Ken Parker est une série assez mythique pour qui s’intéresse à la bande dessinée italienne. Bizarrement, malgré sa longévité (1977-1998) et sa grande qualité d’écriture et de dessin, malgré aussi les expériences narratives de la série (le fameux album muet, par exemple), elle n’a eu droit qu’à une petite poignée d’albums (deux chez Soleil et deux chez Ligne d’Ombre, à ma connaissance). La série est dominée par les figures du scénariste Giancarlo Berardi et du dessinateur Ivo Milazzo, et d’ailleurs ce sont certains de leurs récits qui ont trouvé leur chemin jusqu’en France.

Parmi eux, Lily et le trappeur, un récit initialement publié en Italie en 1979, et traduit ici en 2003 (sous une belle couverture de Milazzo, réalisée la même année, peut-être pour cette édition française, je ne sais pas). L’histoire est simple : Ken Parker, alors trappeur, fournit un camp de colons en nourriture. Mais un jour, il piège un chien. Il recueille l’animal, qu’il soigne et ramène au camp, en plein territoire Dakota. Bien vite, le petit chien, remis de sa blessure, s’intègre à la communauté et fait preuve d’une vive intelligence. Jusqu’au moment de l’attaque des Indiens, qui laisse Parker pour mort.

Le trappeur échappe aux loups et, blessé, se réfugie dans une grotte. La petite chienne qui entre-temps a été baptisée Lily reste auprès de lui, retrouvant son fusil dans la neige, lui apportant du bois pour se réchauffer… Un vrai petit Rintintin, à qui Parker doit sa survie. Mais fiévreux, le trappeur sombre dans l’inconscience, se rappelant les histoires de Table Ronde que lui racontait sa mère. Milazzo s’amuse à changer son style à cette occasion. Les auteurs mèneront le récit de la survie du trappeur jusqu’au bout, apportant une explication aux prouesses de son aide canine, mais laissant une fin ouverte à cet épisode.
L’édition de 2003 est assez jolie, avec un lettrage un peu raide dans la police principale, mais qui utilise d’autres fontes pour varier les types de narration. La traduction m’a donné l’impression d’être parfois un peu précieuse, un peu littéraire, surtout pour faire parler des trappeurs et des colons. Mais c’est toujours un plaisir de retrouver ce personnage.
Jim