REALISATEUR & SCENARISTE
Edward D. Wood Jr
DISTRIBUTION
Gregory Walcott, Tom Keene, Mona McKinnon, Tor Johnson, Vampira/Maila Nurmi, Bela Lugosi…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction/horreur
Année de production : 1959
Des extra-terrestres sont venus en paix pour prévenir les terriens qu’ils feraient mieux d’arrêter de jouer avec des matières dangereuses. C’est vrai quoi…après la bombe nucléaire, qu’est ce qui pourrait empêcher la Terre de découvrir les secrets de la bombe solaire et de détruire l’univers ?
Mais ils ne sont pas vraiment sympas, les humains. Dès que les soucoupes volantes pénètrent dans l’espace aérien terrestre, les forces armées réagissent de la seule manière qu’elles connaissent : en les bombardant…et ensuite, en étouffant l’affaire.
Pour que la Terre se rende compte une fois pour toute de la présence des aliens, ceux-ci décident d’activer le Plan 9 : la résurrection des morts. Ainsi, la Terre se rendrait compte de leur puissance et écouterait enfin leurs revendications.
Mais le Plan 9 ne va pas vraiment se dérouler sans accrocs…
Ah, Plan 9 from Outer Space…son scénario qui a l’air d’avoir été écrit par un enfant de 7 ans; ses nombreuses erreurs de continuité (champ, il fait jour; contrechamp, il fait nuit); ses acteurs qui n’en ont complètement rien à fiche et qui sont juste là pour encaisser leur maigre chèque (le premier rôle Gregory Walcott et l’actrice Joanna Lee ont longtemps exprimé leurs regrets d’avoir tourné dans le film); la direction artistique inexistante (pour économiser les frais, le même rideau de douche a servi pour le cockpit des pilotes, la maison de l’héroïne et la base des aliens); les images d’archives à gogo (une constante du cinéma d’Ed Wood); l’emploi des dernières scènes tournées par le légendaire Bela Lugosi (Dracula) avant sa mort pour des projets abandonnés de Ed Wood (afin de capitaliser sur son nom et d’attirer financiers et acteurs)…
Tout ou presque a été dit sur cette pelloche balourde qui aurait pu tomber dans l’oubli et qui a obtenu un statut de film culte au début des années 80 lorsqu’elle a été exhumée par le critique Michael Medved pour sa série de livres sur les ratages cinématographiques, dans lesquels elle a été nommée « Plus mauvais film de l’histoire du cinéma ». Par extension, Ed Wood y a obtenu le titre posthume de « plus mauvais réalisateur de l’histoire du cinéma ».
Ed Wood était -il le plus mauvais ? Honnêtement, on peut toujours trouver plus mauvais (c’est ce que je me suis dit après mon effarante découverte du cinoche de Dwain Esper). Mais le bonhomme, qui d’après les différentes histoires qui tournaient autour de lui ne manquait pas d’enthousiasme et de passion (trait de caractère que l’on retrouve dans l’interprétation de Johnny Depp dans la biographie romancée réalisée par Tim Burton), était quand même un sacré tocard, incapable de diriger des comédiens qui partent tous en roue libre (selon une anecdote, l’acteur qui interprète le flic a passé toutes ses scènes en jouant avec son flingue n’importe comment pour voir si Wood allait le remarquer…et cela va sans dire, Ed Wood ne s’en ait jamais rendu compte), incapable d’écrire un scénario qui tienne la route (un truc rapiécé plein de bouts de scènes incohérentes) et des dialogues potables (et dire que le mec a écrit plus de 80 romans dans les années 60…ça fait frissonner).
Ce qui m’a longtemps gêné (et qui me gêne toujours quand même un peu aux entournures), c’est cette utilisation des derniers plans tournés par Bela Lugosi avant sa mort. Sur l’amitié entre Lugosi et Wood, les anecdotes divergent. D’après le fils de Bela Lugosi, Ed Wood a exploité l’image de son père à une époque où il était au plus bas. Selon d’autres intervenants, Wood a aidé Bela Lugosi à régler ses problèmes d’addiction et Lugosi aurait ensuite tourné pour lui par amitié. C’est pour cette raison que l’on retrouve Lugosi au générique de Glen or Glenda (Louis ou Louise en V.F.) et La Fiancée du Monstre.
Lugosi a ensuite accepté d’apparaître dans d’autres projets de Wood. Quelques scènes furent improvisées avant la mort de l’acteur. Ed Wood, qui avait les bobines à disposition, a donc décidé de ne pas les laisser prendre la poussière.
En utilisant une voix-off (celle du prédicateur Criswell, qui ouvre et ferme Plan 9 avec un discours sans queue ni tête), Ed Wood trouva un moyen d’intégrer les plans de Lugosi…et pour les autres apparitions du vampire, il engaga le chiropracteur de sa femme (qui ne ressemblait pas du tout à Lugosi), qui passa tout le reste du film la cape remontée devant le visage. Une astuce qui ne fait pas illusion, cela va sans dire…mais au moins, Ed Wood avait un nom illustre au générique de sa daube intergalactique (en montant une promo puante du genre « Le dernier film de Bela Lugosi, la légende de l’horreur »)…
Je n’ai jamais réussi à mettre Plan 9 from Outer Space dans la catégorie des « films tellement mauvais qu’ils en deviennent comiques »…tout simplement parce qu’il est vraiment trop lourdaud pour être drôle, même à ses dépens. Longuet (et pourtant, il ne dure qu’une heure), répétitif, ridicule, lassant…peut-être pas « le plus mauvais film de l’histoire du cinéma », mais il n’en est pas loin, c’est sûr…