Troisième et dernière livraison dans la collection « Pionnières » chez Soleil, sortie en 2020 et ayant pris de plein fouet la crise sanitaire et les fermetures de libraires à répétition (mais les trois tomes sont toujours commercialisés, qu’on se le dise), Valentina Terechkova se donne pour but de retracer le destin de la première femme astronaute soviétique ayant effectué une mission lui permettant de faire plusieurs fois le tour de la Terre.
Co-écrit par Jean-Blaise Djian et Nathaniel Legendre, lui-même co-scénariste du tome consacré à Anita Conti, l’album n’est pas linéaire comme ce dernier mais fonctionne sur un balancement entre le présent (la mission en question) et le passé de la jeune femme à l’occasion d’une suite de flash-back. En cela, le récit évoque le récent album consacré à Leonov. L’ensemble se tient bien, avec l’apparition de figures inévitables quand on traite le sujet de la conquête spatiale soviétique, à l’instar de Korolev ou Gagarine. Les auteurs brossent le portrait d’une jeune femme convaincue par l’idéal soviétique d’entraide et d’objectif collectif, et livrent des séquences intéressantes où Valentina est confrontée à la concurrence régnant lors des épreuves de sélection avant la mission. Un personnage un peu naïf, un peu en retrait de sa propre histoire, un trait partagé avec un autre album sur le sujet, cette fois écrit par Nikolavitch et consacré à Gagarine.
L’album se conclut sur une énième interview de Valentina, des décennies plus tard, seule incartade temporelle dans le système narratif mis en place. Le dessin de Mattia Crotti, qui représente des personnages au faciès large cerné d’un encrage épais, rappelle parfois certains illustrateurs œuvrant chez Avatar, à l’exemple de Juan José Ryp. C’est assez joli et visiblement documenté. Un lettrage très plat (une seule police sur fond blanc tant pour les dialogues que pour la voix off…), quelques calages qui auraient pu être affinés et quelques coquilles viennent gâcher une lecture pourtant agréable.
Jim