manche non plus.
Des dialogues de forts mauvais goût (une marque de fabrique de la série) joliment négociés (et ironiques), fort bien traduits, eh oui cette série à été traduite chez l’éditeur Panini, donnent à cette histoire un léger parfum de transgression.
En outre, loin de la frilosité qui saisie certains auteurs, Nguyen & Brubaker généreusement, n’hésitent pas à créer de nouveaux personnages et à donner corps à de nouveaux concepts, ou à en approfondir d’autres.
Ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on travaille sous le régime du work for hire, c’est-à-dire « à la commande » et où tout ce que vous inventez appartient à l’éditeur.
Avec cette mini-série on a vraiment l’impression d’être au cœur de la « continuité », sans pour autant être perdu ou ressentir un manque.

Le principe dit de continuité se caractérise par un univers fictif commun où les personnages des divers titres d’un même éditeur se rencontrent, s’affrontent, se réunissent, et où les événements peuvent avoir des effets et des répercussions à travers des séries différentes.
Dans une certaine mesure tous les récits publiés par un éditeur tendent à former un seul grand récit, et théoriquement les protagonistes portent sur leurs épaules le poids de leurs actions passées. Pour le meilleur et le pire.
Ce principe de continuité est facilité par la politique éditoriale qui contractuellement n’envisage que le work for hire, c’est-à-dire le travail de commande dont le résultat devient la propriété de l’éditeur et pas celle des scénaristes et des artistes qui l’ont réalisé. Cependant c’est un peu moins vrai de nos jours, où le creator-owned (une série où le(s) créateur(s) en possède(nt) les droits) se fait une place dans le maquis éditorial étasunien.

The Authority a toujours été un blockbuster, dans le sens premier du terme, à savoir une bombe capable de raser un quartier.
Dans cette série, la pyrotechnie et les homicides sont une sorte de patrimoine qu’il faut entretenir, et les deux auteurs de Révolution ne s’en privent pas.

On se demande parfois de qui l’auteur est le double lorsqu’on lit (ou regarde) une fiction, ici dans The Authority : Revolution ça ne fait aucun doute : Brubaker est l’alter ego du villain de cette histoire, son esprit retors en est la preuve.

Et son mauvais esprit le place sur la même marche que Warren Ellis.

Bien vu !

Et pour les anglophones qui souhaitent découvrir les deux récits de La Société des Détectives Infaillibles, voici « L’Aventure de la Mona Lisa » suivie de « L’Aventure de la Corde à Linge » :

Je viens de finir ce volume 5 qui contient les épisodes 101 à 125 de la série. C’est toujours aussi énorme. Larsen continu de faire évoluer sa création sur un nouveau monde ( son monde d’origine s’étant fait bouffer par le galactus local ), le marrie à jennyfer murphy; l’envoie dans la dimension x empecher une vague d’annihilation, lui fait perdre ses pouvoirs, le lance dans les élections présidentielles.
Il se permet aussi de tacler l’industrie des comics ( comme les équipes artistique qui reste que quelques mois en place sur un titre )ou les politiques ( bush voulant envahir asgard car il pense qu’ils ont des armes de destructions massives )
A côté de ça, Larsen créé des méchants super attachants et/ou marrant comme mr glum ( mon préféré ) qui sert de compagnie à angel la fille de dragon ou encore the fly un mec qui transforme les gens en mouche.
C’est très rythmé, bourré d’action et d’humour ( les tentatives de mr glum pour tuer dragon sont assez fendarde, de même que larsen pastiche aussi calvin et hobbes avec angel et glum ).
Et larsen aux dessins en noir et blanc j’aime beaucoup.

Pour tout ceux qui aiment invincible, foncez lisez savage dragon.
Pour tout les nostalgiques d’une certaines écriture, qui s’est perdue pour faire place à l’écriture tpb, foncez lisez savage dragon.
Pour tout ceux qui veulent une lecture fun et pas prise de tête, foncez lisez savage dragon.
Pour ceux qui ont peur car en vo c’est du langage très basic ( je sors très peu le dico ) donc foncez.
Et 25 épisodes pour 20 dollars c’est presque donné
J’attaque le volume 6 dans la foulée. Par contre je sais pas si image va continuer cette collection maintenant qu’ils ont rattrapper les tpb en couleurs

Il devrait bien y avoir un volume 7 (et même un volume 8!) comme le révélait le créateur Erik Larsen lui-même en 2011 :

Source : www.savagedragon.com